Démonstration de force des "bonnets rouges" en Bretagne

Par Adeline Raynal  |   |  703  mots
Les manifestants étaient entre 10.000 et 30.000 à Quimper ce samedi 2 novembre. Une majorité portait le bonnet rouge, symbole de la lutte anti-fiscale du XVIIe siècle.
10.000 à 30.000 personnes ont manifesté à Quimper, dans le Finistère samedi pour protester contre l'écotaxe et pour soutenir l'emploi dans leur région. L'ambiance était tendue et des blessés légers sont à déplorer. Un portique de contrôle de l'écotaxe situé sur la route nationale N24 à proximité de Saint-Allouestre a été détruit.

Samedi 2 novembre marquait une journée phare de la révolte bretonne. Entre 10.000 et 30.000 personnes (selon les sources) ont convergé vers la ville de Quimper pour protester contre l'écotaxe et pour l'emploi en Bretagne.

De nombreux commerçants avaient baissé leur rideau en signe de soutien, et aussi afin d'éviter la casse. Et pour cause, malgré les mesures de sécurité prises par les autorités - des centaines de policiers et gendarmes étaient mobilisés-, des échauffourées ont éclaté dès le début de la manifestation de Quimper, dans le Finistère. Cibles de jets de pierres et de pavés de la part d'une minorité de manifestants, les forces de l'ordre ont répliqué avec un canon à eau et des lacrymogènes.

Des manifestants coiffés de bonnets rouges, symbole de la lutte anti-fiscale du XVIIe siècle, ont tenté d'escalader les grilles de la préfecture et ont mis le feu à des palettes. Des jets de pots de fleurs et de barres de fer ont également été observés. La préfecture a signalé plusieurs blessés légers lors de ces échauffourées.

Des pots de chrysanthèmes jaunes, oranges, roses et violettes ont été alignées sur un côté de la place, afin de symboliser " la mort de l'économie et de l'emploi en Bretagne", a déclaré Olivier Billon, président du syndicat Jeunes agriculteurs du Finistère.

Selon lui, ce rassemblement "est le début d'un grand mouvement. (…) On va montrer à l'État qu'on n'est pas d'accord avec les décisions prises à Paris".

De son côté, Christian Troadec, maire Divers Gauche de Carhaix et l'un des principaux organisateurs de ce rassemblement, s'est félicité de l'affluence à la manifestation. "Nous sommes plus de 30.000 à Quimper aujourd'hui. Ce jour fera date", a-t-déclaré à l'Agence France Presse.

La manifestation s'est poursuivie jusque vers 17h50, lorsque les organisateurs ont donné ordre de dispersion. Ensuite, la foule s'est peu à peu dispersé, mais certains ont continué de faire face aux forces de l'ordre à la nuit tombée, comme en témoigne ce tweet de la journaliste envoyée spéciale du Monde :

Vers 19h15, la tension était encore montée d'un cran, les affrontements se poursuivaient.

Dans le département voisin du Morbihan, un portique de contrôle situé sur la route nationale N24 à proximité de Saint-Allouestre a été incendié vers 14h puis s'est ébranlé.

 Il s'agit du quatrième portique visé par des manifestants ces dernières semaines en Bretagne après ceux de Guiclan, Melgven, et de Pont-de-Buis-lès-Quimerch. Quatre radars automatiques ont par ailleurs été détruits vendredi 1er novembre par des pneus enflammés dans le Morbihan. Le parquet a ouvert une enquête.

Enfin à Cahraix, il y aurait entre 500 et 2.000 personnes à la manifestation organisée à l'appel de la CGT et du Front de gauche et à laquelle Jean-Luc Mélenchon avait incité à se rendre ce samedi matin. Visiblement, peu de bretons ont suivi ses conseils.

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Pour les salariés bretons, en particulier ceux de l'agroalimentaire, la bataille va continuer. Samedi soir, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a invité "toutes les parties prenantes à se retrouver" autour du "Pacte d'avenir pour la Bretagne" qu'il avait annoncé dès le 16 octobre. Cette mesure comprend une enveloppe de 15 millions d'euros d'ores et déjà disponible. Quatre millions sont destinés à la filière de la volaille pour des aides de trésorerie et onze à la modernisation des abattoirs, tant pour les filières avicole et porcine.

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