La cybersécurité reste « une activité clé » pour Orange

Près de huit mois après son arrivée à la tête d’Orange, Christel Heydemann assure qu’Orange Cyberdefense, la branche de l’opérateur dédiée à la cybersécurité, restera dans le giron du groupe. Elle souhaite développer cette activité, en plein essor, alors que les entreprises, toujours plus connectées, essuient de plus en plus d’attaques.
Pierre Manière
Christel Heydemann, la directrice générale d'Orange.
Christel Heydemann, la directrice générale d'Orange. (Crédits : Reuters)

Alors que Christel Heydemann doit dévoiler, le 16 février prochain, la stratégie d'Orange pour les cinq prochaines années, une chose est sûre : alors qu'OCS est à vendre et que les interrogations vont bon train sur l'avenir d'Orange Bank, Orange Cyberdefense, sa filiale de cybersécurité, fait bien partie de ses plans. Il s'agit « d'une activité clé pour la croissance d'Orange », a insisté la dirigeante vendredi dernier, lors d'une visite du centre d'Orange Cyberdefense de Lyon, dédié à la sécurité numérique industrielle. Aux yeux de Christel Heydemann, développer cette branche constitue une priorité. Il faut dire que le marché de la cybersécurité est en plein boom, dans le sillage d'une augmentation continue des attaques informatiques à l'égard des particuliers comme des entreprises.

Orange Cyberdefense, qui compte plus de 2.700 collaborateurs, ambitionne d'être leader européen, affirme Hugues Foulon, son directeur général. « Nous souhaitons progresser plus vite que le marché, qui croît d'environ 10% par an », avance-t-il. D'après lui, Orange Cyberdefense approchera le milliard d'euros de chiffre d'affaires cette année, et compte bien dépasser ce cap en 2023. Pour se développer, Orange Cyberdefense mise sur sa croissance propre, tout en se montrant à l'affût des opportunités dans un marché qui reste à consolider sur le Vieux Continent.

Pas de deal en vue avec Atos

Voilà pourquoi le groupe a récemment acquis les suisses SCRT et Telsys. En 2019, Orange Cyberdefense avait réalisé deux importantes emplettes, avec les rachats du néerlandais SecureLink (pour 515 millions d'euros) et du britannique SecureData, pour étendre son empreinte en Europe. Avec Christel Heydemann, le groupe entend poursuivre dans cette voie. Si Orange Cyberdefense est aujourd'hui leader en France ou en Belgique, il reste challenger au Royaume-Uni et en Allemagne, les deux plus gros marché de la cybersécurité en Europe. Il n'est, en outre, pas présent en Italie, et surtout en Espagne. Ce dernier pays constitue une des priorités d'Hugues Foulon. Les perspectives sont jugées prometteuses, notamment parce qu'Orange y est déjà opérateur.

Il y a environ deux ans, Stéphane Richard, l'ex-patron d'Orange, avait envisagé de coter Orange Cyberdefense en Bourse. Interrogé à ce propos, Christel Heydemann juge que la question ne se pose pas pour le moment, mais ne « s'interdit rien »« Il y a plusieurs possibilités pour accompagner notre croissance, explique-t-elle. Il y a le levier de la cotation en Bourse, mais aussi celle d'ouvrir le capital... » D'après la dirigeante, ces options seront sur la table lorsqu'une opportunité le justifiera. Ce qui n'est, pour l'heure, pas le cas. Alors qu'en interne, certains salariés-administrateurs ont un temps milité pour qu'Orange rachète Atos pour créer un géant du cloud et de la cybersécurité, Christel Heydemann a souligné qu'un tel projet n'était pas, du tout, à l'étude. D'après elle, Orange a de nombreux partenariats avec le géant français des services informatiques, et compte bien en rester là.

Les TPE et PME dans le viseur des pirates

Pour Orange, cette diversification dans la cybersécurité est d'autant plus intéressante que le groupe dispose, en tant qu'opérateur, d'un positionnement avantageux pour écouler ces services. Orange accompagne de nombreux clients entreprises qui souhaitent digitaliser leurs processus et modes de production pour gagner en efficacité et en compétitivité. Mais cette hyperconnectivité, liée au développement de l'industrie 4.0, constitue aussi une aubaine pour les pirates informatiques. Ceux-ci bénéficient alors de nouvelles portes d'entrée pour s'en prendre aux sociétés, petites ou grandes. C'est là qu'intervient Orange Cyberdefense, qui propose tout un éventail de dispositifs pour contrer les cyberattaques, et éviter que les entreprises y laissent trop de plumes lorsqu'elles surviennent. « Aujourd'hui, la question n'est plus de savoir si l'on va être confronté à une cyberattaque, mais quand », affirme Hugues Foulon.

Cette menace préoccupe les grands groupes depuis plusieurs années. Beaucoup disposent déjà de dispositifs efficaces pour se protéger. En conséquence, les cyberattaques ciblent de plus en plus les petites et moyennes entreprises, qui constituent des cibles plus faciles parce que bien moins protégées. D'après le cabinet IDC, 77% des cyberattaques visent les TPE et les PME. Celles-ci sont souvent victimes de « rançongiciels », qui consistent à prendre en otage les données d'une société, et à les débloquer contre une importante somme d'argent. C'est la raison pour laquelle Orange a lancé, en novembre dernier, une offre de cybersécurité à destination des TPE et des PME.

Pierre Manière

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