Rapport sur la compétitivité, en 1959... déjà

Le débat sur la compétitivité en France, et sur sa faculté à faire face à la concurrence européenne et internationale paraît caractériser notre époque. Et pourtant, un rapport de 1959, commandé par Michel Debré dans le cadre de ses réformes de modernisation du pays est là pour nous démontrer le contraire.
En 1959, la France est encore un pays agricole - Creative Commons

Comment libérer la croissance ? Comment rendre notre économie compétitive pour faire face à la concurrence internationale et communautaire ? Aujourd'hui, c'est le rapport Gallois qui est supposé nous apporter quelques réponses. En 1959, c'était le rapport Debré. Une année qui s'inscrit dans un contexte particulier. La France a signé le Traité de Rome instituant la Communauté européenne deux ans plus tôt. C'est le début de l'ère de la libre concurrence. C'est aussi le moment où la France s'est peu à peu détournée du colbertisme qui la caractérisait pour s'orienter vers une véritable économie de marché.

Cependant, il est difficile de comparer les époques. A la fin des années 1950, la France est encore au sortir de la guerre, et en paye toujours les pots cassés. L'économie est bien moins libéralisée qu'aujourd'hui et l'agriculture, bien qu'archaïque, y tient encore une place prépondérante. Mais un certain nombre de constats et de propositions ont de quoi mettre la puce à l'oreille. D'autres sont même éloquents, tant ils trouvent une résonance encore aujourd'hui.

>> VIDEO L'allocution de monsieur Michel Debré à Matignon début 1959
JT NUIT - 07/02/1959 - (12min30 / Ina)

Huit mois avant la remise du rapport, Michel Debré explique aux Français qu'il faut moderniser l'économie pour la rendre plus compétitive face au défi de la concurrence internationale, et à la compétition nouvelle instaurée entre les pays membres de la Communauté européenne. Comme une impression de déjà vu.

>> RAPPORT sur les obstacles à l'expansion économique

Les grands axes de réformes ont posé les bases de notre système actuel

? Le marché commun pour favoriser l'expansion économique

Le rapport : « Sur le plan général du développement économique, tout d'abord. Il est certain (...) que la suppression des barrières commerciales existant entre les six pays contribuera à lever les
obstacles à l'expansion qui résultent directement ou indirectement de la politique protectionniste suivie par la France depuis la fin du XIXe siècle. »

Commentaire : Le marché commun vient dêtre créé, avec comme espoir un enrichissement pour tous. C'est toujours l'argument que l'on entend aujourd'hui. On a donc commencé par mettre en place un système basé sur la concurrence et sans frontières. Pour ensuite, adapter notre économie aux nouveaux enjeux de la concurrence...

? Libéraliser l'économie pour faire face à la concurrence internationale

Le rapport : « Mettre nos entreprises à même de faire face à la concurrence européenne. »

Commentaire : Après avoir posé les bases d'un système ouvert à la concurrence, non seulement internationale, mais aussi et surtout à l'intérieur du marché commun, l'économie doit s'adapter. Mais vu l'argumentaire, on a tendance à se demander qui de la poule ou de l'oeuf est venu le premier.

? Maintenir la stabilité des prix

Le rapport : « Les prix des produits et des services jouent un rôle de premier plan dans la distribution des revenus réels et la répartition des dépenses. On comprend donc qu'une certaine stabilité des prix constitue un des moyens essentiels d'une politique tendant à sauvegarder le niveau de vie des salariés et des titulaires de revenus fixes ainsi que, plus généralement la valeur de la monnaie et la confiance qu'elle inspire. »

Commentaire : Cela rappelle fortement un autre discours d'aujourd'hui. Celui de l'Allemagne, qui refuse toute monétisation de la dette publique, et la logique de fonctionnement de la Banque centrale européenne dont le seul mandat est le contrôle de l'inflation.

? Malléabilité et flexibilité, déjà à l'époque

 Le rapport : « De nombreuses situations économiques critiquables trouvent leur origine dans un défaut de malléabilité ou de flexibilité, défaut qui fait obstacle aux adaptations indispensables. »

 Commentaire : Il est expliqué dans le rapport, que le nombre de règles "malthusien" notamment en ce qui concerne le droit du travail, provoque des disparités entre régimes privilégiés et régimes défavorisés. Des arguments qui rappellent les nombreux débats contemporains sur la réforme du droit du travail, et notamment la fameuse "flexisécurité".

? Réformer les retraites ?

Le rapport : « La rupture brutale de l'activité à l'âge de la retraite pose des problèmes d'ordre économique, social et humain. »

Commentaire : Cette phrase très ambiguë, se trouve dans un titre consacré au temps de travail et au repos. Aucune proposition concrète n'est faite dans le rapport. Mais il pose le problème du coût entraîné par le système de retraites.

En 1959... déjà : les insolites

? « Mentalités et comportements indifférents ou hostiles à la réalité »

Le rapport : « La rigidité des structures n'est pas seulement de nature économique. Elle se manifeste aussi par des attitudes psychologiques assez largement répandues et défavorables aux transformations qu'exige notre époque. En partie imputables au poids du passé et à l'influence des groupes d'intérêts, elles révèlent une prise de conscience insuffisante des réalités du monde moderne, donc des lacunes dans l'information de l'opinion et dans la préparation des hommes aux tâches que l'économie attend d'eux. »

? Ouvrir la profession de taxi... le clin d'?il à Jacques Attali

« La limitation réglementaire du nombre des taxis nuit à la satisfaction de la demande et entraîne la création de situations acquises. »

 

Commentaires 18
à écrit le 11/11/2012 à 8:52
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Votre article est de la pure désinformation : la véritable cause de la remise en ordre de l'économie française est le plan DE GAULLE/RUEFF de 1958 appelé improprement PINAY/RUEFF, plan qui nous donna dix ans de prospérité sans CHOMAGE, nous remis à l...

à écrit le 10/11/2012 à 17:34
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pour le commentaire sur la stabilité des prix qui serait le discours de l'allemagne aujourd hui, elle etait de combien l'inflation à l'epoque ? aujourd hui le pb, c'est pas l'inflation

à écrit le 10/11/2012 à 16:34
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Une pétition à signer qui est soutenue par des économistes de premier plan tes que Jean-Luc Gréau, Jacques Sapir, Gérard Lignac, Philippe Murer ou Hervé Juvin. http://www.debout-la-republique.fr/article/signez-la-petition-pour-un-protectionnisme Me...

à écrit le 10/11/2012 à 16:19
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L'État au régime de René Dosière Gaspiller moins pour dépenser mieux L'État doit donner l?exemple. En ces temps de crise, la transparence de la gestion publique est une nécessité morale, politique, économique. C?est donc une urgence. La Méthode Dosiè...

à écrit le 10/11/2012 à 16:18
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Circus Politicus" livre de Christophe Deloire et Christophe Dubois, éditions Albin Michel. Résumé: Mesure-t-on les conséquences du Putsch qui a été commis à notre insu, contre la démocratie ? Après l'immense succès de Sexus Politicus, Christophe De...

à écrit le 10/11/2012 à 15:54
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le probleme, est que l'occident a voumlu faire des profits a court terme, et s'enrichir sur des pays en voies de developpement...sans penser au moyen et long terme, qu'ils developpaient ces pays et par consequent, une concureence deloyale allait se m...

le 10/11/2012 à 16:15
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Vous semblez encore ignorer que le salaire moyen des chinois est de 150 euros par mois et que leur monnaie le yuan est sous-évaluée volontairement. De plus les chinois mettent des droits de douanes sur nos exportations ! Il nous faut les mêmes outils...

à écrit le 10/11/2012 à 15:35
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De Gaulle est revenu au pouvoir en 1958, et c est sous sa présidence que la France s est relevée. Il est vrai que ce n est pas avec la 4ème République, la République des Partis, qu'elle allait s en sortir, et c est la raison pour laquelle les frança...

le 10/11/2012 à 19:03
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si vs voulez faire oeuvre d'historien, n'oubliez pas svp le bilan de la IVè où débutent les Trente Glorieuses et ne vous méprenez pas sur son action économique, sociale et scolaire mais c'est vrai qu'il est occulté par bien de ses adversaires:en fait...

à écrit le 10/11/2012 à 15:16
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L'Europe ne nous donne pas les outils pour nous battre contre une concurrence déloyale, croyez-vous que les autres pays du monde ne font pas un minum de protectionisme ! Il faut lire et vous renseigner en dehors des experts autoproclamés ! Alors qu...

le 10/11/2012 à 17:49
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Voilà le discours type de l'anti européen....si la France n'avait pas l'Europe, dieu seul sait où nous serions rendu....allons, déjà Calvez en son temps tenait le m^me discours....il prônait une dévaluation du franc toute les semaine.....pour rendre ...

le 10/11/2012 à 18:03
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Je ne suis pas contre l'Europe mais contre cette Europe dévoyée. Votre naïveté est déconcertante et sert les intérêts des ultra-libéraux, allez voir la conférnece http://www.u-p-r.fr/videos/conferences-en-ligne/pourquoi-leurope-est-elle-comme-elle-...

à écrit le 10/11/2012 à 15:08
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Le problème de la compétitivité c'est également celui de la vision des entrepreneurs et des politiques. Je m'explique : les entrepreneurs doivent être capables de produire le meilleur produit ou d'offrir le meilleur service avant tous les autres conc...

à écrit le 10/11/2012 à 14:08
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Le problème français ne vient-il pas du fait que nous soyons en concurrence directe avec des pays qui produisent les mêmes produits que nous moins chers? Si on regarde les produits de luxe ( absence de concurrence), la France n'est pas inquiétée....t...

le 11/11/2012 à 14:21
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Tout à fait, les voitures françaises sont bonnes techniquement, mais ont un design absolument médiocre, contrairement aux allemandes ou aux italiennes. La France n'est pas très douée en design, et les produits de qualité se différencient par le desig...

le 11/11/2012 à 22:10
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Même le design des coréennes qui est fait en Allemagne est plus réussi que celui des Renault et Peugeot/Citroën...

à écrit le 10/11/2012 à 12:51
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Ce que le gouvernement doit expliquer, c'est les 4 décennies de sous-investissement en technologies, synonyme bien entendu de mort économique de la France et la spoliation des jeunes dans l'emploi. On parle d'une réforme de l'éducation, ce que le gou...

à écrit le 10/11/2012 à 12:25
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encore un petit effort,et on s'apercevra que c'est notre constitution n'est pas adaptée au monde

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