L'UMP passe à l'offensive sur les 35 heures

Le parti présidentiel entend dévoiler dès mercredi ses propositions pour faire suite au débat lancé par Manuel Valls. La durée légale du temps de travail hebdomadaire sera, assure l'UMP, au coeur de la campagne présidentielle.
Jean-François Copé, Président de l'UMP Copyright Reuters

L'UMP avancera mercredi des premières pistes pour en finir avec la semaine de travail de 35 heures, un débat que le parti présidentiel souhaite mettre au coeur de la campagne pour l'élection de 2012.
Chargé d'une réflexion sur la question, Hervé Novelli, secrétaire adjoint de la formation, a indiqué mardi qu'il proposerait que les partenaires sociaux puissent négocier librement de questions comme la durée conventionnelle du travail dans le cadre d'un "nouveau contrat social". "Il s'agit d'un sujet stratégique pour 2012", a-t-il déclaré à Reuters.

Le chef du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet, qui anime avec Hervé Novelli un groupe de travail sur le sujet, a expliqué que la France avait perdu du terrain face à l'Allemagne. "Nous sommes plus chers que les Allemands. Les 35 heures n'expliquent pas tout. Elles en expliquent une partie", a-t-il dit mardi sur la chaîne Public Sénat.

Les propos de Valls ont ravi Novelli

Le parti majoritaire a accueilli avec délectation les déclarations du député socialiste de l'Essonne, Manuel Valls, avançant l'idée de "déverrouiller" la loi sur les 35 heures, texte emblématique du gouvernement de Lionel Jospin sur l'organisation du travail. A la tête de l'UMP depuis novembre, Jean-François Copé avait dès le mois dernier affiché sa volonté de s'y attaquer dans le cadre du projet que le parti proposera à son candidat, très certainement Nicolas Sarkozy, pour la prochaine présidentielle. Il avait pour cela chargé Hervé Novelli et Gérard Longuet, deux membres de l'aide "libérale" du parti, d'y réfléchir.

Auteur d'un précédent rapport en 2004 sur l'application de la loi, Hervé Novelli a déclaré qu'il rendrait ses conclusions à la fin du mois, après avoir notamment consulté le patronat et les syndicats.
En attendant, il fera mercredi devant le bureau politique de l'UMP un "état des lieux" de la loi et développera son idée d'un "nouveau contrat social" permettant aux partenaires sociaux de s'approprier une partie de la négociation sur des sujets jusqu'ici traités presque exclusivement par la loi.

"Ce contrat consisterait à échanger sur une période de cinq ans les allégements de charges contre une flexibilité plus grande pour les entreprises et davantage de sécurité pour les salariés", a-t-il dit.
La durée légale du travail étant supprimée, il reviendrait au patronat et aux syndicats de négocier des conventions sur le sujet au niveau des branches.


Depuis son arrivée à l'Elysée, Nicolas Sarkozy n'a pas ménagé ses critiques contre les 35 heures, dans lesquelles il voit une "erreur économique considérable et une erreur sociale". La loi Tepa (travail, emploi et pouvoir d'achat) de 2007 et celle d'août 2008 sur la rénovation de la démocratie sociale et la réforme du temps de travail ont déjà permis au gouvernement de contourner une partie de ses dispositions en assouplissant les possibilités de recours aux heures supplémentaires.

Sarkozy souhaite que le débat soit mené dans le cadre du parti

L'Elysée, qui sort d'une confrontation de plusieurs mois avec les syndicats sur la réforme des retraites, s'est néanmoins bien gardé jusqu'ici de prôner sa suppression pure et simple. Et la réaction initiale du gouvernement à l'initiative de Jean-François Copé, soucieux qu'il est de ne pas voir de nouveaux fronts sociaux s'ouvrir, avait été tiède. Son porte-parole et le ministre des Affaires sociales, François Baroin et Xavier Bertrand, avaient ainsi estimé que les 35 heures avaient bel et bien été enterrées avec la loi Tepa, une position réaffirmée après les propos de Manuel Valls.

Recevant dimanche Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy a donné son feu vert pour que le débat soit mené dans le cadre du parti, indique-t-on dans l'entourage du premier, qui trouve dans cette affaire une nouvelle occasion de se démarquer de son prédécesseur Xavier Bertrand. "Le gouvernement peut dormir tranquille", a déclaré Hervé Novelli, en soulignant qu'il reviendrait au candidat de l'UMP en 2012 de se saisir ou non des propositions du parti. 

"Mais le ministre du Budget ne peut que s'interroger sur la question au moment où il cherche de l'argent partout", a-t-il dit en faisant référence au coût - 22 milliards d'euros - des allègements de charges dont bénéficient les entreprises notamment pour ce qui reste des 35 heures. "Et le ministre du Travail ne peut que constater que la loi de 2008 n'est pas appliquée", a-t-il ajouté. A l'Elysée, on se contente de déclarer que le gouvernement "est à l'écoute des propositions des partis politiques" sur la question.

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