Sponsors cyclistes : vers un effet domino après le départ de Rabobank ?

Alors que Lance Armstrong a été lâché par trois sponsors cette semaine, après s'être fait épinglé par l'Agence américaine antidopage, la banque néerlandaise a décidé de ne plus financer d'équipes professionnelles. Ce départ va-t-il inciter d'autres sponsors à quitter le navire? La Tribune fait le point.
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A première vue, le petit monde du cyclisme semble payer au prix fort les déboires de Lance Armstrong. Vendredi, Rabobank, qui sponsorisait des équipes cyclistes professionnelles depuis 17 ans, a décidé de jeter l'éponge. Dans un communiqué, la banque néerlandaise, pourtant habituée des routes du Tour de France, tire à boulets rouges sur son ancien porte-drapeau commercial. "Nous ne sommes plus convaincus que le cyclisme professionnel international est en mesure de faire du cyclisme un sport propre et juste", argue Bert Bruggink, membre du conseil d'administration. Lequel en remet une couche, jugeant que "pour la banque, c'est une décision inévitable".

Inévitablement, la décision de Rabobank peut apparaître comme la conséquence de l'affaire Armstrong. Epinglé par un rapport accablant de l'Agence américaine antidopage la semaine dernière, le sextuple vainqueur de la grande boucle a été lâché coup sur coup par ses plus gros partenaires : Nike, le brasseur Anheuser-Busch, puis le fabricant de cycles Trek. Les déboires d'Armstrong vont-ils faire effet boule de neige, avec d'autres désistements à venir?

"Une logique de renforcement"

Pas sûr. Certainement pas, même, pour Thierry Huguenin, responsable du sponsoring à la Française des jeux, qui soutient son équipe pour la 16eme saison consécutive. "Nous sommes dans une logique de croissance et de renforcement", lâche-t-il. Sachant qu'au total, l'investissement de la FDJ dans l'équipe pro avoisine les 8 millions par an. "Il est trop tôt pour mesurer l'impact de la décision de Rabobank, poursuit-il. Mais nous, nous croyons en nos valeurs, nous avons d'ailleurs été l'initiateur d'une charte de lutte contre le dopage dès 1998, dans la foulée de l'affaire Festina." Surtout, Thierry Huguenin rappelle les avantages promotionnels du cyclisme : "le 'naming' [qui permet à une société de donner son nom à une équipe, Ndlr] demeure quelque chose de très fort. Par ailleurs, le vélo, contrairement au football par exemple, n'est associé à aucune ville ou zone géographique. Enfin, le deux roues est dans l'air du temps, notamment avec le développement des vélos en libre service..." Autant d'arguments de choix qui, d'après lui, continueront d'attirer des sociétés.

Son de cloche similaire chez Sojasun, qui sponsorise l'équipe bretonne du même nom depuis 2009. Responsable marketing et communication de Triballat-Noyal - qui commercialise les produits estampillés bio et "bien être" de Sojasun -, Gwenaëlle Le Garrec ne s'inquiète pas outre mesure des conséquences de l'affaire Armstrong. "L'équipe repose sur des valeurs qui nous correspondent", argue-t-elle.

Une différenciation entre sponsors et équipes


De manière générale, les spécialistes du vélo ne croient pas à des désistements en cascade. Co-fondateur de l'agence spécialisée dans le sponsoring Sportlabgroup, Gilles Dumas ne croît pas à un effet domino après le désistement de Rabobank. "Le vélo reste un outil de communication très efficace", argue-t-il. Et ce, sachant que "le grand public comme les fans de cyclisme font bien la différence entre les sponsors et leurs équipes" lorsqu'une affaire de dopage éclate au grand jour.

Dans une étude publiée en mars dernier, il affirme que "quatre des dix sponsors les plus mémorisés en 2011 le sont pour leurs investissement dans le cyclisme". A l'en croire, le cyclisme pro a donc de beaux jours devant lui.

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