Les industriels dénoncent la réticence des médecins et pharmaciens pour les génériques

« Pour augmenter les économies liées aux génériques, ce n'est plus sur le prix qu'il faut agir mais les prescriptions ». C'est ainsi que Pascal Brière, le président du Gemme (syndicat professionnel des génériqueurs) également à la tête du laboratoire Biogaran, a résumé ce mardi la position du secteur. Pour étayer leur propos, les onze industriels membres du Gemme s'appuient sur une étude statistique qui compare le coût d'un panier moyen de génériques dans les pays européens. Conclusion : « le prix du générique en France est légèrement inférieur (de 4 %) à la moyenne européenne ». Le Gemme y voit bien sûr un moyen d'inciter les autorités de santé à stopper la baisse des prix des copies de molécules : elles sont aujourd'hui vendues 55 % moins cher que l'original et voient leur prix baisser de 7 % au bout de 18 mois. Les industriels pointent aussi du doigt les faiblesses du système français. « Les médecins et les pharmaciens constituent aujourd'hui le principal levier pour agir sur la consommation de génériques en France », souligne Pascal Brière. Dans un marché qui a atteint 2,6 milliards d'euros l'an dernier, en hausse de 10,4 % ( nos colonnes du 3 février), la baisse d'un point du prix des génériques engendrerait 27 millions d'euros d'économies pour l'assurance-maladie. En comparaison, une hausse d'un point de la prescription par les médecins générerait 100 millions d'économies. Moindres volumesÀ ces derniers, le Gemme reproche de recourir trop souvent à la mention « NS » (non substituable) sur les ordonnances, privant ainsi les pharmaciens de la possibilité de remplacer une molécule par sa copie. Remplacement que les officinaux effectuent de toute façon de moins en moins : « le taux de substitution est passé à 74 % en fin d'année dernière, contre 77 à 78 % début 2010 » indique le Gemme. En cause, l'arrivée parmi les molécules généricables de médicaments de spécialité, qui se vendent en moindre volume (anticancéreux, immunosuppresseurs pour des greffes...) que leurs prédécesseurs les blockbusters. « Or, quand les pharmaciens vendent moins de boîtes, ils ont moins tendance à faire l'effort de proposer le générique », poursuit Pascal Brière. Les laboratoires traditionnels ont aussi leur part de responsabilité (lire ci-contre). Pour autant, la tendance reste positive. Le marché des génériques devrait de nouveau croître de 10 % cette année, tiré par la générification de l'anti-ulcéreux Inexium d'AstraZeneca et de l'antihypertenseur Tareg de Novartis. Audrey Tonnelie
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.