Jean-Pierre Wiedmer : "10% des Français vont jusqu'à arrêter de cotiser volontairement pour leurs vieux jours"

Jean-Pierre Wiedmer, président de HSBC Assurances, revient sur les enseignements de l'enquête annuelle de son entreprise sur les comportements d'épargne mondiaux face à la crise.

Comment la crise a-t-elle modifiée les comportements d'épargne ?

Comme l'an dernier, nous avons interrogé plus de 15.000 personnes dans les pays industrialisés et les marchés émergents. Pour la première fois, nous avons mené cette enquête via le net. Trois lignes directrices s'en dégagent. D'abord, un pessimisme plus important au Nord, où un tiers de la population pense que la crise durera plus de deux ans. Ce chiffre grimpe même à 55% de la population japonaise, un pays qui sortait tout juste d'une longue période de récession quand la bulle du crédit a explosé. Au quotidien, la crise a poussé la moitié des consommateurs à réduire leurs dépenses, et même à diminuer leurs achats de biens et services pour 38% d'entre eux. Ils privilégient le court terme au long terme, et ne conservent que l'essentiel. De même, nous avons découvert un déficit d'information effrayant sur la retraite.

Et les français. Ont-ils eux aussi adopté ces comportements? Les ont-ils amplifiés ?

Sans surprise, ils ont eux aussi adopté des réflexes de survie pour se constituer une épargne de précaution. Ils veulent à tout prix garder leur toit et leur auto, et tout ce qui est indispensable pour travailler et continuer de percevoir des revenus. Du coup, les achats de remplacements de véhicules ou les projets de logements plus grands sont différés. Il en va de même pour l'épargne retraite : 17% d'entre eux diminuent leurs versements en assurance-vie ou vers d'autres solutions. Surtout, 10% des français vont jusqu'à arrêter de cotiser volontairement pour leurs vieux jours. Ce chiffre est à peine en dessous de la moyenne mondiale. Cette crise sert aussi de révélateur sur l'en jeu des retraites: les français prennent conscience que la solution est entre leurs mains, et pas dans celles de l'Etat.

Les français sont donc prêts à travailler plus longtemps et à décaler leur départ en retraite ?

Ils sont davantage enclins à épargner plus, surtout si l'Etat met en place un avantage fiscal. 13% d'entre eux acceptent de travailler plus longtemps quand 52% des sud-coréens et 45% des habitants de Singapour font ce choix. On sent tout de même un frémissement pour cette dernière solution, et en particulier chez les plus jeunes, pour qui le recul de l'âge de la retraite n'est plus tabou.

De votre côté, comment répondez vous à ces nouvelles attentes ?

Notre responsabilité est immense puisque l'étude révèle l'ignorance des français quant à leurs revenus de retraités : 40% d'entre eux ignorent combien ils toucheront. Pire, 66% des français n'ont reçu aucune information ou formation sur ce point. Nos clients demandent de plus en plus des solutions pour adapter leur patrimoine et leurs revenus à une transition progressive et étalée, au-delà de 60 ans, et même de 65 ans, vers la retraite. Nous travaillons donc sur des produits d'assurance dédiés et évolutifs.

Ces tendances se retrouvent-elles parmi les attentes de vos salariés ?

Nous avons signé un accord avec toutes les organisations syndicales pour maintenir davantage de seniors dans nos effectifs. Nous organisons des bilans réguliers de carrière, de formation de rémunération. Nous avons même identifié au Royaume-Uni un salarié à mi-temps de 82 ans !

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