Jean-Marie Messier assure n'avoir jamais menti aux marchés

"Il n'y a ni tromperie, ni dissimulation" dans les communiqués ou propos incriminés, a dit l'ancien patron au troisième jour de son procès au tribunal correctionnel de Paris.

Accusé d'avoir orchestré entre 2000 et 2002 une communication mensongère sur les finances de son groupe Vivendi-Universal, Jean-Marie Messier a tenté vendredi de prouver qu'il n'avait pas menti aux marchés.

A coups d'acquisitions financées par la dette, Jean-Marie Messier a transformé à la fin des années 1990 la petite Compagnie générale des eaux en éphémère géant mondial de la communication, avant d'être chassé par les actionnaires en 2002 sur fond de déroute financière.

Il est accusé d'avoir dissimulé la catastrophe en présentant sous un jour favorable les chiffres de la société, d'avoir manipulé le cours de l'action et tenté de se faire octroyer un "parachute doré" de 20,5 millions d'euros.

Il encourt pour l'ensemble de ces faits jusqu'à cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.

"Il n'y a ni tromperie, ni dissimulation" dans les communiqués ou propos incriminés, a dit l'ancien patron au troisième jour de son procès au tribunal correctionnel de Paris.

Comme la veille, il a plaidé la bonne foi d'une voix posée, celle avec laquelle il avait dit en mars 2002, alors que le groupe était criblé de dettes, qu'il allait "mieux que bien".

Son ancien directeur financier et bras droit, Guillaume Hannezo, à qui l'on reproche les mêmes faits de diffusion d'information fausse ou trompeuse, a défendu les comptes qu'il certifiait à l'époque.

"Ces rumeurs ont commencé au mois de mars 2002. Elles ont été répandues par des gens qui voulaient profiter de ce que nous étions affaiblis (...), les uns pour prendre le pouvoir au sein de la société, les autres pour nous acheter des titres à bas prix, les troisièmes pour faire des coups sur les marchés en achetant à découvert", a-t-il dit au tribunal.

"Policiers, analystes, magistrats instructeurs, avocats, personne n'a pu trouver ce qui était faux dans les comptes de Vivendi Universal", a poursuivi Guillaume Hannezo, 49 ans.

"EFFORT DE PRÉSENTATION"

Les représentants des petits actionnaires ont souvent été les seuls à perturber les accusés et Jean-Marie Messier s'est défendu seul avec l'aide de Guillaume Hannezo.

Le procureur n'a pas dit un mot, le parquet ayant requis au terme de l'instruction un non-lieu pour Jean-Marie Messier, aujourd'hui consultant et âgé de 53 ans.

Un autre procès sur les mêmes faits aux Etats-Unis a abouti le 29 janvier à la déclaration de culpabilité de Vivendi pour informations trompeuses mais à la relaxe de Jean-Marie Messier et de Guillaume Hannezo.

Durant l'examen d'un communiqué et d'une interview, dans lesquels il est accusé d'avoir nettement minoré la dette du groupe, Jean-Marie Messier a affirmé qu'il évoquait celle de l'activité médias et communication du groupe.

"Il n'y a pas de confusion possible mais un effort de présentation aux marchés et aux investisseurs de l'activité nouvelle issue de la fusion" avec Canal Plus et Seagram, a-t-il dit.

Jean-Marie Messier a enfin revécu sa dernière assemblée générale à la tête du groupe. Un rendez-vous "agité", selon ses termes, au Zénith de Paris le 24 avril 2002.

Il y avait présenté un cash flow opérationnel de 1,4 milliard d'euros pouvant "servir demain non seulement au dividende mais également au remboursement de la dette", laissant penser que les problèmes de Vivendi seraient bientôt résolus.

"C'est une formulation qui me paraît toujours aujourd'hui reposer sur des bases solides", a affirmé Jean-Marie Messier.

Guillaume Hannezo a redit qu'à cette période, il tentait, parfois en agitant sa démission, de convaincre son supérieur de vendre des filiales pour financer la dette.

"Je voulais lui faire remonter les critiques qui venaient du marché. (...) J'ai eu des débats avec Messier. J'aurais aimé un peu plus de sobriété, un peu moins de paillettes, je le disais avec un peu d'énergie", a-t-il raconté.

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