Rachat de Tele2 : Deutsche Telekom veut convaincre Bruxelles

En décembre dernier, géant allemand des télécoms a conclu un accord avec le suédois Tele2 pour mettre la main sur sa filiale néerlandaise Tele2 Netherlands. Son objectif: la fusionner avec T-Mobile Netherlands, son propre opérateur dans ce pays. Mais il peine, pour l'heure, à décrocher le feu vert de l'Union européenne.
Pierre Manière
L'opérateur historique allemand sait que le risque d'un veto est élevé. La Commission avait interdit, en 2015, la fusion des opérateurs TeliaSonera et Telenor au Danemark.
L'opérateur historique allemand sait que le risque d'un veto est élevé. La Commission avait interdit, en 2015, la fusion des opérateurs TeliaSonera et Telenor au Danemark. (Crédits : Yves Herman)

Pas simple de convaincre Bruxelles. Dans les télécoms européennes, les projets de consolidation des marchés nationaux suscitent toujours la méfiance de la Commission, qui craint que cela nuise à la concurrence. Et, qu'in fine, que ce soit le consommateur qui paye la note. Aux Pays-Bas, le deal entre Deutsche Telekom et Tele2 ne fait pas exception. En décembre dernier, l'opérateur historique allemand a annoncé le rachat de Tele2 Netherlands, la filiale néerlandaise de son homologue suédois, pour la fusionner avec son antenne locale, T-Mobile Netherlands. Mais en juin dernier, Bruxelles a décidé d'enquêter sur cette opération. Sa crainte? Que ce deal, qui réduira le nombre d'opérateurs aux Pays-Bas de quatre à trois ne plombe la concurrence.

"Nous lançons cette enquête approfondie afin de nous assurer que l'opération envisagée entre T-Mobile et Tele2 ne donnera pas lieu, sur le marché des services mobiles, à une hausse des prix, ou à une réduction du choix au détriment des consommateurs néerlandais", a précisé Margrethe Vestager, l'intransigeante commissaire en charge de la concurrence.

Deutsche Telekom fustige le duopole KPN-Ziggo

De son côté, Deutsche Telekom a souligné d'emblée que sa filiale et celle de Tele2 n'était "que" numéros trois et quatre sur le marché néerlandais. Et ainsi, que cette opération permettrait, au contraire, de redynamiser la concurrence face aux leaders du secteur. À savoir l'opérateur historique KPN et Ziggo, propriété de Vodafone et de Liberty Global. Un tandem souvent qualifié, par Deutsche Telekom, de "duopole", afin d'assurer que son deal permettra, en clair, un rééquilibrage des forces. Sachant qu'à eux deux, T-Mobile et Tele2 représentent environ 7% du marché de l'Internet fixe, et 23% de celui du mobile.

Pour convaincre la Commission européenne de valider l'opération, Deutsche Telekom va lui proposer des "concessions", précise Reuters ce lundi, citant une source proche du dossier. "Les opérateurs proposent généralement un accès à leur réseau ou des contrats de licence à leurs concurrents dans l'espoir d'obtenir le feu vert des autorités de la concurrence à des acquisitions", précise l'agence économique.

Un risque de veto élevé

L'opérateur historique allemand sait que le risque d'un veto est élevé. Pour rappel, la Commission avait interdit, en 2015, la fusion des opérateurs TeliaSonera et Telenor au Danemark. Rebelote un an après, avec le blocage du projet de fusion des trois filiales britanniques de CK Hutchinson Holdings avec O2 UK, la filiale britannique de Telefonica. Dans le dossier néerlandais, la Commission européenne doit rendre sa décision au plus tard le 30 novembre prochain. Mais elle pourrait, au besoin, prendre plus de temps pour étudier les concessions de Deutsche Telekom. Pour ce dernier, la partie est loin d'être gagnée.

Pierre Manière

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