Hollande se réjouit de l'appel des Européens à relancer la croissance
"Nous avons un pacte budgétaire, nous devons revenir en arrière et en faire un pacte de croissance". La phrase n'est pas de François Hollande, bien qu'il ait souvent tenu ce discours dans sa campagne, mais de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE). Depuis quelques jours, les responsables européens multiplient les appels pour définir une stratégie pour la croissance et tourner la page du tout austérité, qui a eu pour conséquence de plonger plusieurs pays en récession.
En conférence de presse, François Hollande, régulièrement attaqué par son adversaire Nicolas Sarkozy sur sa volonté de renégocier les traités européens, n'a pas caché sa satisfaction. "Et voilà que le président de la BCE vient lui-même de dire que le pacte budgétaire devait être complété par un pacte de croissance (...). Il a même ajouté qu'il serait utile de revenir en arrière et de faire priorité à l'éducation, la recherche, les grandes infrastructures", s'est réjoui le candidat socialiste.
S'il est élu, François Hollande adressera "au lendemain du scrutin", un "mémorandum à tous les chefs d'État et de gouvernement sur la renégociation du traité" sur les disciplines budgétaires. Il a également rassuré sur un éventuel clash avec Angela Merkel, la chancelière allemande. "Je ne pense pas que ce soit la bonne attitude, nous ne sommes pas là pour créer des conflits". Mais "nous ne sommes pas là pour dissimuler non plus des interprétations différentes. Donc j'aurai, si les Français m'en donnent la capacité par le suffrage, à ouvrir cette discusion ferme et amicale avec Mme Merkel".
Sarkozy chasse sur les terres du FN
De son côté, Nicolas Sarkozy, en déplacement en Alsace où le Front national a effectué une percée au premier tour, a confirmé qu'il soumettrait à référendum "avant la fin de l'année 2012" la règle d'or de retour à l'équilibre budgétaire si le Sénat, à majorité socialiste, refusait de voter le projet de loi qu'il a promis en cas de réélection. Une annonce qui a suscité les railleries de Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche). "Cette nouvelle annonce sur la règle d'or n'est qu'un rideau de fumée", a estimé le leader de la gauche de la gauche.
Nicolas Sarkozy a poursuivi son opération séduction à l'égard des 6,4 millions d'électeurs frontistes, sans lesquels il ne peut espérer l'emporter. "Pas d'accord" de partis et "pas de ministres" FN s'il est réélu, a assuré Nicolas Sarkozy. Mais il a redit qu'il se refusait "à diaboliser des hommes et des femmes qui (...) ont exprimé un vote de crise". Le FN est bien "un parti démocratique", a-t-il répété. Le président-candidat de l'UMP a en outre enclenché une nouvelle phase de son offensive en ciblant la promesse du PS d'instaurer le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales. "Si vous ne nous rejoignez pas, alors vous aurez le droit de vote pour les immigrés en France", a-t-il prévenu.
Désireux lui aussi de s'adresser aux électeurs frontistes, François Hollande a choisi l'angle social, promettant de ne pas laisser faire un "cortège de plans sociaux" qui serait en préparation. Mais, lors d'une conférence de presse, il a également fustigé une "course" de Nicolas Sarkozy derrière "les thèses, les mots, les phrases" du FN. Et noté qu'il aurait pu dire "la même chose" que François Bayrou: quelques minutes plus tôt, l'ancien candidat centriste avait accusé auprès de l'AFP le président sortant de valider le discours du FN sur l'immigration.
Le débat de l'entre-deux-tours se tiendra le mercredi 2 mai
Le débat de l'entre-deux-tours entre Nicolas Sarkozy et François Hollande sera diffusé sur France 2 et TF1 mercredi 2 mai ainsi que sur les ondes des grandes radios et chaînes d'information en continu, ont-elle annoncé mercredi. Dans un communiqué commun, France 2 et TF1 ont précisé que le débat serait lancé à 21H00 et animé par Laurence Ferrari et David Pujadas. La durée du débat n'est pas encore définie. Depuis 1974 et le face-à-face entre Valery Giscard d'Estaing et François Mitterrand, le duel télévisé entre les deux finalistes à la présidentielle est traditionnellement organisé le mercredi précédant le second tour.
François Bayrou envoie une lettre aux candidats
Le président du MoDem François Bayrou, arrivé cinquième de la présidentielle avec 9,13%, a adressé mercredi une lettre aux finalistes, François Hollande et Nicolas Sarkozy, avant toute consigne de vote, en précisant qu'il jugera leur "attitude personnelle" autant que les programmes. "Parce que nous allons vivre (des) moments difficiles, l'attitude personnelle des gouvernants comptera beaucoup", écrit François Bayrou dans un courrier de deux pages que l'AFP a pu consulter et qui a été transmis ce mercredi par coursier aux deux finalistes.
"C'est une question de valeurs, personnelles autant que politiques", ajoute-il, en regrettant "la violence des attitudes et des mots, la guerre d'un camp contre l'autre, la complaisance à l'égard des extrêmes qui caractérisent notre pays". François Bayrou cite également dans ses impératifs "le refus de la violence perpétuelle dans la vie politique, les valeurs de respect des sensibilités différentes, la reconnaissance du pluralisme et la recherche de l'équilibre (...) nécessaires à l'esprit d'unité nationale".
Les discours des candidats :