Les Rennais d'Agriloops préparent l’industrialisation de la production de gambas locales et sans antibiotiques

Spécialisée dans l’aquaponie en milieu salé, la startup rennaise Agriloops déploiera son modèle industriel à partir de 2023. L’installation cet automne de sa première ferme baptisée "Mangrove#1" lui permettra de produire localement, en circuit fermé, plusieurs dizaines de tonnes de gambas chaque année ainsi que des tomates cerises et du mesclun. Le projet vient de réunir trois millions d’euros d’aides publiques.
Mangrove#1, le futur démonstrateur d'Agriloops, permettra de produire localement, en circuit fermé et totalement contrôlé, vingt-cinq tonnes de gambas ultra fraîches et sans antibiotiques chaque année ainsi que soixante tonnes de fruits et légumes.
Mangrove#1, le futur démonstrateur d'Agriloops, permettra de produire localement, en circuit fermé et totalement contrôlé, vingt-cinq tonnes de gambas ultra fraîches et sans antibiotiques chaque année ainsi que soixante tonnes de fruits et légumes. (Crédits : Agriloops)

Des gambas françaises ultra-fraîches, non congelées et élevées dans une démarche durable, des tomates cerises plus sucrées et chargées en vitamine C, du mesclun au goût original : la petite production locale mise en place par Agriloops est déjà commercialisée en circuit court chez quelques restaurateurs bretons et grossistes alimentaires comme la table du Château d'Apigné près de Rennes et le groupe Pomona.

A la fin de l'été, la startup rennaise, pionnière de l'aquaponie en milieu salé selon une méthode qui associe aquaculture marine et maraîchage, enclenchera le passage à une phase industrielle et le lancement d'une production éco-responsable à plus grande échelle.

La première pierre de son démonstrateur industriel baptisé Mangrove#1 sera posée après l'été à Bréal-sous-Montfort, en périphérie de Rennes.

Après plus de deux ans de tests sein d'une ferme pilote installée à Rennes, l'entreprise fondée par les ingénieurs agronomes Jérémie Cognard et Romain Vandame, a validé son modèle d'un point de vue biologique, technologique et commercial.

Soutenu par Bpifrance et le plan France Relance, le projet va bénéficier d'environ trois millions d'euros de financements publics. En parallèle, l'entreprise devrait clore avant la fin de l'été une augmentation de capital de l'ordre de plusieurs millions d'euros, près de quatre ans après une première levée de fonds de 1,4 million d'euros.

Réseau de fermes aquacoles et technologie sous franchise

« L'aquaponie en milieu salé représente une technologie de rupture. Mangrove#1 permettra de produire localement, en circuit fermé et totalement contrôlé, plusieurs dizaines de tonnes de gambas chaque année ainsi que des fruits et légumes. Au lieu de la centaine de tonnes produite aujourd'hui dans notre ferme pilote, l'objectif est d'atteindre 25 tonnes de gambas et 60 tonnes de fruits et légumes courant 2023 » prévoit Jérémie Cognard, directeur général d'Agriloops.

D'ordinaire réalisée en eau douce, l'aquaponie n'utilise qu'un seul intrant biologique et transforme les effluents des gambas en fertilisants pour co-produire des fruits et des légumes possédant des qualités nutritives et gustatives supérieures.

À terme, l'ambition d'Agriloops est de mettre en place un réseau de fermes en France et en Europe, et de proposer son modèle technologique sous franchise à différents acteurs, groupes industriels du secteur de la crevette mais aussi éleveurs ou agriculteurs souhaitant se diversifier.

Une production maîtrisée sur toute la chaîne

Mangrove#1 marque l'étape industrielle par laquelle Agriloops entend révolutionner le marché des gambas, voire dans un avenir proche, celui d'autres espèces marines.

« En France, le marché de la gambas représente plus de 100.000 tonnes par an, qui proviennent en majorité d'Amérique centrale et d'Asie du Sud Est. Or la production de la crevette tropicale est la cause numéro 1 de la déforestation du puits de carbone que représente la mangrove. L'enjeu écologique d'une relocalisation de la production n'est pas négligeable. Il y a un marché et un vrai intérêt de nos clients pour la production éco-circulaire » assure Jérémie Cognard.

Dès 2023, les crevettes d'Agriloops, dont les juvéniles proviennent d'écloseries en Europe et aux États-Unis, devraient davantage diversifier les stocks des acteurs du circuit-court, restaurateurs, grossistes ou poissonniers.

Dépôt imminent des premiers brevets

D'abord hébergée à l'incubateur technique d'AgroParisTech, où la preuve de concept en milieu salé a été validée en septembre 2017, puis incubée chez Agoranov à Paris, Agriloops s'est installée sur l'Agrocampus Ouest de Rennes fin 2017.

Depuis, la startup a reçu le soutien d'acteurs de l'AgTech comme Antoine Hubert et Alexis Angot co-fondateurs d'Ÿnsect (élevage d'insectes et transformation en ingrédients pour animaux) et d'investisseurs tels que BNP Paribas Développement, Sowefund, OGHI et le fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP).

La subvention d'un million d'euros accordée par le plan France Relance va venir financer différents équipements de production. L'aide DeepTech de deux millions d'euros issus de Bpifrance permettra à Agriloops de poursuivre sa R&D, de recruter et de développer différentes briques technologiques liées au monitoring et à l'automatisme.

« Ces aides s'inscrivent dans le double objectif de Mangrove#1 qui est de produire plus pour répondre à la demande et de construire un outil R&D encore plus performant. Nous travaillons sur le dépôt des premiers brevets » ajoute le dirigeant de l'entreprise, qui compte onze salariés.

Anticipant une croissance significative à partir de 2024, Agriloops compte bien participer au modèle alimentaire de demain.

Lire aussi 1 mn« Il faut favoriser les circuits courts », Jean-Jacques Arribe

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Commentaires 2
à écrit le 17/03/2022 à 13:42
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à écrit le 15/03/2022 à 9:24
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