C'est un signe supplémentaire de l'embellie économique actuelle : le niveau des recrutements de cadres par les entreprises est en passe d'atteindre un record absolu. Mieux, si l'on en croit la dernière note de conjoncture de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), les recrutements de cadres ne vont cesser d'accélérer pour atteindre des sommets en 2019. Concrètement, le nombre des embauches devrait se situer à 215.000 en 2017, en hausse de 6% par rapport aux recrutements réalisés en 2016, puis à 225.000 l'année prochaine et encore à 236.000 environ en 2019. Ainsi d'ici deux ans, les embauches des cadres pourraient être supérieures de 50% à ce qu'elles étaient en 2013. Juste avant la crise de 2008, les bonnes années, les recrutements de cadres plafonnaient à environ 208.000.
Plus de cadres en raison de la tertiairisation de la société
Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes... Pas tout à fait cependant. D'abord, ces prévisions sont basées sur des taux de croissance du PIB relativement soutenus, avec 1,6% cette année - ce que l'Insee et la Banque de France pensent tout à fait réalisable - mais aussi en 2018 et une accélération à 1,8% en 2019. Par ailleurs, il convient aussi de comparer ce qui est comparable. L'offre d'emploi-cadre augmente, notamment en raison de la tertiairisation de la société. La population cadre représente maintenant environ 21% de la population active salariée contre 10% encore dans les années 1990. Autrement dit, la fonction "cadre" ne correspond plus forcément à une fonction "d'encadrement" d'une équipe, elle augmente "naturellement" en volume du fait de l'émergence de certaines fonctions qui n'existaient pas ou peu il y a vingt ans.
Ensuite, il y a de grandes différences parmi les profils de cadres recherchés. Parmi les entreprises qui souhaitent recruter un cadre au troisième trimestre 2017 - elles sont 58% dans ce cas, en hausse de six points sur un an - plus de 80% cherchent des cadres ayant entre un et dix ans d'ancienneté. Elles ne se sont plus que 44% à chercher des jeunes diplômés et 43% des « seniors » de plus de 20 ans d'expérience... Il est donc toujours difficile d'être un jeune diplômé tout juste sorti de l'école ou un cadre « senior » à la recherche d'un emploi... Même si la situation s'améliore un peu du fait des tensions qui se manifestent sur le marché du travail. De fait, 66% des entreprises déclarent avoir des difficultés pour recruter des cadres correspondants à leurs attentes, et l'Apec signale, qu'en moyenne, 36 candidats répondent maintenant à ses offres d'emploi contre 42, un an plus tôt.
Les métiers de l'informatique drainent un quart des offres d'emploi
Bien entendu également, tous les métiers ne profitent pas de façon comparable de cette reprise. Ainsi, avec un volume d'embauches estimé à 57.000, les métiers de l'informatique représentent à eux seuls près du quart des recrutements de cadres envisagés. Mieux, si on ajoute l'ingénierie et le conseil à l'informatique, à eux trois, ces métiers rassemblent 44% des offres d'emploi.
Cela dit, signe que la reprise est là, même dans des secteurs jusqu'ici en difficulté et qui ne prévoyaient donc pas de recrutements en masse, les choses semblent évoluer. Ainsi, dans l'industrie, 64% des entreprises envisagent de recruter un cadre au troisième trimestre, soit une hausse de... 9 points sur un an. Idem dans la construction - boostée par l'immense chantier du Grand Paris - où cette proportion est passée en un an de 47% à 58%. En revanche, dans la banque/assurance et le commerce et les transports, le nombre des recrutements n'enregistre aucune progression notable.