Signaux contradictoires pour l'industrie et les services en France

Un ralentissement certain de l'industrie mais un moral des industriels au plus haut depuis deux ans... Une croissance globale des services malgré des signes clairs d'inquiétudes. L'enquête de l'Insee sur le climat des affaires et celle de la société Markit sur l'activité du secteur privé délivrent des signaux contradictoires sur ce mois de juillet.

Une croissance qui s'accélère légèrement en juillet dans le secteur des services mais qui, dans l'industrie, s'affaisse pour retrouver son rythme d'il y a 10 mois. Voilà l'état des lieux que dressent les premiers résultats de l'enquête PMI (portant sur la confiance des directeurs d'achat), publiée ce jeudi par Markit Economics. Pourtant, à en croire l'Insee, qui a dévoilé ce jeudi son indice du climat des affaires, le moral des industriels a atteint ce mois-ci, son plus haut niveau depuis deux ans.

Hausse de l'activité des services, mais...

Sur les services, les experts sont plutôt d'accord. L'indice d'activité mesuré par Markit s'est hissé à 61,3 points en juillet, selon les premières estimations, contre 60,8 points en juin. Il retrouve pratiquement son niveau de mai, bien au-dessus de la barre de 50 qui marque la frontière entre expansion et contraction de l'activité.

Cependant, la croissance des nouvelles affaires a ralenti pour la première fois depuis février et, plus alarmant, le sous-indice mesurant les anticipations des prestataires de services a chuté à un plus bas d'un an, à 66,2 points contre 71,7 en juin. Autant de signes annonciateurs, pour Markit, d'un ralentissement à venir. "Les répondants s'inquiètent de la disparition progressive des effets positifs des mesures de soutien gouvernemental", explique l'étude. De son côté, l'Insee constate que l'indice du climat des affaires dans les services est resté stable en juillet à 98 points, son niveau de juin.

La croissance de l'industrie ralentit

Mais c'est sur l'industrie que les signaux semblent contradictoires. Selon Markit, l'activité dans l'industrie ralentit pour le troisième mois d'affilée et marque un plus bas depuis septembre 2009. L'indice PMI (première estimation) s'est replié à 53,7 points, contre 54,8 en juin et 55,8 en mai.Le sous-indice de la production manufacturière recule à un plus bas de 11 mois de 56,6 points, contre 56,9 en juin, et celui des nouvelles commandes a fléchi à 54,6 points, contre 56,2, là aussi un point bas depuis août 2009. Malgré la dépréciation de l'euro, le sous-indice des commandes à l'exportation est revenu à son niveau le plus bas depuis décembre 2009.

L'enquête sur le climat des affaires publié par l'Insee ce jeudi met également en avant le fait que les carnets de commande, même s'iils se regarnissent, restent considérés comme peu fournis, y compris à l'export. Les perspectives personnelles de production pour les prochains mois se détériorent à nouveau en juillet. En revanche, les "perspectives générales", qui représentent l'opinion des industriels sur l'activité de l'industrie dans son ensemble, restent meilleures qu'en moyenne à long terme.

Au final, l'indice composite - qui intègre services et industrie - a progressé modestement à 59,9 points en juillet, contre 59,6 points en juin. Mais Chris Williamson, économiste chez Markit, relativise la bonne tenue de l'indice composite soulignant que les mauvais résultats affichés par ailleurs (exportations manufacturières, production manufacturière, anticipations du secteur des services) "dénotent clairement un scénario de croissance ralentie au deuxième semestre".

Le moral des industriels au plus haut

Bien que l'activité industrielle affiche un clair ralentissement, l'enquête de l'Insee de ce jeudi sur le climat des affaires montre également que le moral des industriels est... au plus haut depuis deux ans. Il a gagné deux points en juillet par rapport à juin pour atteindre 98 points.

Cet indicateur avait chuté tout au long de la récession pour atteindre un plus bas historique à 70 points en mars 2009, selon l'Institut national de la Statistique. Bien qu'il se soit redressé progressivement depuis, il reste encore au-dessous de sa moyenne de longue période (100 points).

Situation contrastée de l'emploi

Les indicateurs sont également mitigés quant à la situation de l'emploi. L'enquête Markit montre que si l'emploi a encore progressé dans le secteur des services,  les réductions d'effectifs se sont en revanche  intensifiées dans le secteur manufacturier, à leur rythme le plus élevé depuis septembre.

"On compte sur l'amélioration du marché du travail pour avoir une accélération de la reprise, ou simplement le maintien de la croissance à son niveau actuel, et ces chiffres nous disent que ce n'est pas ce qui est en train de se passer", estime Chris Williamson.

Le produit intérieur brut de la France n'a progressé que de 0,1% au premier trimestre, mais les économistes attendent une accélération à +0,5% pour la période avril-juin, dont les chiffres préliminaires seront connus à la mi-août. En juin, l'Insee estimait qu'il faudrait une croissance d'au moins 0,4% aux troisième et quatrième trimestres pour atteindre l'objectif gouvernemental de +1,4% sur l'ensemble de l'année.

 

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