La reconnaissance, très discutée depuis sa révélation, vient tenter de célébrer le fait que : "L'Union et ses ancêtres contribuent depuis plus de six décennies à l'avancement de la paix et à la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme en Europe".

Un mouvement qui a renouvelé le vieux monde
Nous l'oublions facilement, mais au delà de ce marché commun très ouvert aux autres, nous vivons dans un espace libre de mouvement et sans frontière et surtout sans affrontement militaire depuis sa création. Submergés par la crise et la mondialisation nous ne mesurons plus ce que cela a d'incroyable. Un mouvement qui a renouvelé le Vieux monde au sortir de 2 conflits destructeurs. Le succès inédit de cette expérience toujours en vie, ne se mesure pas par un trophée, mais par le nombre de candidats pays ou individus qui frappent encore à sa porte.
Ce sont les autres, américains, africains, sud américains, chinois ... qui définissent le mieux l'Union. Un adversaire à éliminer, un marché sans équivalent, une destination de vie, ...

Une union progressivement renationalisée
Pourtant l'Europe a changé, regardons la en face. Nous sommes 27 dans une maison conçue pour 6 ! La compétition économique, diplomatique et institutionnelle s'accroit entre ses membres. L'Union s'est même progressivement renationalisée à la faveur des élargissements successifs et notamment celui de 2004 qui consacra le retour de l'Allemagne comme puissance majeure. La crise économique et la mondialisationdestabilisent l'édifice. Le chacun pour soi nous guette pour ne pas dire qu'il est déjà là !
Pendant ce temps notre marché commun reste largement ouvert aux acteurs économiques étrangers. Et l'Europe démocratique est aussi un espace de régulation très disponible aux actions d'influence venues de l'extérieur. Les institutions qui préparent, votent et mettent en ?uvre notre droit européen depuis Bruxelles sont ouvertes aux arguments de tous, européens ou non, comme peu de systèmes le sont.

Manque de lisibilité
Ces mêmes institutions si transparentes manquent pourtant de lisibilité. Commission, Parlement et Conseil sont des organisations impersonnelles. Quel européen connaît les noms et visages du trio officiel qui a fait le voyage d'Oslo pour recevoir le prix Nobel au nom des 500 millions de citoyens Européens : Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, José Manuel Barroso son homologue à la Commission, et Martin Schulz, à la tête du Parlement.
Au c?ur de cet échec temporaire de la lisibilité de la démocratie européenne, un Parlement pourtant largement en progrès dans l'équilibre des rapports de force institutionnel, mais qui peine à émerger. Au delà de l'omniprésence du Conseil qui s'est installé comme un gouvernement de l'Europe, c'est aussi le choix des eurodéputés, totalement national, qui fait question et qui doit être corrigé à l'approche du renouvellement de 2014.
L'Union européenne, même durement affectée par la crise, divisée sur son budget, demain régionalisée, ... imparfaite, n'est pas une abstraction, mais l'identité européenne se cherche encore.

Dépasser  le passé

Née d'une histoire guerrière, l'Europe nous a proposé un modèle de vivre ensemble. La démocratie, la liberté d'expression et de culte n'ont pas de prix mais ça n'est plus suffisant. L'une des réalisations les plus incroyablement utopiques du XXe siècle doit dépasser le passé et le présent et devenir pour le XXIe siècle l'avocat du futur que les Père fondateurs de l'Union avaient imaginé. Il ne s'agit pas de faire aimer l'Europe. Pas besoin de prix, ni de spin doctors, mais des politiques engagés et visionnaires construisant, dans la guerre économique, les rêves et ambitions légitimes de 500 millions d'européens.

*Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne
Conseil en communication d'influence
Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals