Tempête Xynthia : plus de 50 morts, Sarkozy débloque trois millions

Selon un bilan toujours provisoire, la tempête Xynthia a causé la mort d'au moins 51 personnes rien qu'en France. Nicolas Sarkozy, venu sur place, annonce le déblocage de 3 millions d'euros en urgence et l'ouverture d'une enquête. Le nombre de foyers toujours privés d'électricité a été ramené de 500.000 à 70.000.

Même si elle n'a pas été aussi dévastatrice que Lothar et Martin qui, fin décembre 1999, avaient tué 88 personnes et dévasté des forêts entières, Xynthia figure d'ores et déjà comme la tempête la plus meurtrière de ce siècle. Ce lundi, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, annonçait un bilan provisoire de 48 morts. Mais selon le lieutenant-colonel Patrick Vailli, porte-parole de la Sécurité civile, on décompte désormais 51 morts (33 en Vendée,  11 en Charente-Maritime et 2 en Loire-Atlantique), 9 disparus et plus d'une trentaine de blessés.

Visite et annonces sur place de Nicolas Sarkozy

En visite sur place, Nicolas Sarkozy a annoncé ce lundi aux élus de l'Aiguillon-sur-Mer, commune de Charente-Maritime particulièrement frappée par la tempête, qu'il signera dès mardi l'arrêté de catastrophe naturelle permettant notamment le remboursement par les assurances des victimes d'inondations. Il a également promis de débloquer trois millions d'euros pour faire face aux dépenses des victimes. Il a annoncé la prochaine mise en place d'un "plan spécial" pour les ostréiculteurs avec la prochaine venue du ministre de l'agriculture Bruno Le Maire.

Le chef de l'Etat a dit par ailleurs avoir demandé une mission d'inspection au ministère de l'Intérieur et aux services de l'Equipement qui rendra "un rapport dans les dix jours pour comprendre ce qui s'est passé". Il a en outre demandé "un plan digues" à Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie. Et il a lancé : "Il faut qu'on s'interroge pour savoir comment en France au XXIe siècle des familles peuvent être surprises dans leur sommeil et être noyées dans leur maison. Nous devons faire de toute urgence toute la lumière sur ce drame inacceptable et incompréhensible".

Une aide européenne ?

Le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Pierre Lellouche, a indiqué ce lundi à l'issue d'une réunion avec le commissaire européen en charge de la politique régionale, Johannes Hahn : "j'ai demandé à ce que le fonds de solidarité de l'Union européenne soit activé en faveur de la France. Il s'agit d'une "aide précieuse, psychologiquement et politiquement utile". Elle ne permet pas d'indemniser les dommages privés mais peut permettre de rembourser les dommages non assurés à la charge de l'Etat - qui est son propre assureur - comme la remise en état d'infrastructures, le nettoyage des rues ou les hébergements provisoires. L'Etat a trois mois pour recenser l'ensemble des dommages, ce qui va commencer "dès aujourd'hui", a souligné Pierre Lellouche. La France avait obtenu 109 millions d'euros l'an dernier pour la tempête Klaus qui avait occasionné des dégâts essentiellement dans les Landes.
Le Fonds de Solidarité de l'Union européenne (FSUE) a été créé après les inondations qui avaient touché l'Europe centrale au cours de l'été 2002. Son déblocage, sur propostion de Brxuelles, doit obtenir le feu vert du Parlement européen et des 27 Etats membres. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a promis son soutien aux pays les plus touchés par le passage de la tempête Xynthia : France mais avant elle Portugal et Espagne, puis  Belgique et Allemagne.

Nouveau risque

A noter que le risque demeure : la préfecture de la Charente-Maritime a mis en garde ce lundi à la mi-journée contre les nouveaux risques posés par la conjonction de vents de secteur ouest et la grande marée attendue pour la fin de journée. "La montée des eaux qui sera constatée n'aura pas la même importance ni la même violence.

Cependant, pour les secteurs les plus touchés, des phénomènes de submersion peuvent se reproduire". La prochaine marée haute à La Rochelle à 17H26 aura un coefficient de 115. Elle sera "un peu" renforcée par des vents de secteur Ouest qui souffleront alors à 35 km/h avec des rafales pouvant atteindre jusqu'à 80 km/h et "entraîneront une surcote estimée à 20 centimètres". Des "phénomènes de submersion peuvent se reproduire dans les secteurs les plus touchés" prévient la préfecture qui cite les bourgs de Loix, la Couarde et la Passe d'Ars sur l'Ile de Ré ainsi que les communes de Charron, Aytré et Chatelaillon.

Pour savoir comment vous allez être remboursé, selon les dégâts subis, par les assurances - qui ont décidé de repousser jusqu'au 31 mars prochain la date limite de dépôts des dossiers de demande d'indeminisation, cliquez ici.

Un bilan provisoire toujours incertain

Après avoir balayé une grande partie de l'Hexagone entre samedi soir et dimanche après-midi, les violentes rafales ont quitté dimanche après-midi la France et pris la direction de la Belgique et de l'Allemagne. A 20 heures, ce dimanche, le nombre de victimes restaient encore provisoires. Samedi, un enfant a été tué au Portugal, trois personnes ont trouvé la mort dans le nord de l'Espagne et en Allemagne un automobiliste est décédé, ce dimanche après-midi. Mais c'est en France que l'on recense le plus de victimes. "A l'heure à laquelle je vous parle, on en est vraisemblablement entre 45 et 50 morts" déclarait dimanche sur BFM TV, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, à l'issue d'une réunion de crise sous la présidence du Premier ministre François Fillon. Et parmi ces victimes, c'est la Vendée qui paie le plus lourd tribut. Les corps de plusieurs dizaines de personnes, noyées, ont été retrouvés par les sauveteurs. La-Faute-sur-Mer et l'Aiguillon-sur-Mer, deux communes du littoral séparées par un fleuve côtier, ont été en partie inondée après la rupture partielle d'une digue. De nombreux habitants ont dû se réfugier sur les toits, attendant les secours. 25 personnes, sévèrement  blessées ont pu être évacuées vers les hôpitaux de la région tandis plusieurs dizaines de blessé plus légers ont été soignés sur place.

De la Bretagne à l'Auvergne, des milions de Français privés de courant

Xynthia a également provoqué de nombreuses coupures d'électricité. ERDF, la filiale d'EDFchargée de la distribution d'électricité, estime que près d'un million de foyers sont privés de courant. La Bretagne, le Centre, l'Auvergne et le Limousin ont été les régions les plus touchées. Henri Proglio, le PDG du groupe EDF lors d'une visite au siège d'ERDF a précisé que 2.700 agents étaient mobilisés pour rétablir le courant. "Ca se chiffre en heures et en jours selon les situations" a assuré Henri Proglio. C'est dans les communes où les installations électriques souterraines ont été inondées que le rétablissement du courant prendra le plus de temps. Dimanche soir, ERDF avait rétabli le courant dans la moitié des foyers privés d'électricité. Dans la matinée de lundi, ce nombre a été ramené de 500.000 à 220.000 puis à 172.000 et enfin à 70.000 en fin de journée de lundi avec désormais plus de 5000 salariés ou partenaires sur le terrain.

La région parisienne n'est pas concernée par ces coupures. En revanche, les fortes rafales de vents (plus de 100 km/h) de la matinée ont contraint Air France a annulé ce dimanche une centaine de vols, soit 15% de son programme dominical. Le trafic à Roissy et Orly s'est progressivement rétabli dimanche soir.

Le téléphone également touché

France Télécom a annoncé que nombreux de ses clients, dans la téléphonie fixe et l'Internet (170.000 au total) ainsi que dans le mobile avec Orange subissaient des interruptions de service en raison des dégâts causés par la tempête. 2000 techniciens ont été dépêchés sur le terrain pour tenter d'y remédier au plus vite.

Trains : des retards pouvant aller jusqu'à trois heures

La circulation des trains a également été considérablement affectée ce week-end. Un grand nombre de TGV n'ont pu rouler qu'à vitesse réduite. Sur les axes Paris-Bordeaux, Paris-Nantes et Paris-Brest, la SNCF annonçait des retards pouvant aller jusqu'à trois heures. Dimanche après-mdi, le réseau Est a été à son tour très perturbé par des chutes d'arbres sur la voie. Entre Paris et Strasbourg, les TGV ont accusé des retads pouvant aller jusqu'à 3 heures. 

François Fillon  :"C'est une catastrophe nationale"

L'Elysée a demandé "au gouvernement d'agir sans attendre". François Fillon a tenu dimanche une réunion d'urgence avec quelques ministres. Au sortir de cette réunion, François Fillon s'est adressé directement aux Français devant les caméras qui l'attendaient au perron de Matignon:  "C'est donc une catastrophe nationale et mes premières pensées vont donc aux familles des victimes auxquelles je veux présenter les condoléances du gouvernement et de la nation", a déclaré le chef du gouvernement sur le perron de Matignon. Le Premier ministre a annoncé dans la foulée que  les arrêtés de catastrophe naturelle seraient publiés "dans les 48 heures". De son côté, le ministre de l'Intérieur a annoncé le déblocage d'un million d'euros en faveur de la Sécurité civile et aux préfets afin de subvenir aux besoins des populations touchées. Le Président de la République a lui aussi présenté ses condoléances aux familles des victimes de la tempête et promis aux départements touchés des mesures de "solidarité nationale" dans les meilleurs délais.

La ministre de l'Economie a de son côté invité les assureurs à prendre leur responsabilité. "Afin de limiter les conséquences de cet événement climatique pour les personnes concernées" ecrit le ministère dans un communiqué, "Christine Lagarde appelle les assureurs à une mobilisation exemplaire afin d'accélérer les procédures d'indemnisation et de réparation, et afin de permettre l'envoi dès que possible d'experts dans les zones concernées afin d'évaluer les dégâts." La ministre de l'Economie souligne par ailleurs que "tous les contrats d'assurance multirisques habitation comprennent obligatoirement une garantie tempête qui couvre les dommages causés par les effets du vent". 

L'agriculture touchée de plein fouet

Jean-Michel Lemétayer , le président de la FNSEA, principal syndicat agricole français, a demandé ce lundi sur France 2 que des mesures soient prises rapidement pour aider les agriculteurs et les ostréiculteurs touchés par la tempête Xynthia. "L'état de catastrophe naturelle doit être pris très rapidement. Il faudra tout de suite engager les démarches car il va y avoir d'énormes pertes, de cheptel certes, mais aussi de culture".

Les petites entreprises ont elles aussi été durement frappées, notamment les éleveurs d'huîtres de la région de la l'Ile de Ré. Ceux qui n'ont pas sosucrit d'assurance "pertes d'exploitation" sont très inquiets. Du coup, le secrétaire d'Etat au commerce et au PME, Hervé Novelli, a annoncé ce lundi matin le déblocage d'aides d'urgence d'un nouveau type.

 Vu sur Youtube : des rafales de vent impressionnantes

Commentaires 2
à écrit le 01/03/2010 à 15:30
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Ce qui est catastrophique, c'est de vouloir habiter les pieds dans l'eau ... quand on veut habiter à tout prix au bord de l'eau ou sur le mont d'une montagne, il faut accepter de pouvoir tout perdre comme à la bourse. les assureurs font payer les ris...

à écrit le 01/03/2010 à 15:09
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vu les degats ... il a du oublier deux zero !

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