Valérie Pécresse veut accélérer l'ouverture sociale des études supérieures

La ministre de l'Enseignement supérieur souhaite atteindre les 300 cordées de la réussite en 2011 et "passer de l'artisanat à l'industrialisation". Ce dispositif, qui créé des partenariats entre établissements du supérieur et lycées généralement de zones défavorisées, devrait être inscrit dans le code de l'éducation.

Alors que l'association Nos Quartiers ont des Talents, qui rapproche jeunes diplômés des quartiers sensibles des entreprises, organise leurs premières rencontres nationales (La Tribune du 24 novembre 2010), Valérie Pécresse a dressé ce mercredi un bilan du dispositif équivalent amont, les Cordées de la réussite. A l'occasion de la signature de la charte des Cordées de la réussite par une dizaine de représentants du monde de l'enseignement supérieur (présidents d'universités, grandes écoles, classes préparatoires, etc. sachant que 17 ministres l'ont déjà signée), la ministre a salué ce dispositif né en 2008 qui consiste à nouer des partenariats entre établissements d'enseignement supérieur, des lycées à classes préparatoires et des lycées et collèges de zones défavorisés. Objectif : accompagner les collégiens et les lycéens qui y habitent (tutorat, accompagnement culturel, hébergement...) afin de leur permettre d'accéder aux informations qu'ils n'ont pas sur les formations supérieures et de les inciter à poursuivre leurs études. "Il s'agit d'arrêter le délit d'initié au démarrage et le système de sélection par l'échec en passant par des passerelles, du tutorat, de l'information", a rappelé Valérie Pécresse.

254 cordées

Cette année, le dispositif, massivement présent dans les universités, a été élargi aux lycées agricoles, aux établissements des ministères de la Culture et de la Défense et d'enseignement privé. Cent-dix cordées ont été créées (une cinquantaine devrait l'être en 2011), ce qui porte leur nombre à 254 cordées (soit un bon millier d'établissements partenaires en tout) qui ont reçu une enveloppe globale de 5,5 millions d'euros, dont 4,5 millions d'euros du ministère de la Ville. Son nouveau locataire, Maurice Leroy, a assuré que "leur consolidation" est une de ses priorités. De fait, le gouvernement souhaite désormais passer "de l'artisanat à l'industrialisation du processus".

"Les cordées seront ce que vous en ferez. Il faut leur donner de la chair et respecter un cahier des charges précis. C'est l'un des défis de cette année", a lancé la ministre aux signataires de la charte, indiquant que son ministère avait labellisé des cordées "embryonnaires". Pour pousser les participants à respecter ces engagement, la ministre compte inscrire le dispositif dans le code de l'éducation. "Il doit y avoir des obligations et cela doit devenir un axe majeur de la politique éducative. Tout est prêt, il ne reste plus qu'à trouver le vecteur réglementaire ou législatif", indique-t-on dans son entourage.

Critiques

Ce dispositif a le mérite de mener vers les études supérieures des jeunes de milieux défavorisés qui n'ont soit pas accès aux informations ou pratiquent l'auto-censure. Alors que, comme l'indique Claude Boichot, concepteur des cordées et ex-conseiller de Valérie Pécresse chargé de l'orientation et de la formation, les lycéens des quartiers défavorisés qui obtiennent une mention AB au baccalauréat sont généralement de meilleurs éléments que les ceux qui décrochent une mention TB dans les lycées cotés, parfois à coup de cours privés. Il en veut pour preuve les résultats de ces élèves quand ils arrivent à intégrer une classe préparatoire.

Mais certains sociologues de l'éducation reprochent aux cordées de cataloguer les plus méritants, laissant la grande masse des autres élèves sur le bord de la route. Reste aussi aux grandes écoles, au-delà du débat sur les quotas de boursiers, à faire de plus amples efforts pour s'ouvrir davantage. Si certaines ont commencé à travailler sur les épreuves jugées discriminantes de leurs concours (telles celles d'anglais), la plupart estiment leur système déjà "massif et diversifié" et préfèrent critiquer le collège unique et l'amoindrissement du rôle sélectif du baccalauréat.

Commentaire 1
à écrit le 09/12/2010 à 14:05
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On voit le niveau du bac diminuer d'année en année, aujourd'hui il y a beaucoup plus de personne en études supérieures qu'il y a 10 ans, pourquoi ? parce qu'aujourd'hui on favorise plus les diplômes que l'expérience. Moi j'ai choisi une orientation s...

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