Comment Matra a réinventé le vélo électrique

Sylvain Floirat se retournerait dans sa tombe à l'énoncé de ma modeste prose. Dès 1947, ce fils de facteur périgourdin avait réussi à créer Matra, entreprise redoutable et redoutée. Elle a connu des fortunes diverses au point de devenir 56 ans plus tard une PME d'un peu plus de 100 personnes spécialisée dans les moyens de déplacement électriques. Résumons : on a connu le fabriquant de missiles, le champion de F1 avec Jacky Ickx, le vainqueur du Mans avec Pescarolo, le constructeur des Jet, Rancho, Baguera et enfin le glorieux inventeur de l'Espace, projet initialement destiné à Peugeot auquel son manque d'enthousiasme le fit, in fine, atterrir chez Renault avec le succès que l'on sait. Sans parler de la téléphonie, de l'Orlyval et autres fines fleurs technologiques. Mobilité intelligenteOr en 2003, deux semaines avant le décès du toujours sémillant Jean-Luc Lagardèrerave;re, Renault décide de reprendre ses billes, après une collaboration sans faille sur trois générations successives du modèle, et de fabriquer la nouvelle Espace alors qu'il n'en fournissait jusqu'alors que les moteurs et les boîtes de vitesses. Exit les 3.000 employés des sites de Romorantin, « un modèle de plan social », indique Jacques Bonneville, son tout nouveau président et directeur général, et qui fait encore référence dans de nombreux conflits sociaux. La centaine d'employés restants est affectée à la production de pièces de rechange pour les modèles construits par Matra et maintient l'unité de production à l'équilibre, quand elle n'est pas bénéficiaire. Mais cette activité est inexorablement condamnée à terme. Et comme le feu créatif qui a longtemps brûlé chez Matra n'est pas éteint, reste au nouveau management en place depuis 2005 à convaincre l'actionnaire de trouver un nouveau créneau, compatible avec les ressources et porteur d'avenir. Ce sera « La Mobilité Intelligente », basée sur des moteurs électriques. 20 km/h sans forcerUn bureau d'études est (re)créé et planche sur des quadricycles (on n'utilisera pas ici le mot de voiture pas plus que voiturette), des scooters et des vélos. Pour les premiers, un accord est passé avec le leader américain GEM. À charge pour Matra de les adapter et de les faire homologuer pour la France et l'Europe. Pour les autres, à force de brevets, c'est Matra qui fabriquera, et justement à Romorantin, ces machines de nouvelle génération. Les ingénieurs auront dû réinventer le vélo électrique, différent de ce qu'il était en Europe du Nord, en Allemagne et... en Chine.Essaouira, ses mauvaises routes, son vent permanent... C'est donc là que Matra nous avait conviés pour essayer l'i-Flow, son nouveau modèle mixte urbain/route. Une prise en main aisée, même pour qui n'a pas enfourché de vélo depuis de nombreuses années. Un coup de pédale et on se sent déjà attiré vers le bitume. En route pour une quinzaine de kilomètres vers le parcours de golf (magnifique création de Gary Player), des côtes, du vent. La machine se joue de tous ces obstacles avec aisance. Le booster, manette positionnée tout contre l'ordinateur de bord, donne une puissance accrue au moteur en prévision des côtes un peu raides. Son effet ne dure que 20 secondes puis on la relâche et avec un coup de pédale, son effet salvateur reprend son cours. La moyenne horaire sur une trentaine de kilomètres, dixit l'ordinateur, aura été de 20 km, sans fatigue et sans danger.Options à foisonUn cadre alu avec le garde-boue arrière intégré au cadre, un centre de gravité très bas, une selle à mémoire de forme réglable sans outil de même que le guidon (hauteur et inclinaison), des freins à disque avant et arrière d'une redoutable efficacité, une suspension avant et arrière ainsi que pour la selle, une transmission par courroie, une batterie démontable en un clic pour la recharge à la maison, un antivol... Le modèle d'i-Flow essayé s'appelait « Havane » avec selle et poignets cuir du même nom, du plus bel effet. Les plus exigeants opteront pour le rappel assisté de la direction, les clignotants intégrés dans les poignées, les sièges enfants avant et arrière ou les paniers, ou encore le sac ordinateur. La personnalisation est quasiment illimitée, tant par les couleurs que les accessoires. La garantie de 2 ans couvre l'ensemble des organes, incluant la batterie. Et son poids est à peine supérieur à celui d'un Velib ! nPrix : à partir de 2.000 ?.
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