Aymeric Barthes, inventeur du "robot désherbeur"

Ingénieur de formation, Aymeric Barthes a créé sa propre entreprise de robotique, consacrée à l'automatisation des tâches les plus ingrates pour les maraîchers et les viticulteurs. Grâce au financement participatif, Naïo Technologies a pu se développer et conquérir les agriculteurs en France. Et bientôt ceux du monde entier ?
(Crédits : DR)

Eherbes à la main : une tâche ingrate et difficile pour les maraîchers, qui pourrait bien disparaître grâce au robot Oz de Naïo Technologies. La startup toulousaine a mis au point deux autres robots autonomes et électriques : Dino pour les légumes, et Ted pour la viticulture. Avant de se lancer dans cette aventure robotique, Aymeric Barthes, cofondateur de Naïo Technologies avec Gaëtan Séverac, a commencé sa carrière professionnelle dans l'informatique.

« J'ai fait mon diplôme d'ingénieur en alternance, en travaillant pour la société Almerys, qui gère les flux des tiers payants pour les professionnels de santé », précise le trentenaire.

Diplômé, il enchaîne avec un CDD de six mois dans l'entreprise qui lui permet d'acquérir une première expérience professionnelle.

« J'ai compris que le développement logiciel n'était pas ma vocation. Je préférais la gestion des données, qu'on appelait à l'époque la Business Intelligence », ajoute l'amateur de rugby.

Il intègre ensuite Artal Technologies, société de services informatiques située près de Toulouse, pour laquelle il réalise différentes missions. Mais l'envie de créer sa propre entreprise démange le jeune ingénieur.

En mai 2010, Gaëtan Séverac, futur cofondateur de Naïo Technologies, se rend à la Fête de l'asperge de Pontonx-sur-l'Adour, et discute avec un producteur qui lui fait part de ses problèmes de désherbage. Passionné de robotique, Gaëtan Séverac commence à nourrir le projet d'un robot pour automatiser ce métier pénible. Début 2011, les deux élèves de l'Institut méditerranéen d'étude et de recherche en informatique et robotique (Imerir) envisagent la création d'une entreprise de robotique.

« Je venais juste de signer mon CDI, j'ai donc travaillé sur le projet parallèlement à mon activité professionnelle », précise Aymeric Barthes, qui décide de se lancer et crée Naïo Technologies en novembre 2011.

Multiples levées de fonds

Son cofondateur, lui, a commencé une thèse sur la communication des robots dans l'espace. De mars 2012 à octobre 2013, le natif de L'Union est donc seul à se consacrer à plein temps au démarrage de la jeune société. L'année 2012 est consacrée aux études de marché et à la réalisation d'un premier prototype, un échec.

« Nous avons trouvé un autre partenaire qui a fabriqué un nouveau robot en trois mois et a accepté un paiement différé », raconte le petit-fils et neveu d'agriculteurs.

Pour financer le développement de ce premier robot, Naïo Technologies se tourne vers le crowdfunding, une pratique qui débute alors en France. La première levée sur le site Ulule en 2013 rapporte 8.000 euros. Plus que prévu, mais insuffisant pour embaucher.

« Pour recueillir 50.000 euros supplémentaires, nous avons envoyé un email à notre réseau d'un millier de contacts. En un mois, nous avons récolté 87.000 euros », évoque le cofondateur de Naïo Technologies, qui peut alors recruter deux développeurs et une assistante administrative, et démarrer la vente des robots Oz (20.000 euros pièce).

L'entreprise réalise une troisième levée de fonds, à la fois sur les plateformes SmartAngels à Paris et Wiseed à Toulouse, et auprès de business angels, qui lui rapporte 730.000 euros. Cet argent permet à la startup agtech de mettre au point deux nouveaux robots : Dino pour les gros maraîchers, et Ted pour les viticulteurs, pour un prix d'environ 80 000 euros chacun selon les modèles.

Fin 2015, nouvelle levée, de 2 millions d'euros, auprès des fonds d'investissement Demeter Ventures et CapAgro, pour continuer le développement des trois robots. Naïo Technologies commence à commercialiser son robot Oz et assure le service après-vente, jusqu'à aller finir le désherbage à la main quand le robot n'a pas enlevé toutes les mauvaises herbes. En 2014, Naïo Technologies vend sept robots Oz : 15 en 2015, 21 en 2016 et 33 en 2017.

Un succès grandissant

La startup emploie aujourd'hui une trentaine de personnes, dont un tiers pour la R & D, un tiers pour l'aspect commercial et SAV, et un tiers sur la fonction support.

Naïo Technologies est membre de La Ferme digitale, une association de start-ups qui a pour objectif de « promouvoir l'innovation et le numérique pour une agriculture performante et durable ».

« Nous venons de lancer le robot Ted pour le secteur viticole, et nous allons désormais nous consacrer au changement d'échelle, notamment à l'international, en commençant par l'Europe, mais aussi la Californie et le Japon », décrit Aymeric Barthes, qui prévoit une rentabilité en 2020.

Moqués au départ par des agriculteurs sceptiques, les robots désherbeurs ont depuis conquis la profession en France, en attendant de séduire les agriculteurs du monde entier.

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  • Juillet 1987 Naissance à L'Union (Haute-Garonne).
  • 2005 Bac technologique.
  • 2007 DUT génie électrotechnique.
  • 2010 Diplôme d'ingénieur en robotique à l'Imerir, en alternance chez Almerys.
  • 2010-2012 CDI chez Artal Technologies.
  • Début 2011 Projet d'une entreprise de robotique avec Gaëtan Séverac, rencontré à l'Imerir.
  • Novembre 2011 Création de Naïo Technologies.
  • 2013 Premier robot et opérations de crowdfunding.
  • 2014 Début de la commercialisation du robot Oz.
  • Fin 2015 Levée de fonds de 2 M d'euros.
  • 2016 21 robots Oz vendus.
  • 2017 33 Oz, 10 Dino et 1 Ted commercialisés.
  • Fin 2017 Nouvelle levée de fonds, de 2 M d'euros.
  • 2018 Lancement du robot Ted et expansion internationale.

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Commentaires 4
à écrit le 01/04/2018 à 10:23
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Bon article, mes félicitations et encouragements pour la suite ! PS: cependant, une faute est présente dans l'article : l'alternance EST une première expérience professionnelle !

à écrit le 11/03/2018 à 18:42
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Magnifique projet qui porte haut le renouveau de l'agriculture française. Ne lâchez rien, le Monde est à conquérir ! Et bientôt Mars pour d'autres missions !! Qui sait !? ;-)

à écrit le 11/03/2018 à 11:18
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Il fait le maillot ?

à écrit le 10/03/2018 à 19:47
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Une bonne nouvelle, un secteur auquel on souhaite le plus de prospérité possible, tenez-bon.

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