Art contemporain : vacations à Paris

Pour le marché de l'art mondialisé, la capitale française demeure la place incontournable pour certains secteurs, tels l'art primitif, la bibliophilie ou l'art déco. Ce n'est pas le cas de la peinture, surtout contemporaine, devancée par New York, Londres et Pékin. Même si certaines vacations importantes s'y déroulent. Comme en ce moment.
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Les spécialistes ne s'accordent pas sur la définition de l'art contemporain. Pour les maisons de ventes aux enchères, il s'agit d'oeuvres produites après la deuxième guerre mondiale, avec des artistes aux cotes millionnaires, Picasso, Richter ou Warhol qui font gonfler le chiffre d'affaires et permettent d'annoncer records sur records spectaculaires, histoire de tirer le marché et de se faire de la publicité. Pour les sites de cotations comme pour nombre de spécialistes, il s'agit de réalisations d'artistes nés après 1945 nettement moins onéreuses et moins connues donc généralement assez discrètes. C'est notamment le cas pour Artprice.com, le site de référence qui publie régulièrement un hit-parade des meilleures ventes de peintres contemporains, avec pour les cinq premiers, Jean Michel Basquiat (né en 1960), Fanzhi Zeng (1964), Jeff Koons (1955), Xiaogang Zhang (1958) et Yifei Chen (1946). Cette prédominance chinoise permet à Pékin et Hong Kong d'occuper désormais les deuxième et troisième places mondiales de ce marché fortement spéculatif, juste derrière New York, encore en tête, mais devançant Londres, quatrième, Shanghai désormais cinquième et Paris relégué sixième.

L'an dernier, l'art contemporain a rapporté 237 millions d'euros aux enchères en Chine et 216 aux Etats Unis, mais tout juste 18 millions en France ! Pour tenter de rattraper le retard, les maisons de ventes parisiennes les plus prestigieuses mettent à l'encan deux fois l'an, fin du printemps et fin de l'automne, des oeuvres de grande qualité, dans des vacations baptisées d'art contemporain. Ce sera encore le cas début décembre pour Artcurial, Christie's et Sotheby's où de nombreuses estimations dépassent allégrement les 250.000 euros, certaines le million comme ce « Nu couché » de Nicolas de Staël (2,7 millions d'euros). Mais ces artistes français sont nés avant 1945: Dubuffet (né en 1901), Estève (1904), Richier (1904), Bourgeois (1911), Soulages (1919), De Stael (1914), Debré (1920), Lalanne (1927), Armand (1928), Klein (1928), Saint Phalle (1930)... Avec une enchère de 4,2 millions d'euros, l'artiste tricolore vivant le plus cher est Martial Raysse (né en 1936) : plusieurs de ses toiles sont proposées comme ce « Café Méditerranée » estimé 250.000 euros ou cet « Espace Zéro » affiché 400.000 euros.

Autres « contemporains » français aux cotes élevées, Daniel Buren (né en 1938), Jean Pierre Raynaud (1939), Bernar Venet 1941). Plus jeunes, car effectivement nés après la guerre, Jean Marc Bustamante (né en 1952), Sophie Calle (1953), Robert Combas (1957), Gérard Garouste (1946), Pierre et Gilles (1976), Richard Orlinsky (1966), Philippe Pasqua (1965), Richard Texier (1955) Xavier Veilhan (1963) sont les plus représentatifs, certaines de leurs oeuvres sont proposées sous la barre des 100.000 euros. Dix fois plus chères sont les estimations concernant les toiles de l'américain Jean Michel Basquiat (né en 1960), têtes d'affiches pour chacune des trois maisons avec notamment « Santo » de 1985 estimée 1,3 million d'euros (photo) chez Artcurial.

Reste « LA » question actuelle: la crise touche-t-elle le marché de l'art contemporain réputé spéculatif ? Malgré une forte volatilité, les ventes ont progressé entre janvier et juin 2011, le meilleur semestre de tous les temps note Artprice.com et en un an, le volume pour l'art contemporain a doublé. Les grandes vacations de novembre à New York ont atteint 241 millions d'euros pour Christie's, celles de Sotheby's 230 millions, avec des prix fabuleux pour, notamment Mc Carthy (né en 1945) dont une toile a été adjugée 3,28 millions d'euros ou une sculpture de Jeff Koons (1955) vendue 4,5 millions. Ces bons résultats cachent une réalité, malgré des estimations revues à la baisse (légère toutefois) car les maisons de vente craignent les invendus, les acheteurs étant de plus en plus sélectifs. En effet, le marché de l'art est généralement corrélé aux cours de bourse .... mais avec quelques mois de décalage. D'où une évidente prudence affichée plus ou moins ouvertement par nombre de professionnels.


Le 6 décembre, (après-midi et soir) 9 avenue Matignon, 75008 Paris, www.christies.com Les 6 et 7 décembre, Rond Point des Champs Elysées, 75008 Paris, www.artcurial.com Les 7 et 8 décembre, 76 rue du Fbg St Honoroé, 75008 Paris, www.sothebys.com

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