« Un Palantir européen, c’est possible », Jérôme Tredan, PDG de Saagie

Pionnière française de l’analyse de données, la startup rouennaise référencée au French Tech 120 milite pour le développement concerté d’une solution européenne souveraine, capable de rivaliser avec celle du big brother américain.
Auparavant directeur des ventes et du marketing PME de Microsoft France, Jérôme Tredan est PDG de Saagie depuis quatre ans
Auparavant directeur des ventes et du marketing PME de Microsoft France, Jérôme Tredan est PDG de Saagie depuis quatre ans (Crédits : DR)

L'encre du faire-part est à peine sèche. Fin mai, Athos et Thales ont accouché d'une co-entreprise du nom d'Athea avec la bénédiction de la direction générale de l'armement (DGA). A l'origine de la naissance de ce nouvel ensemble une volonté : émanciper la France et l'Europe de leur dépendance aux technologies américaines de criblage de la data en développant une plateforme « associant traitement de données massives et IA ». Le tout au service de la défense, du renseignement et de l'intelligence économique.

Dans la communauté française du Big Data où l'on avait mal vécu la reconduction, fin 2019, du contrat liant la DGSI à Palantir, la nouvelle a été accueillie avec satisfaction ... mais circonspection. « C'est le signe que les industriels se parlent pour faciliter la création d'une solution souveraine dans le domaine clef de la sécurité » salue le PDG de Saagie, cueilli justement au sortir d'une rencontre avec les dirigeants d'Athea. Attention toutefois à jouer groupé, prévient en substance Jérôme Tredan. Pour cet ancien cadre de Microsoft arrivé aux commandes de la startup rouennaise en 2017, le projet n'atteindra son but qu'au prix d'une « logique de filière ».

« Un Palantir européen, c'est possible à certaines conditions. De la même façon que pour l'avion de combat du futur (le SCAF ndlr), il faut mettre fin aux guerres de chapelle entre ministères et que les industriels et start-ups s'entendent pour concentrer les moyens » insiste t-il.

Profession « raffineur » de données

Saagie, qui devrait franchir cette année le cap des dix millions d'euros de revenus récurrents et vient de recruter deux « pointures » exfiltrées de Talend*, entend bien apporter sa contribution à la future architecture d'aide à la décision promise par Athos et Thales. A première vue, elle en a l'envergure. Désormais présente à Paris, Londres et New York, et confortée récemment par une levée de fonds de 25 millions d'euros, cette pionnière française du Big Data est devenue l'un des meilleurs experts hexagonaux du « raffinage de données » à grande échelle associé à l'IA. Créée en 2013, elle revendique aujourd'hui un portefeuille de plus de 350 clients.

Prestataire depuis ses débuts pour le secteur de la bancassurance qui représente la moitié de son chiffre d'affaires (la Matmut et AG2R La Mondiale figurent parmi ses actionnaires), la société coopère également avec l'industrie et, de plus en plus, avec les institutions publiques. Ses logiciels de Dataops sont utilisés par bon nombre de ministères : de l'agriculture, à Bercy - où elle évalue le ciblage des aides du plan de relance - en passant par celui des armées pour qui elle conçoit un système de maintenance prédictive des aéronefs. Dans le domaine de la sécurité, Saagie conduit avec Airbus, la DGA et le laboratoire académique rouennais Litis un programme de R&D (Saphirs) européen portant sur la propagation des opinions radicalisées et le repérage des utilisateurs suspects.

Avec les français Ekimetricz, Opendata Soft et Toucan Toco, elle est par ailleurs partie prenante dans la création de Cleyrop qui se présente le « premier Data Hub souverain » de l'UE et vient de lever 4 millions d'euros en amorçage auprès de la BPI et de plusieurs "business angels". Son  ambition : offrir une alternative globale face aux rouleaux compresseurs américains et asiatiques.  « Nous sommes persuadés qu'il existe une voie européenne pour l'analyse de la donnée moins mercantile que celle du monde anglo-saxon et moins autoritaire que celle de la Chine » résume Jérôme Tredan. Comme un appel à chasser en meute.

*Laurent Bride et Gwendal Vaz Nunes.

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Commentaires 3
à écrit le 29/06/2021 à 2:01
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On a des envies ,des rêves ,des gourous de l'extase fantasmagorique , des licornes et des chimères, .La réalité de tous les jours est : taxes,augmentations ,prélèvements ,emprunts,dettes, Obligations,interdictions,ponctions,destructions,attentats,dé...

à écrit le 28/06/2021 à 13:53
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Le problème n'est pas de savoir si c'est possible, mais de comprendre pourquoi ça ne l'a pas été jusqu'à présent. Si chaque produit franco-français "possible" arrive 20 ans après la bataille, où est l'intérêt, en dehors de la satisfaction de quelques...

à écrit le 28/06/2021 à 7:49
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on peut tout faire; la france est derniere en maths des pays developpes, selon les derniers resultats pisa..........vous avez des enfants illetres auxquels la gauche distribue des bac et des doctorats en stats ""pour tous"", pour reduire les inegalit...

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