La grande misère de l'Autorité palestinienne

Le gouvernement de la Cisjordanie n'arrive plus à joindre les deux bouts financièrement, alors que sa situation politique, diplomatique et sécuritaire se dégrade.
Ramallah, capitale de l'Autorité palestinienne. Copyright AFP

L'Autorité palestinienne traverse une mauvaise passe. Sur le front financier, une crise de liquidités menace de paralyser l'activité du gouvernement. Jihad Al Wazir, le patron de l'autorité monétaire admet que la "limite maximale" d'endettement public auprès des banques locales a été atteinte. Un diagnostique confirmé en termes plus feutrés par le Fonds Monétaire Internationale qui parle de "phase difficile".

Recul de l'aide internationale


Cet état de quasi cessation de paiement résulte en grande partie de la chute de dollars de l'aide annuelle des pays occidentaux et des états pétroliers du Golfe qui soutiennent à bout de bras le budget de l'Autorité palestinienne. Ces subsides qui ont atteint l'an dernier 983 millions de dollars devraient être limités à quelque 600 millions de dollars en 2012, selon la Banque Mondiale. Conséquence : Salam Fayyad, le Premier ministre, lui même un ancien du FMI, n'arrive plus à joindre les deux bouts et assurer la paye régulière des 150.000 fonctionnaires véritable épine dorsale du régime.
Le poids de la dette vis-à-vis des banques frôle pour sa part 1,5 milliard de dollars auxquels il faut ajouter un demi-milliard d'impayés auprès des entreprises privées.

Hausse des impôts suspendue

Il y a quelques mois Salam Fayyad a tenté de trouver une solution en annonçant une hausse des impôts pour les chefs d'entreprises et les classes moyennes. Mais le projet a déclenché une telle vague de mécontentement qu'il a du faire machine arrière. Autre sujet d'inquiétude : la croissance connaît un sérieux ralentissement . Résultat : le chômage est reparti à la hausse et touche près de 28% de la population active de Cisjordanie contrôlée par l'Autorité palestinienne contre 25% à la fin de l'an dernier.

Combats politiques internes


Pour couronner, l'atmosphère politique est devenue délétère. Un exemple : une cour spéciale chargée de la lutte contre la corruption vient de condamner Mohammed Rashid, l'ancien trésorier de Yasser Arafat à 15 ans de prison par contumace et à rembourser 33,5 millions de dollars versés par un fonds d'aide étranger qui auraient été détournés. En réponse à ce jugement, qui a des allures de règlements de comptes, Mohammed Rashid a accusé Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne d'avoir accumulé une fortune de plusieurs dizaines de millions de dollars à l'étranger.

Blocages diplomatiques


Sur la scène diplomatique, les choses se présentent tout aussi mal. Aucune négociation n'est en vue avec le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu qui entend poursuivre la construction dans les colonies de Cisjordanie où vivent 340.000 Israéliens. Faute du moindre espoir d'accord, Mahmoud Abbas a annoncé, lors de sa récente visite à Paris qu'il comptait relancer sa campagne en vue d'obtenir pour la Palestine le statut de pays non-membre à l'ONU. Aussitôt les Etats-Unis ont prévenu qu'ils gèleraient leur aide financière au cas où Mahmoud Abbas s'engagerait sur cette voie. Une menace qui ne peut pas être prise à la légère dans la situation économique actuelle.

Risques sécuritaires


Sur le terrain enfin Mahmoud Abbas avec l'aide de plusieurs milliers policiers et agents de sécurité formés avec l'aide de militaires américains avait réussi ces dernières années à imposer l'ordre dans les villes palestiniennes, qui avaient été la proie de groupes armés palestiniens incontrôlés pendant l'Intifada au début des années 2000. Or ce succès vital pour rassurer les investisseurs privés commence lui aussi à remis en cause. Plusieurs officiers de police accusés d'abus de pouvoirs et de complicité avec des bandes qu'ils étaient censés réprimer, ont été arrêtés ces dernières semaines dans plusieurs villes de Cisjordanie.

 

Commentaires 4
à écrit le 14/06/2012 à 5:05
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Du temps d'Arrafat, sa femme menait grand train de vie à Paris avec l'argent versé à la Palestine par les contribuables européens dont la France. C'était la valse des millions !

à écrit le 13/06/2012 à 16:07
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et ca ne va pas s améliorer faut bien qu il comprenne que si aide il y a du coté de l Europe elle sera pour les pays membres . Et puis des décénies de subventions pour rien ca va bien un moment

à écrit le 13/06/2012 à 14:35
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l'émir du quatar ne serait-il pas bien inspiré de donner un coup de main à ses amis palestiniens plutôt que dilapider son bon argent dans le PSG.

le 13/06/2012 à 15:10
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palestinien avec tous l argent que vous recevez depuis des decennies pourquoi n arrivez vous pas a etre heureux et en paix?

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