Le laboratoire Servier plonge dans la tourmente judiciaire

Le scandale que suscite les 500 à 2.000 décès imputés au Mediator, le traitement pour les diabétiques commercialisé par le laboratoire Servier, prend une tournure judiciaire. Le parquet de Paris a ouvert en décembre une enquête sur le Mediator, confiée aux gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp). « Je suis très satisfait car c'est une victoire pour les victimes », s'est félicité le docteur Claude-Michel Courtois, président de l'Avim, - l'Association des victimes de l'Isoméride et du Mediator (l'Isoméride étant un autre produit de Servier, retiré en 1998). L'Avim déposera mardi auprès du pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Paris cent plaintes pour blessures involontaires et dix pour homicides involontaires, ainsi qu'une plainte avec constitution de partie civile. L'affaire continue d'alimenter les déclarations des politiques : le député PS Jean-Marie Le Guen, adjoint au maire de Paris chargé de la santé, appelle l'État à « porter plainte contre Servier », à « placer ses biens sous séquestre » et à créer un fonds d'indemnisation pour les victimes, tout en pointant « les liens de ce laboratoire avec le pouvoir ».« Trois décès , c'est déjà trop »De son côté, le laboratoire Servier a reconnu pour la première fois dans une interview au « Journal du Dimanche » que « le Mediator a pu présenter un vrai risque pour certains patients ». Alors que les propos de Jacques Servier, le fondateur de l'entreprise, rapportés par « Libération », selon lesquels le Mediator n'a fait « que trois morts » ont fait scandale, la directrice générale en charge des relations extérieures Lucy Vincent déclare dans l'hebdomadaire que « la mort de trois personnes, c'est déjà trop ». « Je veux être très claire : nous ne nions pas que le Mediator ait pu présenter un vrai risque pour certains patients », ajoute Lucy Vincent, désormais seule à s'exprimer au moment où le laboratoire traverse une crise sans précédent. L'ancienne chercheuse au CNRS a reconnu qu'une étude, que Servier avait lui-même commandée en 2009, a démontré que les patients ayant pris du Mediator avaient « un risque plus élevé de développer une valvulopathie [dégradation irrémédiable des valves cardiaques, Ndlr] ». Toutefois, elle objecte que les calculs du nombre de victimes imputés au Mediator « ont été réalisés sans tenir compte apparemment des autres pathologies dont pouvaient souffrir ces patients » or « d'autres facteurs de risques existent tels que le diabète, le surpoids et l'âge ».DysfonctionnementsL'inspection générale des affaires sociales doit remettre à la fin de cette semaine au ministre de la santé Xavier Bertrand, son rapport sur le Mediator. Mais il s'agit là surtout d'une enquête sur les dysfonctionnements qui ont pu conduire à ce scandale sanitaire, le Mediator ayant été commercialisé en France depuis 1976 jusqu'en...ovembre 2009. S. S
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