Le Sénat passe les agences de notation au crible

Le Sénat a lancé mardi une mission commune d'information sur "sur le fonctionnement, la méthodologie et la crédibilité des agences de notation". Jusqu'en juillet, elle auditionnera spécialistes, anciens salariés d'agences, émetteurs de dette et investisseurs, en France mais aussi à l'étranger.
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Le Sénat a lancé ce mardi une mission d'information sur les agences de notation financières. Les parlementaire auditionneront jusqu'en juillet des spécialistes, d'anciens salariés d'agences, des émetteurs de dette et des investisseurs, en France et à l'étranger.

Cette mission d'information "sur le fonctionnement, la méthodologie et la crédibilité des agences de notation", a été créée à la demande de parlementaires à la suite de la perte en janvier par la France de son triple A par l'agence Standard and Poor's. Elle apparaît "dans l'urgence du climat économique actuel" et répond à un "besoin de clarifier au plus vite le fonctionnement de ces agences", "leur transparence, leur méthodologie", a expliqué à l'AFP sa présidente, la sénatrice PS des Pyrénées Atlantiques Frédérique Espagnac. Il est également "impératif de savoir si, ces agences de notation étant pour la plupart anglo-saxonnes, nous avons un besoin ou pas en Europe d'une agence qui soit indépendante", a estimé la sénatrice.

Visites à la City

L'économiste Norbert Gaillard est le premier à avoir été consulté, ce mardi. Cette audition doit être suivie mercredi par l'audition d'anciens salariés d'agences de notation, du directeur de l'Agence France Trésor, Philippe Mills. Les sénateurs doivent en outre visiter des locaux de Standard and Poor's à Paris.

Les travaux comprendront ultérieurement des consultations par Internet d'analystes d'agences, d'émetteurs de dette et d'investisseurs par le biais d'un questionnaire en ligne et d'un appel à contributions. Des contrôles sur pièces et des déplacements à l'étranger à la City de Londres, à Bruxelles ainsi qu'aux Etats-Unis sont également au programme.

Externaliser l'ananlyse du risque de crédit, "une abberation"

"On a vécu depuis les années 1920 une externalisation du risque de plus en plus marquée, en quelque sorte une forme de sous-traitance de l'analyse du risque crédit", a souligné Norbert Gaillard, spécialiste des agences de notation, interrogé ce mardi."Je crois qu'il est temps de responsabiliser les grands investisseurs institutionnels et de faire en sorte qu'ils utilisent leurs propres notes et non plus les notes de Standard and Poor's, Moody's et Fitch", les trois agences centenaires.

"Lorsque vous avez à gérer des centaines de milliards d'euros ou de dollars, il est quand même assez délirant que vous externalisiez une fonction fondamentale qui est l'analyse du risque de crédit: c'est une aberration", a-t-il lancé.

Manque de fiabilité?

L'économiste a par ailleurs déploré le manque d'effectifs dont souffrent selon lui les agences de notation. "Il y a toujours trop peu d'analystes au sein des agences. Un analyste a eu à noter jusqu'à 35-40 émetteurs de dette au milieu des années 2000, ce n'est pas du tout raisonnable", a affirmé Norbert Gaillard.

"Des analystes m'ont dit officiellement qu'au lieu de réviser la note tous les ans (...) on avait eu au début des années 2000 des révisions tous les deux ans, ce qui veut dire qu'on avait des notes qui n'étaient pas fiables", a-t-il déclaré. "Donc là on a un vrai problème en termes de déontologie, en termes de sérieux", a-t-il déclaré.

Norbert Gaillard a enfin dénoncé le "mimétisme" des agences, qui ne veulent pas "être la dernière à dégrader un émetteur qui fera défaut". "Standard and Poor's a été la première agence à dégrader la Grèce en 2004 puis 2009: c'est clairement un argument de marketing", a-t-il déclaré.

Commentaires 2
à écrit le 14/03/2012 à 11:07
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Il vaut mieux tard que jamais.

à écrit le 14/03/2012 à 9:57
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Ah ! trés occupés nos sénatrices et sénateurs -Trés priviligiés de par leur statut , mais à quoi servent -ils vraiment ? Plutot que de s'inquiéter des agences de notation ils feraient mieux de se préoccuper de la situation financière désastreuse de...

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