Ukraine : les discussions s'enlisent, Joe Biden recommande aux Américains de quitter le pays

Moins de trois jours après les visites d'Emmanuel Macron à Moscou puis à Kiev, la tension semble monter à nouveau d'un cran avec cette dernière déclaration du président américain invitant ses ressortissants à quitter l'Ukraine "maintenant". Hier, la Russie et l'Ukraine ont dit avoir échoué à obtenir des avancées au cours des discussions menées à Berlin en "format Normandie" avec la France et l'Allemagne. Dans le même temps, les manoeuvres militaires américaines et russes se poursuivent.
Le président américain Joe Biden a ordonné l'envoi de près de 3.000 soldats supplémentaires en Pologne et en Roumanie.
Le président américain Joe Biden a ordonné l'envoi de près de 3.000 soldats supplémentaires en Pologne et en Roumanie. (Crédits : HANDOUT)

La crise devait prendre le chemin de la désescalade suite aux visites successives d'Emmanuel Macron en Russie, à la rencontre de Vladimir Poutine, et en Ukraine avec le président Zelensky mardi. Mais trois jours après ces pourparlers initiés par le président français pour tenter de trouver un compris par la voie diplomatique, une nouvelle déclaration du président Biden vient doucher les espoirs de la France d'avoir obtenu des avancées. La veille, la Russie et l'Ukraine ont aussi dit avoir échoué à obtenir des avancées au cours des discussions menées à Berlin en "format Normandie" avec la France et l'Allemagne. "Les choses pourraient vite s'emballer", a pourtant mis en garde jeudi le président américain dans une interview à la chaîne NBC. Aussi, Joe Biden invite ses ressortissants à quitter l'Ukraine :

"Les citoyens américains devraient partir, ils devraient partir maintenant. Nous avons affaire à l'une des plus grandes armées du monde", a plaidé le président en référence à l'armée russe.

"Quand les Américains et les Russes commencent à se tirer dessus, nous sommes dans un monde très différent", a-t-il affirmé tout en répétant que n'enverrait pas de soldats sur le terrain en Ukraine, même pour évacuer des Américains dans l'hypothèse d'une invasion russe, car cela pourrait déclencher "une guerre mondiale".

Dimanche dernier, le président Biden avait déjà ordonné aux familles de des diplomates américains en poste à Kiev de quitter le pays.

Tandis qu'Emmanuel Macron s'était entretenu avec Joe Biden pour lui rendre compte des échanges avec les présidents Poutine et Zelensky, ces dernières déclarations américaines viennent s'ajouter à un climat de tension déjà très élevé. Depuis plusieurs mois, le Kremlin est accusé de préparer une nouvelle opération militaire contre l'Ukraine, après l'annexion de la Crimée en 2014. Mais ces accusations sont démenties par la Russie qui affirme vouloir, de son côté, assurer sa sécurité face à l'hostilité de Kiev et de l'Otan.

Paroles contre manoeuvres

En parallèle des efforts diplomatiques, les Etats-Unis mettent régulièrement ses alliés en garde. La semaine dernière, le Renseignement américain a estimé que la Russie accentue les préparatifs d'une invasion à grande échelle de son voisin, et qu'elle dispose déjà de 70% du dispositif nécessaire à une telle opération. Selon le camp américain, Moscou aurait déjà massé 110.000 soldats aux frontières de l'Ukraine, et pourrait disposer de capacités suffisantes pour lancer une offensive dans deux semaines.

Dans le même temps, le camp des alliés de l'Otan a constaté que les armées russe et bélarusse ont entamé jeudi de grandes manoeuvres au Bélarus, aux portes de l'Ukraine. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a regretté "un geste d'une grande violence", cependant que le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a parlé de "moment dangereux pour la sécurité en Europe".

Le nombre des soldats et des équipements participant à ces exercices n'a pas été officiellement fourni, mais les Occidentaux affirment que 30.000 militaires russes ont été déployés au Bélarus dans ce cadre.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a quant à lui jugé "incompréhensible" l'inquiétude des Occidentaux à propos des manoeuvres au Bélarus.

Aussi, le numéro deux de la diplomatie russe, Sergueï Riabkov, a accusé mercredi l'Occident d'accroître la pression politique sur Moscou en fournissant des armes et des munitions à l'Ukraine.

"Tout ce qui est en train de se passer en matière d'alimentation de l'Ukraine en équipements, en munitions et en matériel militaire, y compris des armes létales, revient à essayer d'accroître la pression politique sur nous ainsi, probablement, que la pression militaire", a-t-il dit selon des propos rapportés par l'agence de presse RIA.

Allié des Etats-Unis, le Canada s'est aligné sur la dernière position de Washington. "Si vous êtes en Ukraine, vous devriez partir", indique le ministère des Affaires étrangères sur son site internet. "L'action militaire russe en Ukraine pourrait perturber les déplacements et les services dans l'ensemble du pays. Les vols pourraient être perturbés ou annulés", dit le ministère, qui conclut par: "Soyez prêt à vous mettre à l'abri".

Les forces américaines en Europe

Les Etats-Unis poursuivent de leur côté des manoeuvres. Des bombardiers stratégiques américains B-52 sont arrivés jeudi au Royaume-Uni pour participer à un exercice, "prévu de longue date" avec les alliés de l'Otan, assure l'US Air Force. Aussi, après l'Allemagne vendredi, les premiers renforts américains sont arrivés ce samedi sur la base militaire de Rzeszow, dans le sud-est de la Pologne, proche de la frontière ukrainienne. Il s'agit des premiers éléments du groupement tactique de la brigade de la 82e division aéroportée de Fort Bragg, en Caroline du Nord, selon des sources de l'armée américaine.

Mercredi, le président américain Joe Biden a ordonné l'envoi de près de 3.000 soldats supplémentaires en Pologne et en Roumanie pour protéger l'Europe de l'Est d'un éventuel débordement de la crise ukrainienne.

Des navires russes

De son côté, la Russie a annoncé jeudi l'arrivée en Crimée de six navires de guerre en vue de prochaines manoeuvres en mer Noire, qui borde le sud de l'Ukraine. Le déploiement de ces soldats a été immédiatement qualifié par la présidence ukrainienne de moyen de "pression psychologique" employée par Moscou.

Sur fond de guerre des nerfs et d'intensification des efforts diplomatiques ces dernières semaines, le chancelier allemand Olaf Scholz a de son côté averti la Russie qu'elle ne devait pas sous-estimer "l'unité" et "la détermination" des Européens.

Ces tensions se déroulent sur fond de risque de crise énergétique. La Russie fournit en effet massivement l'Allemagne en gaz. Et le projet de gazoduc Nord Stream 2 vient lui donner un accès direct, en contournant l'Ukraine.

L'annexion de la Crimée par la Russie avait été suivie par le déclenchement d'un conflit dans l'est de l'Ukraine entre les forces de Kiev et des séparatistes soutenus par Moscou, une guerre qui a fait plus de 14.000 morts en huit ans, selon un dernier bilan de l'ONU.

Lire aussi 5 mnUkraine: Poutine salue les « idées » de Macron, l'OTAN reste sur ses gardes

Commentaires 6
à écrit le 12/02/2022 à 8:59
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Ça me fait penser aux armes de destruction massive de Sadam Hussein (qui n'ont jamais existé) pour justifier l'intervention américaine.

à écrit le 11/02/2022 à 18:31
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Poutine a adopté la position du pire, ilne veut pas la guerre mais ne fait rien pour règler le conflit , c'est l'agresseur qui se positionne en victime . Annexion de la Crimée , et acteur du soulèvement au Donbass. Il refuse un règlement correcte du ...

à écrit le 11/02/2022 à 11:56
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a mon humble avis, tout ca est de l'intox, poutine et trump ne veulent pas d'embrouille, vous croyez vraiment que l'administration biden decide de quoi que ce soit ?

à écrit le 11/02/2022 à 10:48
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C'est incroyable que des hommes comme Poutine existe encore. Son pays à le PIB de l'Espagne, toujours pas de démocratie, des apparatchiks milliardaires ,bref, un pays complètement largué. Cet homme gesticule, et semble vivre dans un autre siècle, n...

le 11/02/2022 à 14:05
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Ils ont un prés1dent et nous un act6ur.

à écrit le 11/02/2022 à 9:46
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"tout en répétant que n'enverrait pas de soldats sur le terrain en Ukraine, même pour évacuer des Américains dans l'hypothèse d'une invasion russe, car cela pourrait déclencher "une guerre mondiale" Plus ça va et plus c'est difficile d'y croire, visi...

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