Huawei : l’Europe reste méfiante, les Etats-Unis cherchent une parade

Tandis que l’Union européenne s’inquiète de l’impact de Huawei sur la sécurité des réseaux mobiles, les États-Unis songent à aider Nokia et Ericsson à mieux concurrencer le géant chinois.
Pierre Manière
Soupçonné d’espionnage, Huawei fait l’objet d’un fort lobbying de Washington, qui veut pousser l’Europe à le chasser, comme lui, du marché de la 5G.
Soupçonné d’espionnage, Huawei fait l’objet d’un fort lobbying de Washington, qui veut pousser l’Europe à le chasser, comme lui, du marché de la 5G. (Crédits : Aly Song)

Sur le Vieux Continent et au pays de l'Oncle Sam, Huawei continue de faire jaser. Ce mercredi 10 octobre, l'Union européenne s'est fendu d'un rapport très méfiant à l'égard du géant chinois des télécoms et des smartphones. « Les menaces posées par des États ou des opérateurs qu'ils soutiennent sont considérées comme de la plus haute importance » car ils « peuvent avoir la motivation, l'intention et plus important encore, la capacité de mener des attaques répétées et sophistiquées sur la sécurité des réseaux 5G ». Huawei n'est pas cité nommément, mais c'est évidemment le groupe chinois qui est ciblé.

Peut-être faut-il y voir une volonté de Bruxelles de ne pas se brouiller avec la Chine. Un peu comme la France, qui a adopté une loi sur la sécurisation des réseaux 5G sans citer Huawei, alors que le texte vise clairement à limiter l'empreinte de l'équipementier. Reste que Julian King, le commissaire européen en charge de la sécurité, a indiqué que le rapport européen sera bientôt suivi d'un autre document qui, lui, citera des noms.

Quoi qu'il en soit, en Europe, Huawei continue de susciter la méfiance de nombreux gouvernements. Leur crainte ? Que ses infrastructures de communication mobile - tout particulièrement celles de la future 5G, où le groupe chinois est leader - soient détournées de leur fonction, et utilisées à des fins d'espionnage ou de « black-out ».

Washington pourrait épauler Ericsson et Nokia

Huawei a malgré tout salué le rapport de l'UE. Dans un communiqué, le groupe qualifie sa publication d'« étape importante vers l'élaboration d'une approche commune de la cybersécurité et la mise en place de réseaux sûrs à l'ère de la 5G ». Le géant chinois en remet même une couche : « Nous sommes heureux de noter que l'UE s'est tenue à son engagement d'avoir une approche fondée sur des preuves, analysant de manière approfondie les risques plutôt que de viser des pays ou des acteurs spécifiques. » Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette communication paraît un brin hors-sol, et a de quoi surprendre étant donné la teneur du rapport.

Huawei veut visiblement croire que l'UE n'attaquera ni son groupe ni la Chine comme ont pu le faire les États-Unis. Le pays de l'Oncle Sam se montre, depuis des mois, particulièrement virulent à l'égard du groupe chinois. Soupçonné d'espionnage par les autorités américaines, Huawei fait l'objet d'un fort lobbying de Washington, qui veut pousser l'Europe, comme lui, à le chasser du marché de la 5G. Les États-Unis ont, en outre, signé un décret visant à interdire Huawei de se fournir en technologies américaines. Une sanction qui commence à faire très mal au groupe chinois. En témoignent les incertitudes concernant la commercialisation en Europe de son dernier smartphone, le Mate 30, dépourvu des services de Google.

Les États-Unis mènent aussi une offensive envers le groupe chinois de manière indirecte. Récemment, comme l'a indiqué le Financial Times, Washington songe à épauler financièrement Ericsson et Nokia, les deux rivaux européens de Huawei. L'objectif est de donner à ces acteurs les moyens de proposer des offres aussi compétitives que celles du groupe chinois. Huawei est souvent critiqué pour fausser la concurrence. Il est vrai que le groupe bénéficie notamment, depuis des années, des largesses, via d'avantageuses lignes de crédit, de la China Development Bank, la première « banque politique » de la Chine.

Pierre Manière

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Commentaires 7
à écrit le 11/10/2019 à 16:06
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Il est impossible que l'europe tente de développer la 5G sans l'aide de Huawei. D'abord, les européens, comme les américains, ont des années et des années de retard par rapport à Huawai qui, en 5G comme en informatique par exemple, est excellent. Et ...

à écrit le 11/10/2019 à 12:08
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La concurrence à des coûts en termes de qualité, de sécurité, d'emplois. En achetant ailleurs, on paie moins cher, mais on sacrifie tellement de choses que sur le long terme, c'est toujours une mauvaise opération....Et je suis sûr que les financiers...

à écrit le 10/10/2019 à 19:48
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Bien sûr déléguer un domaine stratégique à une entreprise étrangère pose problème. Mais quid des Gafas américains?

à écrit le 10/10/2019 à 19:10
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pour une fois que trump ne fait pas des conneries, faut saluer le geste cela dit, nokia est europeen mais c'est a microsoft, non?

le 11/10/2019 à 7:30
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Non! On voit le niveau moyen des français : nul.

le 11/10/2019 à 16:02
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Le "problème" de la sécurité n'est qu'une pitoyable pantalonnade. Il n'est pas plus "insécurisant" d'utiliser du matériel chinois que de s'en remettre aux ricains (dont on connaît le sens de l'espionnage et de la trahison) ou aux européens et françai...

le 11/10/2019 à 16:32
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Nokia revendu par Microsoft.

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