Logement : la politique de l’offre version Duflot

Par Mathias Thépot  |   |  704  mots
"Dans le domaine du logement, au cours des dix dernières années, la droite française a privilégié une politique de la demande", a assuré Cécile Duflot ce mardi.
La ministre du Logement a présenté sa propre conception d'une politique d’offre pour le logement, tout en fustigeant les politiques de droite qui ont soutenu par le passé la demande.

La conférence de presse du 14 janvier du président de la république François Hollande -où il a déclaré que "l'offre crée la demande"- a semble-t-il fait des émules au sein du gouvernement. Ainsi lors de ses vœux à la presse ce mardi, la ministre du Logement Cécile Duflot a en quelque sorte rebondi sur les propos du chef de l'État. "Il est de bon ton en cette période de faire l'éloge de la politique de l'offre", s'est-elle amusée en introduction, avant de faire de sa politique d'offre de logements le fil rouge de son discours.

Si elle a tout de même averti contre le risque de "s'embarquer dans un tango de l'irresponsabilité où à chaque concession du gouvernement répondrait une demande supplémentaire des organisations patronales", elle a fuit le débat ambiant sur le tournant social-démocrate opéré la semaine par le chef de l'État. Elle s'est contenté d'indiquer que la question était davantage pour elle "d'inventer la sociale-écologie capable de répondre aux enjeux et aux maux du 21e siècle".

Les conservateurs britanniques comme la droite française ?

Dans le domaine du logement, les résultats mitigés du soutien généreux à la demande ces dernières années ont, il faut dire, ouvert la voie à une politique davantage orientée vers l'offre. "Si l'on prend pour exemple le domaine du logement, au cours des dix dernières années, la droite française a privilégié une politique de la demande. Et les conservateurs britanniques la conduisent aujourd'hui", a ainsi indiqué la ministre.

"En matière de logement, une politique de la demande consiste à encourager à tout prix l'accession à la propriété en multipliant les crédits immobiliers, sans tenir compte ni des besoins sociaux, ni de l'aménagement du territoire. On connaît désormais les sinistres conséquences de cette politique : les subprimes ont vu le jour aux États-Unis ; en Espagne, la banqueroute généralisée a saisi le pays ; en France, c'est l'explosion des prix de l'immobilier, que l'on retrouve aussi au Royaume-Uni, et bien plus encore à Londres, victime d'une énième bulle depuis quelques mois", a déclaré Cécile Duflot.

Mettre fin à l'inflation galopante

Sa propre politique de l'offre, Cécile Duflot la définit tout d'abord par la nécessité de mettre "fin à l'inflation galopante des prix du logement". C'est pour cela qu'elle a souhaité "encadrer les loyers".

"Les prix de l'immobilier viennent pénaliser les revenus des ménages, font augmenter lourdement le coût de la vie et menacent la compétitivité internationale de notre pays. Pourquoi les entreprises voudraient-elles s'installer en France, lorsque le coût d'installation est lourdement grevé par les prix au mètre carré, que ce soit pour installer des bureaux ou loger des salariés ? "

Relancer l'emploi dans le bâtiment

Elle met également en avant le soutien du gouvernement à l'emploi dans le bâtiment, un secteur en crise qui emploie 1,2 millions de personnes. Ce, par la réforme de la "directive détachement" qui vise à éviter la sous-traitance et le recours à des statuts détournés.

Le choc de simplification annoncé par le Chef de l'État doit également permettre au secteur de la construction de se relancer. Même si concernant la limitation de l'empilement des normes ou l'accès rapide au foncier, tout reste à faire. L'objectif fixé par le chef de l'État est de faire baisser de 10% les coûts de construction des logements collectifs.

Transition écologique et interventionnisme de l'État

Sans surprise, Cécile Duflot a également fait référence à la transition écologique qui doit, selon elle, s'intégrer pleinement dans un parc de logements qui permette à "chacun de se loger, tout en préservant les terres agricoles, et en luttant lutte contre le dérèglement climatique".

Enfin la ministre n'en n'oublie pas le rôle déterminant de l'État dans la relance du secteur de la construction. "Aucune politique de l'offre n'est possible sans un investissement public clair dans l'économie", explique-t-elle. "L'État se doit d'être régulateur, stratège (...) cela signifie, aujourd'hui comme demain, des moyens publics significatifs".