Financement de la protection sociale : un rapport recommande le statu quo

Le Haut conseil au financement de la protection sociale a remis son rapport d'étape au Premier ministre. Il imagine ce que pourrait être un nouveau financement de la protection sociale, notamment la politique familiale. Dans les divers scénarios évoqués, le Haut conseil ne semble pas très favorable à transférer les cotisations "famille" des entreprises vers la CSG. En revanche, il propose de revoir toute la "tuyauterie" (cotisations, impôts, taxes, etc.) qui permet de financer les caisses maladie, vieillesse et famille pour clarifier les ressources.
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C'est fait, le Haut conseil du financement de la protection sociale, présidée par Mireille Elbaum, a remis ce 7 juin son rapport d'étape au Premier ministre sur « la clarification et la diversification du financement des régimes de protection sociale ». Un rapport très attendu par le patronat, Medef en tête, qui n'a de cesse pour rétablir la compétitivité du « made in France » de demander un allégement du coût du travail. Concrètement, le patronat souhaite que les entreprises ne financent plus la politique familiale (5,4 points de cotisation) dont le coût devrait être pris en charge par l'ensemble de la population, via une augmentation de la CSG ou 'l'instauration d'une TVA sociale.

Le rapport du Haut conseil défend l'idée de "constance" dans les prélèvements supportés par les entreprises et les ménages

Sur ce point, le rapport d'étape devrait décevoir les organisations patronales. En effet, dans ses conclusions, il privilégie divers scénarios basés sur la « neutralité, la constance du montant global des prélèvements supportés par les entreprises et les ménages ». Il ne semble donc pas très enthousiaste à l'idée d'un abandon pur et simpledu finacement par les entreprises de la politique familiale. Selon le Haut Conseil, c'est la lettre de mission du Premier ministre, en date du 6 novembre 2012, qui justifie la position adoptée en insistant sur la "neutralité". C'est tout juste s'il reconnaît que l'hypothèse d'une réduction des cotisations sociales patronales en échange d'une augmentation de la TVA ou de la CSG a été évoqué : « ses incidences n'ont pas donné lieu à une étude nouvelle spécifique, mais les modélisations économiques couramment utilisées montrent qu'elles dépendraient de la progressivité des allégements envisagés, du type de prélèvement mobilisé en contrepartie, et des hypothèses relatives aux comportements de marge des entreprises et au mode de fixation des salaires.

Divers scénarios pour échanger les ressources finacières  entre assurance vieillesse et assurance maladie

 En revanche, le Haut Conseil répond favorablement à la demande des organisations patronales de ne plus (ou moins ) financer la politique familiale. Aussi, mais à montants constants, ses divers scénario « transfèrent des points de cotisations sociales à la charge des entreprises de la branche famille vers la branche vieillesse de la sécurité sociale , et réaffectent à due concurrence des impôts et taxes vers la branche famille, soit en provenance de la seule branche vieillesse, soit en prévoyant le cas échéant des transferts complémentaires entre les branches vieillesse et maladie. Bref, tout un dispositif de tuyauterie. Trois scénarios sont donc proposés :
- un premier scénario, procédant de façon bilatérale entre la branche famille et la branche
vieillesse, échangeraient des cotisations à la charge des employeurs et des impôts et
taxes ;
- un second scénario entraînant des réaffectations plus importantes des impôts et taxes
aujourd'hui attribués aux branches famille et maladie, de façon à concentrer au sein de
cette dernière l'ensemble des taxes à visée comportementale (tabac, alcool) ;
- un troisième scénario substituant par ailleurs au sein des prélèvements à la charge des
ménages de la CSG aux cotisations sociales à la charge des salariés.

Pour le Haut Conseil, les deux premiers scénarios ont le mérite de permettre « une remise en ordre significative des impôts et taxes, notamment ceux à visée comportementale, entre les branches famille, vieillesse et maladie de la sécurité sociale ». Cependant, en raison du « butoir » - les énormes besoins de financement - que constitue le montant des taxes affectées à la branche vieillesse et le cas échéant au FSV, ils ne permettent de diminuer les cotisations sociales « famille » à la charge des employeurs que de 1,6 à 2,1 points. En revanche, le troisième scénario peut être gradué en fonction du montant souhaité de transfert des cotisations « famille », dans la limite des 5,4 points s'appliquant aujourd'hui. La concrétisation de ces scénarios pourrait passer par la combinaison de certains d'entre eux.

Le rapport pas très favorable à un abandon du financement de la politique familiale par les entreprises

Une première combinaison consisterait à coupler l'hypothèse évoquée d'allégement des cotisations sociales « famille » à la charge des employeurs et une substitution partielle de la CSG aux cotisations salariales vieillesse, telle que l'envisage le troisième scénario. Elle aboutirait
toutefois à un allégement net des prélèvements acquittés par les entreprises, qui ne se situerait pas dans la perspective de « neutralité globale » de la répartition des prélèvements entre ménages et entreprises.... La grande demande des entreprises. Une autre combinaison, qui se situerait elle dans le cadre de cette neutralité, consisterait, selon le Haut conseil, à associer à la réaffectation de recettes fiscales entre les branches maladie et famille du deuxième scénario une diminution plus importante des cotisations employeurs « famille », assortie d'une substitution de la CSG aux cotisations salariales « vieillesse », tel qu'envisagée dans le troisième scénario. Elle soulève toutefois la question de l'opportunité d'une disparition de la contribution des cotisations sociales patronales au financement des prestations versées par la branche famille de la sécurité sociale.... C'est en effet toute la question.

Ce chantier du financement de la protection sociale va animer les débats pendant quelques mois. La question sera sur la table de la grande conférence sociale des 20 et 21 juin. Mais aucune décision concrète n'en ressortira.
Statu quo
 

Commentaires 32
à écrit le 10/06/2013 à 13:26
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la boite a panDORS est ouverte qui a raison qui a tort?? on verra bien au mois de juin ce que nos tecnocrates de l ena ont pondu?? il faut attendre

à écrit le 09/06/2013 à 11:44
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Toucher le quotient familial est une erreur de plus de Hollande...Il touche bcp de couples qui travaillent... les autres, dont les revenus sont inférieurs à 5200?/mois verront leur revenu fiscal de référence augmenter...le prix de la jurnée de crèch...

le 09/06/2013 à 18:52
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Il faut plutôt tendre vers un revenu de base donné aussi aux enfants financé par une grande CSG. C'est le plus simple et le plus juste. L'IRPP est mité par les niches et devient complètement inefficace.

le 10/06/2013 à 14:36
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Oui mais l'IRPP est progressif alors que la CSG ne l'est pas (ou pas encore). Remplacer un impôt progressif par un impôt proportionnel (taux fixe indépendant du revenu) revient à augmenter l'impôt des pauvres pour diminuer l'impôt des riches. On comp...

à écrit le 08/06/2013 à 21:15
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Le Haut Conseil ne donne pas de bons conseils. Il est complètement évident qu'il faut sortir de l'assiette des salaires et donc transférer massivement les charges vers l'impôt. Après on peut discuter de quelles charges vers quels impôts (je penche mo...

le 09/06/2013 à 15:26
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Enfin une bonne proposition.J'ajouterai de prévoir le financement des retraites par une taxe sur l'énergie;cela permettrait de réduire le chomage,d'améliorer la compétitivité et en plus de protéger le climat.Notre raisonnement en matière de retraites...

le 09/06/2013 à 18:01
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@ Gépé: vous commencez à nous casser les pieds avec vos taxes sur l'énergie !

le 09/06/2013 à 18:45
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Je sais que l'idée de cette taxe perturbe pratiquement tout le monde,mais un rapport qui envisage de transférer sur l'énergie une partie de la fiscalité qui affecte le travail est en ce moment sur le bureau du Premier ministre.J'espère qu'il le lira....

à écrit le 08/06/2013 à 11:05
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Une question me taraude Comment se fait-il que la compétitivité des entreprises ne s'améliore pas. Pourtant au cours de ces dernières années, elles ont eu droit à beaucoup d'effort de la nation Meme les 35h pourtant décriées ont eu des effets positiv...

le 08/06/2013 à 12:00
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Vous posez la bonne question;vous pouvez trouver la réponse dans la note N°6 du conseil d'analyse économique;la compétitivité dépend de l'énergie,en particulier de la relation entre cout du travail et prix de l'énergie;il faut transférer sur l'énergi...

à écrit le 08/06/2013 à 9:57
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La France paye cher l election de hollande !!! Il est pret ?echirer le pays pour avoir une chance de reelection ... Sa seule idee , se retrouver face ?n extreme au 2 eme tour et l emporter !!! Mais et si l extreme etais elu ??? En attendant , on s en...

le 08/06/2013 à 10:26
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Le pire c'est qu'il risque d'être réélu vu qu'il n'y a rien de mieux en face.

le 08/06/2013 à 17:39
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Oui, ça donne le niveau de compétence de nos élites.

à écrit le 08/06/2013 à 9:38
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Et si on s'attaquait aux dépenses inutiles et à la fraude qui siphonnent les poches des honnêtes travailleurs ?!?

le 10/06/2013 à 14:39
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L'essentiel du montant de la fraude c'est la fraude des entreprises qui ne paient pas leurs charges et paient leurs travailleurs au noir (notamment dans le BTP et la restauration, entre autres).

à écrit le 08/06/2013 à 9:27
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les français financent bien assez(trop?) la "protection sociale". Ce qu'il faut surtout c'est s'intéresser aux prestations. En clair: est-ce qu'on en a pour notre argent

à écrit le 08/06/2013 à 7:46
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L'énergie remplace le travail en améliorant la productivité;l'énergie doit prendre en charge les cotisations affectées au travail qu'elle remplace.

à écrit le 07/06/2013 à 23:21
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"Le rapport du Haut conseil défend l'idée de "constance" dans les prélèvements" .. Ben voyons : surtout ne rien changer : tout va bien actuellement, notre économie est en plein boom, le chômage est en chute libre et les entreprises ont des capacités ...

à écrit le 07/06/2013 à 22:24
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Faut fermer la branche famille car on a plus besoin de politique familiale (ce qui en soit est une politique). Le PIB stagne et stagnera forever donc si la population augmente la PIB/hab diminue donc la part est plus fine.

le 08/06/2013 à 9:36
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Allez dire ça aux rentiers retraités...

le 08/06/2013 à 10:25
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Hein, quoi, on me parle ?

le 08/06/2013 à 21:24
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Le rentier retraité n'existe pas puisque la retraite est un salaire différé ;o)

le 09/06/2013 à 10:33
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Non,la retraite n'est pas un salaire différé mais un moyen pour répartir les richesses produites par les actifs;c'est l'erreur que nous faisons tous.Ce moyen doit affecter tous les termes de la valeur ajoutée,et en particulier l'énergie.

le 09/06/2013 à 19:04
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Le salaire différé c'est ce qui permet de calculer les droits justement (car c'est le minimum vieillesse qui est de la solidarité, pas la retraite)..par contre la ressource qui sera répartie au prorata des droits est effectivement issue du PIB de l'a...

le 09/06/2013 à 20:49
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Tout ce raisonnement relatif aux retraites mériterait un livre de 300 pages.Qui l'écrira?Il faudrait auparavant faire l'inventaire de tous les mauvais raisonnements.Merci.

à écrit le 07/06/2013 à 21:40
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ACDC n'est pas mal non plus.

à écrit le 07/06/2013 à 20:06
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C'est incroable un tel discours. Comme le premier sinistre dit, il faut pas toucher à la répartition On étudie pas les solutions de TVA sociale? De qui se moque t on,? Des chômeurs Quand les socialiste appliqueront les théories de Marx a savoir que...

le 09/06/2013 à 18:59
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C'est sûr qu'il est très étonnant que personne ne propose le financement de la retraite par la TVA car c'est vraiment ce qui vient d'abord à l'esprit : redistribuer à 25% de la population (les seniors) 25% de la consommation des français (la TVA) pou...

à écrit le 07/06/2013 à 19:37
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Nous avons pour les actifs un léger souci, pour les entreprises aussi donc pour les chômeurs, le déficit du FSV soit 45% de la protection sociales (les charges), 20 milliards et 13 pour la sécu. Qui paye ?

à écrit le 07/06/2013 à 19:06
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Il faut tout faire pour sortir le financement de la potection sociale de la valeur ajoutée des entreprises;cela permettra de réduire le cout du travail sans changer le montant des prestations.

à écrit le 07/06/2013 à 19:06
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Il faut tout faire pour sortir le financement de la potection sociale de la valeur ajoutée des entreprises;cela permettra de réduire le cout du travail sans changer le montant des prestations.

à écrit le 07/06/2013 à 18:47
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Il faut continuer à ponctionner les entreprises comme cela quand il n'y en aura plus, on ira faire la manche chez Angela. On n'ose imaginer de quelle sommités est compose ce haut conseil...

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