La justice américaine enquête sur le "Street View" de Google

Le service de cartographie Street View de Google pose problème au ministère de la Justice du Connecticut (nord-est des Etats-Unis). Une enquête est ouverte.

Le service de cartographie Street View de Google enfreint-il le droit des citoyens à la vie privée? C'est la question à laquelle le ministère de la Justice du Connecticut (nord-est des Etats-Unis) a décidé de répondre en ouvrant une enquête.

Dans un communiqué publié ce mardi matin, le ministre de la Justice du Connecticut, Richard Blumenthal souligne "l'invasion très préoccupante" de Google dans la vie privée des gens et a précisé que les investigations couvriront plusieurs Etats. Et pour cause, en filmant les rues des grandes villes du monde, Street View permet aux internautes de se promener virtuellement dans chacune d'entre elles. Elle photographie et filme également des propriétés privées et des personnes à leur insue.

Mais le déclencheur provient des révélations du géant américain dévoilées le 14 mai dernier. Ses véhicules Street View, qui sillonnent les villes, ont enregistré "par erreur" non seulement des photographies, mais aussi des communications issues de réseaux WiFi non sécurisés. Autrement dit, Google a pu capter par ce biais les pages internet consultées depuis cette borne, le contenu des messages échangés ou encore les identifiants et mots de passe saisis.

De multiples questions en suspens

Or, il va devoir s'expliquer sur le moment et la façon dont il a appris que ses véhicules captaient ces données et pourquoi ils étaient capables de les enregistrer. Tout en reconnaissant son erreur d'inclure dans son logiciel un code collectant les données personnelles (payload), Google estime n'avoir enfreint aucune loi américaine. "Nous travaillons avec les autorités compétentes pour répondre à leurs questions et à leurs préoccupations" a réagi un porte parole du groupe interrogé par l'Agence France Presse.

Mais Richard Blumenthal est ferme. Street View "ne peut pas (...) envahir les réseaux informatiques au domicile ou au bureau et y aspirer des informations et des communications personnelles." Il défend le droit des personnes à savoir ce que Street View a enregistré, comment et pourquoi et enjoint Google de communiquer sur les garde-fous qu'il entend mettre en place pour résoudre le problème. "Tout en espérant que Google continue à coopérer, sa réponse jusqu'à présent soulève autant de question qu'elle en résout", affirme le ministre. "Notre enquête consistera à déterminer si des lois ont été enfreintes et si des changements de la législation fédérale et au niveau de l'Etat sont nécessaires."

Mais avant même que Google n'avoue son erreur, son service avait déjà suscité la controverse. D'autres pays comme l'Allemagne sont déjà montés au créneau. Depuis l'histoire des communications non sécurisées captées par Google, la France a également réagi par le biais de la Cnil, la commission nationale informatique et libertés. Le 17 juin dernier, elle a mis en demeure Google de lui communiquer d'ici le 24 juin, l'ensemble des données recueillies en France par les véhicules "Street View", à partir des bornes Wi-Fi.

Lancé en 2007 aux Etats-Unis, Street View existe au Canada, en Australie et dans bien des pays d'Europe dont la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, ou encore en Scandinavie. Partout, le programme floute automatiquement les visages et les plaques d'immatriculation.

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