Le gouvernement espère des jours meilleurs en 2014

Par Fabien Piliu avec AFP  |   |  1012  mots
La reprise sera-t-elle au rendez-vous en 2014 ?
Les difficultés économiques et sociales, les contestations contre la politique du gouvernement ont été nombreuses en 2013. En 2014, François Hollande espère faire reculer durablement le chômage et renouer durablement avec la croissance. Pour atteindre ces deux objectifs, les mêmes qu'il s'était fixé pour 2013, le président de la République présentera sa méthode le 14 janvier au cours d'une conférence de presse.

Encore quelques jours et le millésime 2013 se conjuguera au passé. Pour l'exécutif, tourner cette page devrait être un soulagement tant les difficultés économiques et sociales ont été nombreuses. 

En 2014, François Hollande l'a en tout cas assuré lors du dernier conseil des ministres: ses "deux exigences" seront de "faire reculer durablement le chômage" et de "renouer durablement avec la croissance". Pour atteindre ces deux objectifs, les mêmes qu'il s'était fixé pour 2013, le président de la République présentera sa méthode le 14 janvier au cours d'une conférence de presse.

En attendant, faisons un petit retour sur l'année 2013.

Le marché de l'emploi reste toujours bloqué

Première préoccupation des Français, le chômage, qui touche plus de 3 millions de personnes, est naturellement resté au premier plan. Il a fallu attendre octobre pour qu'après une hausse quasi ininterrompue depuis avril 2011, le nombre des demandeurs d'emploi sans activité baisse enfin.

Mais les chiffres de novembre sont repartis à la hausse. Toutefois, le président François Hollande qui avait répété ce credo toute l'année, a maintenu que l'inversion de la courbe du chômage était "bien amorcée". Michel Sapin, le ministre du Travail est sur la même longueur d'ondes, sans surprise

Pour qu'elle se confirme dans la durée, le gouvernement table notamment sur les emplois d'avenir (près de 100.000 signés en 2013) et les contrats de génération, dispositif lancé cette année.

Mais les économistes rappellent qu'environ 1,5% de croissance annuelle est nécessaire. Or on en est loin.

Une conjoncture délicate

A peine remise des aveux de Jérôme Cahuzac sur son compte bancaire en Suisse, la France a en effet appris en mai qu'elle avait vécu un épisode de récession fin 2012 et début 2013.

Celui-ci a finalement laissé place à une timide reprise au deuxième trimestre, qui n'a pas empêché le retrait par l'agence Fitch du dernier AAA, en juillet.

Mais l'éclaircie a été de courte durée car ce rebond de 0,6% du produit intérieur brut avait des origines que plusieurs économistes qualifient d'"artificielles", comme un sursaut de la consommation énergétique dû à des températures anormalement fraîches au printemps.

Redevenue négative au troisième trimestre (-0,1%), la croissance était annoncée meilleure en fin d'année (+0,4%).

Au total, elle devrait être de 0,2% sur l'année et connaître une "reprise poussive" début 2014, ce qui explique que la commission européenne a donné jusqu'en 2015 pour réduire le déficit public à moins de 3% du PIB.

Parallèlement, l'année 2013 a été marquée par un niveau "historiquement élevé" de faillites d'entreprises (62.500 défaillances, contre 60.500 en 2012, selon la Coface).

Mais ce sont surtout les plans sociaux et autres menaces sur l'emploi qui ont été spectaculaires: de l'annonce de la fermeture de l'usine de Goodyear Amiens-Nord (1.173 employés) aux dépôts de bilan de Mory Ducros (5.000 personnes) ou de FagorBrandt (1.800), en passant par la liquidation de Virgin (un millier de salariés) ou plus récemment de LFoundry (613 salariés).

L'année 2013 aura aussi été celle qui aura vu la dernière voiture sortir de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois avant sa fermeture, et l'arrêt définitif des hauts-fourneaux de Florange après 20 mois de lutte sociale.

Les partenaires sociaux à la rescousse

Face à cette cascade de mauvaises nouvelles, le gouvernement espère que les entreprises s'appuieront sur sa loi de sécurisation de l'emploi, promulguée en juin. Le texte, qui invite les entreprises en difficulté à négocier avec les syndicats, est le fruit d'un accord entre les partenaires sociaux qui sont également parvenus à s'entendre en fin d'année sur la réforme de formation professionnelle.

Les atermoiements du gouvernement dans le domaine fiscal

Alors que le gouvernement aurait pu s'attendre à une contestation sociale de sa réforme des retraites, son adoption définitive a eu lieu le 18 décembre, sans avoir provoqué de grosse agitation.

C'est en fait du côté fiscal qu'est venue la fronde. Les Français ont découvert à leur retour de vacances sur leurs avis d'imposition l'ampleur des augmentations votées un an plus tôt. Aidée par un patronat revigoré par un nouveau président du Medef, Pierre Gattaz, l'opposition s'est engouffrée dans la brèche.

Bercy s'est alors retrouvé dans la position délicate de préparer un budget 2014 en plein débat sur l'impôt. Résultat, le texte fut largement dominé par des économies (15 milliards).

Mais la grogne n'a pas cessé pour autant, car c'est plus de 10 milliards d'euros que les ménages devront débourser en plus au profit des entreprises.

Celles-ci doivent en effet bénéficier du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), une baisse de 4% des cotisations sociales, financée par une augmentation de la TVA.

Mouvements sociaux et bonnets rouges

Cette hausse qui doit intervenir au 1er janvier a provoqué une série de mouvements de protestation, des hôteliers aux clubs hippiques ou horticulteurs.

Mais ce sont surtout les "Bonnets rouges" bretons qui ont occupé le devant de la scène, furieux de la mise en place prévue d'une écotaxe, votée en 2010 et depuis suspendue. A ce versant fiscal s'est ajouté des problématiques d'emploi préoccupant autant patrons que salariés et plaçant les syndicats dans l'embarras.

La CGT et la CFDT ont pris leurs distances avec les Bonnets rouges. Et face à une menace "populiste", leurs dirigeants nouvellement élus, Thierry Lepaon et Laurent Berger, ont décidé d'opérer un rapprochement.

Celui-ci pourrait s'avérer crucial en cas d'explosion sociale, un scénario redouté par 76% des Français selon un sondage Ifop.

Une autre enquête (Ipsos), tout aussi alarmiste, montre que la France est en déclin pour près des trois quarts des Français, tandis que l'emploi et le pouvoir d'achat sont de très loin leurs premières priorités pour 2014 (LH2).

Reste à savoir si la "remise à plat fiscale" annoncée à grand bruit par M. Ayrault, contribuera à l'apaisement.