Coup d'éclat pour cette entreprise roubaisienne. OVH a obtenu 140 millions d'euros au titre d'un crédit syndiqué auprès d'un pool de banques (BNP Paribas, Crédit Agricole, HSBC). Pour se faire une idée des montants engagés, d'autres entreprises du net ont aussi atteint des sommets l'an dernier et convaincu des investisseurs l'an dernier, mais cette fois pour des opérations de levées de fonds. La banque d'images Fotolia avait ainsi levé 117 millions d'euros en mai, le site de musique en ligne Deezer 100 millions en octobre, le spécialiste du marketing ciblé Critéo 30 millions en septembre et le réseau social professionnel Viadeo 24 millions d'euros en avril.
OVH à la conquête de l'Amérique
Le but de cet argent frais pour l'hébergeur de sites internet qui se présente comme N°1 en France et en Europe ? Se développer en Amérique du Nord, sur les terres de l'américain GoDaddy ou du canadien PlanetHoster. "Ce crédit syndiqué permet au groupe OVH.com d'assurer ses deux prochaines années de développement en finançant 70 % des investissements à venir en Europe et en Amérique du Nord, le reste étant autofinancé", explique ainsi Nicolas Boyer, directeur financier d'OVH dans un communiqué diffusé le 11 mars.
Du kolkhoze polonais...
Cette importante levée de fonds couronne quatorze ans d'expansion pour cette entreprise familiale créée à Roubaix par Octave Klaba, 38 ans. Et si ce n'est désormais plus une PME puisqu'elle a dépassé début janvier les 600 employés, le "clan" Klaba, d'origine polonaise, y tient toujours les manettes : le père, Henryk, en est le président, Halina, la mère, directrice générale déléguée, et Miroslaw, le frère, chargé de la recherche et du développement. L'histoire familiale, racontée dans de nombreuses interviews, tient du roman. A la chute du mur de Berlin en 1989, le père quitte le kolkhoze où il travaille comme comptable. Il embarque sa tribu dans une Wartburg (l'équivalent de la fameuse Trabant est-allemande). Direction le Nord de la France, où son propre père avait vécu dans les années 1920. Plus tard, Octave, devenu ingénieur et créateur de d'OVH en 1999 (pour "On vous héberge") répètera qu'à l'époque, la famille n'avait en poche que 6.000 francs.
... à l'affaire WikiLeaks
En 2010, coup de projecteur sur l'entreprise roubaisienne. C'est elle qui héberge WikiLeaks, le fameux site de Julian Assange qui a créé un séisme dans les chancelleries en publiant des documents diplomatiques confidentiels. Eric Besson, alors ministre de l'Economie numérique chercha même à obliger l'hébergeur à supprimer le site. Ce dernier a refusé. En décembre de la même année, la justice française lui a donné raison.
Aujourd'hui, la société, implantée dans la "Silicon valley de Roubaix" créée par le fils, compte 15 filiales présentes dans 16 pays, 145.000 serveurs, et vient d'ouvrir à Montréal un "data center" qui doit pouvoir abriter à terme quelque 360.000 serveurs. En France, l'entreprise envisage d'embaucher 150 personnes cette année et veut ouvrir un nouveau data center à Gravelines, dans le Nord. L'histoire continue...
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