En septembre 2013, le géant finlandais des équipements télécoms a dû se résoudre à vendre sa division mobile à Microsoft pour la somme de 3,79 milliards d'euros. Mais l'entreprise finlandaise n'a pas complètement abandonné la ville d'Oulu, où elle avait localisé ses activités de recherche et développement des téléphones mobiles. Elle y dispose encore d'une unité industrielle. Et non des moindres : c'est dans l'usine de Rusko, au nord-est de la ville, que Nokia réalise la mise au point et la production de ses infrastructures de réseaux pour la 5G, prochaine génération de communication mobile. Rusko emploie 2.400 salariés, dont quelques-uns sont chargés de surveiller la production robotisée des installations technologiques de cinquième génération. Les premiers équipements ont été produits et livrés fin 2018.

« Nous inventons en moyenne un nouveau produit par mois », se félicite Heikki Romppainen, directeur de l'usine. Mais au niveau de l'emploi, le compte n'y est pas. L'atelier ultrasécurisé de 17.000 mètres carrés emploie essentiellement des hommes (70% des effectifs, selon Heikki Romppainen), et le déploiement des robots collaboratifs, capables de se charger, de se décharger mutuellement ou de se changer eux-mêmes les outils, nuit aux perspectives de développement quantitatif des ressources humaines. Comment attirer des femmes, des jeunes plus séduits par les startups et leurs promesses d'emplois variés ? « Il n'y a pas de tâches répétitives ici. On cherche à le faire savoir », répond Heikki Romppainen.

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[Heikki Romppainen dirige l'usine Nokia (2.400 salariés) de Rusko, au nord-est d'Oulu]

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Les objets connectés auront-ils raison des smartphones ?

L'avenir de la 5G est essentiel pour Nokia, qui cherche à se refaire une santé, mais s'apprête à souffrir sur les marchés internationaux face à des concurrents féroces tels que le suédois Ericsson ou le chinois Huawei. La ville d'Oulu est déjà le terrain d'expérimentations grandeur nature de la 5G : l'équipement du nouvel hôpital autorisera, grâce au réseau, des procédures inédites de télémédecine et des protocoles de soins inédits. Et, déjà, la sixième génération mobilise les chercheurs à Oulu, sous la bannière de l'université.

« L'évolution technologique sera énorme. Mais beaucoup d'acteurs majeurs seront laissés de côté », prévient Ari Pouttu, directeur adjoint du programme "6G Flagship".

Soutenu par l'Académie de Finlande, ce programme mobilisera 251 millions d'euros de financements publics et privés jusqu'en 2026. Il rassemble déjà, à Oulu, une centaine de chercheurs qui chercheront à établir les nouveaux usages de la 6G, tant dans l'industrie (automatisation des process) que dans l'intelligence artificielle, la santé, les expériences personnelles. Pour quelles applications, pour quels équipements ? Ari Pouttu promet un débit « supérieur aux 10 gigabits par seconde de la 5G » et prédit « la fin du smartphone en 2030 », supplanté par les objets connectés.

Le groupe 6G Flagship tiendra du 24 au 26 mars, dans la station de ski finlandaise de Levi, son premier congrès. Dix ans avant l'émergence prévue de la 6G, les chercheurs tenteront d'élaborer un premier « livre blanc » consacré à cette prochaine révolution technologique. Les choses pourraient aller plus vite que prévu : lors du lancement des travaux de recherche sur la 5G, en 2009 et déjà à Oulu, l'émergence de ces réseaux n'était prévue qu'en 2020. Ils sont déjà sur le marché.

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LIRE LA PARTIE 1 : "Comment la chute de Nokia s'est transformée en "bénédiction" pour la Finlande"