Le New York Times durcit les règles de son modèle payant sur Internet

Un an après son lancement, l'offre payante du site du grand quotidien new-yorkais compte plus de 450.000 abonnés. Un succès qui inspire de nombreux quotidiens alors que les recettes de la presse papier ont fortement chuté.
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Un an après le lancement d'un modèle économique hybride sur son site Internet, le "New York Times" se satisfait du succès rencontré. Le grand quotidien new-yorkais va pourtant en durcir les règles. A compter du 1er avril, le nombre d'articles consultables gratuitement va ainsi être ramené à dix. Il était jusqu'à maintenant fixé à 20. Au-delà de cette limite, les lecteurs les plus assidus doivent souscrire un abonnement mensuel allant de 15 à 35 dollars. Ils sont désormais 454.000 abonnés numériques. Un chiffre qui ne cesse de progresser : fin 2011, ils n'étaient que 390.000. L'accès aux articles par l'intermédiaire des blogs et des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter restera en revanche gratuit, même si l'internaute a dépassé son quota de 20 articles par mois. Un accès gratuit et limité est toujours également en vigueur via "certains moteurs de recherche", dont l'identité n'a pas jamais été communiquée.

"Aujourd'hui, près d'un demi-million de personnes paient pour accéder à nos contenus numériques", se félicite le patron du groupe, Arthur Sulzberger. "Nous savions que les lecteurs accordaient une valeur importante à notre journalisme et nous avions anticipé qu'ils réagiraient positivement à nos abonnements numériques payants". Reste que cette offre numérique ne rapporte pas suffisamment pour compenser la baisse des recettes tirées de la presse papier (-6,1% notamment pour la publicité en 2011). L'an passé, le groupe a accusé un repli de 3% de son chiffre d'affaires.

Une question de survie

Dans le sillage du "New York Times", de nombreux journaux ont opté pour la mise en place d'un accès payant ("paywall") sur leur site Internet. Le plus souvent en conservant le même modèle "freemium" incluant la consultation gratuite d'un nombre défini d'articles. Le mois dernier, Gannett, le premier groupe de presse américain, avait indiqué que les sites de ses 80 journaux locaux et régionaux deviendraient payants avant la fin de l'année. Celui d'"USA Today", deuxième quotidien américain en termes de diffusion derrière le "Wall Street Journal", n'est pas concerné. Quelques jours plus tard, le "Los Angeles Times", troisième site de média le plus consulté aux Etats-Unis, annonçait une offre semblable.

"Jusqu'à 100 journaux devraient rejoindre cette année les 150 publications qui ont déjà lancé un modèle d'abonnement numérique", estime le Pew Research Center dans son dernier baromètre annuel sur les médias américains. "Longtemps anticipée et repoussée, cette dynamique est en partie influencée par le succès du modèle du 'New York Times', qui ne s'est quasiment pas traduit par une perte d'audience. Le timing reflète aussi un dure réalité: de nombreux journaux ont perdu une grand partie de leurs recettes publicitaires et ils pourraient ne pas survivre sans revenus tirés des abonnements numériques." Selon l'association des journaux américains (NAA), les revenus du secteur tirés de la publicité sont en recul depuis 20 trimestres consécutifs et pourraient n'atteindre que 25 milliards de dollars cette année, soit deux fois moins qu'en 2005.

Une édition papier seulement le dimanche ?

Mais le succès des "paywalls" est encore incertain. "Ses revenus ne compenseront pas la baisse des recettes publicitaires", reconnaissait en décembre Jeremy Halbreich, patron du "Chicago Sun-Times", en annonçant le passage au payant de son site. "Ils fonctionnent pour les marques fortes, estime John Paton, patron de MediaNews, qui a lancé en août un test sur 23 de ses sites. Chez nous, ils ne génèrent pas beaucoup de revenus". Mais plus que des revenus, "cette stratégie doit permettre de limiter l'érosion des ventes papier en redonnant de la valeur à nos contenus", explique Mike Abernathy, patron du groupe LCNI, qui publie une trentaine de quotidiens locaux.

Si l'année 2012 devrait être positive, avec les élections de novembre et les Jeux olympiques d'été, le Pew Research Center ne se montre pas vraiment optimiste. "Sur les cinq dernières années, une moyenne de 15 journaux ont disparu par an, soit seulement 1% du secteur. Mais un nombre croissant de dirigeants prédisent que, dans cinq ans, de nombreux journaux ne proposeront plus un journal papier distribué à domicile que le dimanche et peut-être le ou les deux autres jours de la semaine qui recueillent le plus de recettes publicitaires."

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