WhatsApp veut partager plus de données avec Facebook... et c'est son concurrent Signal qui en profite

La célèbre application de messagerie Whatsapp était sous le feu des critiques jeudi pour avoir demandé à ses quelque deux milliards d'utilisateurs d'accepter de nouvelles conditions d'utilisation, lui permettant de partager plus de données avec sa maison-mère Facebook. Mais de nombreux utilisateurs sont scandalisés, si bien que son concurrent, la messagerie chiffrée Signal, croule sous les nouvelles inscriptions.
Les utilisateurs ont jusqu'au 8 février pour accepter les nouvelles conditions, sinon ils ne pourront plus utiliser l'application.
Les utilisateurs ont jusqu'au 8 février pour accepter les nouvelles conditions, sinon ils ne pourront plus utiliser l'application. (Crédits : Dado Ruvic)

Tempête pour WhatsApp, la célèbre application de messagerie appartenant au groupe Facebook. Jeudi, les quelques deux milliards d'utilisateurs se sont vus proposer d'accepter de nouvelles conditions d'utilisation, qui donnent à WhatsApp la possibilité de partager davantage de données avec sa maison-mère. Ce qui constitue pour certains utilisateurs le franchissement d'une ligne rouge, puisque Facebook s'était engagé, lors du rachat de l'application en février 2014 pour 22 milliards de dollars, de conserver ce qui faisait son succès, à savoir le chiffrement de bout en bout de ses messages et l'absence de publicités. Les utilisateurs ont jusqu'au 8 février pour accepter les nouvelles conditions, sinon ils ne pourront plus utiliser l'application.

"Les mises à jour des politiques de confidentialité sont courantes dans l'industrie et nous apportons aux utilisateurs toutes les informations nécessaires pour vérifier les changements qui prendront effet le 8 février", a indiqué un porte-parole du groupe dans une déclaration transmise à l'AFP.

Lire aussi : Comment Facebook veut rentabiliser WhatsApp

Monétiser WhatsApp, la tentation de Mark Zuckerberg

Avec 2 milliards d'utilisateurs actifs par mois, WhatsApp est certes moins populaire que Facebook (2,8 milliards) mais tout autant qu'Instagram et davantage que Messenger. Grâce à l'exploitation des données au service de la publicité ciblée, Facebook et Instagram sont les vaches à lait du groupe, tandis que Messenger s'est déjà ouvert aux marques et contribue lui aussi au modèle économique. Reste donc WhatsApp, dont le principe de base -sécurité et confidentialité des échanges- est incompatible avec le business model de Facebook. Mais Mark Zuckerberg, qui l'a rachetée surtout pour neutraliser la concurrence, cherche depuis des années à monétiser WhatsApp, et franchit progressivement le pas.

Depuis l'an dernier, le groupe cherche à permettre aux annonceurs de contacter leurs clients via WhatsApp, voire d'y vendre directement leurs produits, comme c'est déjà le cas en Inde. Selon l'entreprise, les données qui pourront être partagées entre WhatsApp et l'écosystème d'applications de Facebook (dont Instagram et Messenger) comprennent les contacts et les informations du profil, à l'exception du contenu des messages qui restent chiffrés.

Lire aussi : Concurrence : Facebook va-t-il devoir vendre WhatsApp et Instagram ?

L'Europe se penche sur la légalité de cette décision

A noter que les nouvelles conditions diffèrent entre l'Union européenne et le reste du monde. Dans le cas de l'UE et du Royaume-Uni, elles ne seront utilisées que pour développer les fonctionnalités offertes aux comptes professionnels WhatsApp Business, a expliqué l'entreprise à l'AFP. "WhatsApp ne partage pas les données de ses utilisateurs en Europe avec Facebook dans le but que Facebook les utilise pour améliorer ses produits ou ses publicités", a assuré un porte-parole de la messagerie.

"Si la seule façon de refuser (cette modification), c'est d'arrêter d'utiliser WhatsApp, alors le consentement est forcé et les traitements de données personnelles sont illégaux", a dénoncé auprès de l'AFP Arthur Messaud, juriste pour l'association de défense des internautes La Quadrature du net.

Interrogée par l'AFP, la Commission nationale Informatique et Libertés (Cnil), régulateur français de l'internet, a rappelé que le rachat de WhatsApp par Facebook pour 22 milliards de dollars en 2014, et notamment les conditions de transfert des données, était en cours d'examen au niveau européen. "Ce dossier devrait trouver une issue en 2021" selon la Cnil.

Questionnés jeudi sur le sujet, des porte-paroles de la Commission européenne ont rappelé que Facebook avait été condamné en 2017 à une amende de 110 millions d'euros pour avoir fourni des renseignements inexacts pendant l'enquête de l'UE sur son rachat de l'application mobile WhatsApp.

Lire aussi : Rachat de WhatsApp : Bruxelles inflige 110 millions d'euros d'amende à Facebook

Signal, grand gagnant de la polémique

Sur Twitter, nombre d'utilisateurs s'alarmaient jeudi d'avoir donné leur consentement sans avoir lu en détail les changements induits. Le remuant patron de Tesla Elon Musk suggérait dans un tweet d'utiliser l'application concurrente Signal. Et visiblement, il a été écouté, puisque l'application concurrente, basée également sur le chiffrement de bout en bout des communications, s'est dite débordée par l'afflux de nouvelles inscriptions.

[L'envoi des codes de vérification d'identité est actuellement retardé chez plusieurs opérateurs parce que tellement de nouvelles personnes tentent de s'inscrire sur Signal en ce moment (nous pouvons à peine contenir notre excitation). Nous travaillons avec les opérateurs pour résoudre ceci le plus vite possible. Tenez bon].

Facebook est depuis des mois comme les autres "Gafa" (Google, Apple, Amazon) dans le viseur des autorités européennes et américaines qui reprochent à ces conglomérats du nouveau millénaire des pratiques jugées anticoncurrentielles. Tandis que les Européens planchent sur une nouvelle réglementation potentiellement très contraignante sur le sujet, la justice américaine avait validé au printemps une amende de 5 milliards de dollars infligée à Facebook pour ne pas avoir su protéger les données personnelles.

Lire aussi : Facebook va baser à Londres son système de paiements sur WhatsApp

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Commentaires 2
à écrit le 08/01/2021 à 15:55
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Parce que les états font de la mauvaise publicité à ces données qui en réalité sont sans intérêt comme le temps que l'on passe sur tel site ou bien ce qu'on y achète en combien de temps et-c... nos comportements de consommateurs étant totalement dénu...

le 09/01/2021 à 19:20
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@ multipseudos: Je comprends bien que tu fasses dans le trollage court mes regarder, malgré tes deux commentaires tu ne prends aucun volume, tu es à peine visible, non franchement écrit plus, comme je viens juste de te le dire car visiblement t'as ri...

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