Poutine, Wikileaks, trolls… Ce qu'il faut retenir du piratage russe aux Etats-Unis

Par Anaïs Cherif  |   |  604  mots
Le président russe Vladimir Poutine aurait commandé "une campagne d'influence" pour interférer le processus électoral américain selon le FBI, la CIA et la NSA.
Alors que la Russie regrette ce lundi une "chasse aux sorcières", retour sur la "campagne russe multi-facettes" menée pendant l'élection présidentielle américaine selon le FBI, la CIA et la NSA.

"Chasse aux sorcières"... En réutilisant une expression employée par Donald Trump la semaine dernière, Moscou accueille fraîchement le rapport conjoint des agences de renseignements américains (pdf), commandé par le président sortant Barack Obama et rendu partiellement public vendredi. Le FBI, la CIA et la NSA y racontent les "efforts russes" pour influencer l'élection présidentielle américaine de 2016. "Nous commençons à nous lasser sérieusement de ces accusations", a déclaré ce lundi Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, en démentant l'implication de la Russie.

D'après le rapport américain, la Russie entendait "détruire la foi dans la démocratie américaine, dénigrer la candidate démocrate Hillary Clinton et nuire à sa prochaine présidence" en cas de victoire. Retour sur la "campagne russe multi-facettes" dénoncée par les services de renseignements américains.

■ L'implication de Vladimir Poutine confirmée

Déjà évoquée par voie de presse mi-décembre, l'implication du président russe est affirmée à plusieurs reprises dans le rapport. Vladimir Poutine aurait commandé "une campagne d'influence" pour interférer avec le processus électoral américain. En cause : la divulgation des Panama Papers et le scandale de dopage pour les JO auraient été perçus par Vladimir Poutine comme "efforts dirigés par les Etats-Unis pour diffamer la Russie", selon le rapport.

Deuxième motivation pour le président russe : s'en prendre à Hillary Clinton, alors qu'elle avait soutenu les manifestations pour contester les résultats des élections législatives. Vladimir Poutine aurait interprété son soutien comme "dénigrant", selon le rapport. Les services russes auraient eu accès aux réseaux du Comité national démocrate (DNC) en juillet 2015 et "au moins" jusque juin 2016.

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■ Une collaboration "active" entre RT et Wikileaks

Le rapport assure que l'agence de renseignement militaire russe (GRU) a "relayé les informations acquises de la DNC et de hauts fonctionnaires démocrates grâce à Wikileaks". D'après les services américains, "Moscou a très probablement choisi Wikileaks en raison de sa réputation autoproclamée d'authenticité".

Le FBI, la CIA et la NSA soulignent une "collaboration active" entre Wikileaks et RT (auparavant Russia Today), chaîne de télévision financée par l'Etat russe, ayant publiés des articles "constamment négatifs" sur la candidate démocrate. Alors que plus de 6 pages sur 26 sont consacrées à RT, la rédactrice en chef Margarita Simonyan a qualifié le rapport de "comédie de l'année", rapporte ce lundi le Wall Street Journal. Dans une interview accordée dimanche à ABC News, Barack Obama a reconnu : "Je pense avoir sous-estimé la manière dont, dans cette nouvelle ère d'information, il est possible pour la désinformation, les attaques informatiques et ce genre de choses d'avoir un impact sur nos sociétés ouvertes, pour s'insinuer dans nos pratiques démocratiques."

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■ Un"réseau quasiment étatique de trolls"

La Russie aurait eu recours à un "réseau quasiment étatique de trolls", assure le rapport. Objectif : "Amplifier des histoires sur des scandales au sujet de Clinton et le rôle de Wikileaks dans la campagne électorale." En cas de victoire de la candidate démocrate, des bloggers pro-kremlin avait préparé une campagne Twitter anti-Clinton avec le hashtag #DemocracyRIP.

Les services américains précisent ne pas avoir "évalué l'impact des activités russes sur les résultats de l'élection de 2016". Ils promettent de nouvelles informations d'ici l'investiture de Donald Trump, le 20 janvier.