C'est l'un des maux du siècle. Avec le vieillissement de la population, la prévalence des maladies dites neurodégénératives est appelée à augmenter dans des proportions préoccupantes. La bonne nouvelle est qu'il est possible de les prévenir. Si aucun traitement médicamenteux n'a fait ses preuves, on sait aujourd'hui retarder -voire empêcher- l'apparition des symptômes par des stimulations physiques ou intellectuelles (apprentissage d'une langue, marche à pied, méditation...) à condition que celles-ci soient prescrites à un stade précoce. Problème, ces pathologies connues pour évoluer souterrainement sont généralement diagnostiquées à un stade trop avancé.
C'est à cet enjeu que répond la solution de dépistage digitale mise au point sous le nom d'Overcome par la startup Hometrix Health à partir des travaux du laboratoire de neurosciences Comete de l'université de Caen qui a fait de la détection précoce son sujet de recherche. Soutenue par le pôle de compétitivité numérique normand TES, la jeune pousse a implémenté dans une application une batterie d'exercices ludiques conçus par le laboratoire à destination des plus de 65 ans : tests chronométrés, exercices de mémoire, d'attention, de réactivité, de locomotion....
« Nous avons compilé tous les tests neuropsychologiques disponibles dans la littérature scientifique de façon à repérer des marqueurs précoces d'Alzheimer, de Parkinson et d'autres maladies apparentées », détaille Leslie Decker, maitresse de conférence au Comete. Objectif : identifier les profils à risques avant l'apparition des premiers symptômes cliniques pour déclencher d'une prise en charge anticipée.
Prédire pour mieux prévenir
Depuis la fin octobre, l'application est éprouvée, dans le Perche, grâce à un partenariat avec Amaelles (ex UNA) : premier collectif français d'aides à domicile. Munies d'une tablette, une douzaine de salariées ont déjà soumis l'application à une cohorte de volontaires qu'elles suivent régulièrement. Les premières conclusions sont positives pour Aurélie Bloc, ergothérapeute et responsable de la prévention. « L'expérience a permis de vérifier que cet outil pouvait être utilisé en routine par les aides à domicile dans l'idée qu'elles deviennent, à terme, des lanceuses d'alerte ».
Une approche défendue par Antonin Folliasson, fondateur de Hometrix Health. « S'appuyer sur des aidants professionnels présente un double intérêt. C'est une reconnaissance pour ces salariés de première ligne et un moyen de toucher des personnes à risques qui échappent aux radars ».
Les données qui continuent d'être recueillies par les salariées d'Amaelles vont maintenant être croisées avec d'autres informations médicales pour affiner les modèles prédictifs grâce à l'intelligence artificielle. Restera ensuite à déployer l'expérience à plus grande échelle. « On a apporté la preuve du concept. Il faut maintenant élargir la collecte de données à un plus grand nombre de personnes pour perfectionner l'application », résume Leslie Decker.
Si le projet parvient à trouver les financements ad hoc, Overcome pourrait devenir un outil précieux pour la communauté des soignants et celle des aidants. L'enjeu n'est pas mince. Rappelons qu'en France plus d'un million de personnes souffrent déjà d'une maladie neuro-évolutive. Alzheimer représente plus de 70% des cas. « D'ici 2050, si rien n'est fait, cette maladie touchera près de 10% des plus de 65 ans et 6,2% de la population active », rappelle Antonin Folliasson. Un chiffre qui valide l'urgence d'un dépistage précoce.
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