L'Ile-de-France adopte sa nouvelle stratégie d'innovation

La région a voté ce vendredi matin sa stratégie régionale de développement économique et d'innovation d'ici à 2014. Le budget est évalué à 906 millions d'euros.
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Après 18 mois d'élaboration et une semaine de campagne, Jean-Paul Huchon a réussi à faire voter ce vendredi matin son projet de développement économique pour l'Ile-de-France. Le texte a été approuvé par les élus de gauche (PS, EELV, FDG sauf un petit groupe de pro-Mélenchon, PRG-MUP). L'UMP, emmené par Valérie Pécresse, a voté contre, le Nouveau Centre s'abstenant. En amont, le président de la région et le vice-président chargé du développement économique, Jean-Paul Planchou, ont dû batailler pour mettre au point cette stratégie régionale de développement économique et d'innovation (SRDEI) pour 2011-2014.

Aides aux PME de l'industrie

Depuis la loi de décentralisation de 2004, les régions ont comme domaine d'intervention principal le développement économique et ont à ce titre la capacité de se doter de schémas régionaux (SRDE). Celui de l'Ile-de-France (2006-2010) arrivant à échéance, et la crise ayant sévi, "nous avons décidé, en accord avec l'Etat, de nous doter cette fois d'une stratégie de développement pour cibler les grandes orientations", explique Jean-Paul Planchou. La région a identifié deux grandes faiblesses : un tissu trop faible en PME-PMI et des difficultés de trésorerie pour ce type d'entreprises. La SRDEI vise donc principalement à soutenir les PME dans leur démarche d'innovation, en particulier celles du secteur industriel. Parallèlement aux aides traditionnelles aux PME (prêts participatifs..), les crédits d'amorçage, de capital risque et d'investissement vont être triplés à 250 millions d'euros. Quant au fonds régional de garantie créé avec Oseo, doté de 300 millions d'euros en 2009 et de 250 millions en 2010, il va recevoir 20 millions supplémentaires chaque année (région et Oséo). "Les PME ont besoin de trésorerie. L'objectif est d'atteindre 1,2 milliard d'euros garantis en tout en 2014-2015", projette Jean-Paul Planchou. Ces ressources seront regroupées au sein d'une unique plate-forme d'accompagnement des entreprises (fruit de la fusion de plusieurs structures). Pour débloquer ces moyens supplémentaires, l'Ile-de-France va lancer un emprunt de 200 millions d'euros. L'objectif à terme est de porter le nombre de PME de 50 à 200 salariés de 4.500 à 5.000 et celui des entreprises de taille intermédiaire (ETI) de 50 à 100. Autres axes, la valorisation du potentiel d'innovation (aides aux incubateurs et aux pôles de compétitivité, rapprochement recherche-entreprises, expérimentations, etc.) et l'amélioration de l'équilibre territorial.
Le budget est évalué à quelque 906 millions d'euros (456 millions pour les PME, 229 millions pour la valorisation de l'innovation et 157 pour le développement solidaire des territoires) mais compte de tenu de l'impact de la hausse des aides , "c'est 1,5 milliard d'euros qui serait en fait mobilisé" sur la période, fait valoir Jean-Paul Planchou, insistant sur "l'ambition" de la région. Jean-Paul Huchon a d'ailleurs rappelé à l'occasion du vote son objectif de "dépasser d'un point la croissance moyenne des autres régions".

Critiques de l'opposition

Une façon de répondre aux critiques sévères du Conseil économique, social, et environnemental régional d'Ile-de-France (Ceser). Fin mai, l'institution a souhaité dans un avis que la SDREI "soit porteuse d'une véritable ambition", "fédératrice et motivante", pointant l'absence de "la problématique de l'emploi" et préférant "la simplification et le toilettage des aides existantes" à la "création d'aides supplémentaires". Mercredi, Valérie Pécresse, mêlant ses casquettes régionale et nationale de ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, n'a pas ménagé ses efforts pour tacler à son tour la politique de Jean-Paul Huchon. Présentant à la presse un tableau de la direction des collectivités locales, elle a assuré que l'Ile-de-France, qui ne consacre que 4,8 % de son budget au développement économique est "la dernière des régions de France" en la matière. Dans une interview au quotidien "Métro", elle démonte la SRDEI, allant jusqu'à attribuer au manque de soutien de la part de la région l'échec des candidatures franciliennes aux appels à projets du grand emprunt. Ce qui n'est pas confirmé par les avis des jurys du grand emprunt, dont les critiques ont surtout porté sur la gouvernance et la cohérence des projets, y compris pour Saclay, retoqué lui aussi.

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