Concurrence : « il faut s’attaquer aux tabous sinon la technologie l’imposera »

Le président du gendarme de la concurrence, Bruno Lasserre, s’est fait l’avocat de réformes de secteurs réglementés pour déverrouiller l’économie française et s’attaquer aux « rentes ». Des taxis à la pharmacie, en passant par les transports, le président des « Sages » soutient « ceux qui innovent et bousculent l’ordre établi. »
Delphine Cuny
Bruno Lasserre, le président de l'Autorité de la concurrence, plaide en faveur de « ceux qui innovent. »

L'Autorité de la concurrence ne veut pas être qu'un gendarme infligeant des sanctions, parfois très lourdes : 160,5 millions d'euros d'amendes cumulées en 2013 et 55,2 millions d'euros depuis le début de l'année. Son président, Bruno Lasserre, qui dressait le bilan annuel de l'activité de l'autorité ce jeudi, a présenté une liste de propositions de réformes dans un vibrant plaidoyer en faveur de « ceux qui innovent. »

« Nous sommes un gendarme mais nous voulons aussi être un avocat de la concurrence, une autorité de propositions. Oui, la concurrence dérange, elle crée un désordre transitoire. Mais si l'on ne s'attaque pas aux rentes, nous risquons de rater ce défi de la compétitivité » a lancé Bruno Lasserre.

L'Autorité de la concurrence se voit donc en « réservoir d'idées pour stimuler le débat public, explorer des gisements de croissance ou d'innovation et déverrouiller l'économie française. » En particulier sur les secteurs touchant « au pouvoir d'achat, aux dépenses contraintes des ménages français comme le transport. »

VTC et Uber contre les taxis

Le président des « Sages » de la rue de l'Echelle a énuméré une série de « points de blocage » et de secteurs où l'ouverture à la concurrence est souhaitable. Par exemple, dans la santé et la pharmacie : il préconise la vente des médicaments non remboursables en grandes surfaces et parapharmacies, sous le contrôle d'un pharmacien diplômé, et de réinventer la rémunération des pharmaciens, qui ne soit plus seulement fonction du volume et du prix mais soit en partie forfaitisée et prenne en compte les objectifs de prévention de l'assurance maladie. Il a également évoqué la libéralisation du transport par autocar sur les lignes de plus de 200 km ou celle des pièces automobiles de rechange, l'encouragement de l'enseignement en ligne du code de la route. Sans oublier les professions réglementées, en distinguant missions de service public et logique économique.

« Il faut s'attaquer aux tabous. Nous avons assez attendu sur certaines réformes. Il faut donner leurs chances à ceux qui innovent, qui bousculent l'ordre établi, sinon c'est la technologie qui l'imposera » a fait valoir Bruno Lasserre.

Or dans beaucoup de secteurs où « rien n'a été fait, pour protéger la rente », « tout est en train de tomber, sous la force d'Internet. » Il a cité les exemples « des sites de covoiturage qui bouleversent la stratégie tarifaire de la SNCF » mais aussi des « VTC et Uber qui perturbent le modèle économique des taxis. » Il faut donc selon lui « encadrer ces changements » qui menacent de balayer « ceux qui ont préféré la rente au risque de l'innovation. »

Delphine Cuny

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Commentaires 14
à écrit le 15/07/2014 à 13:59
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L'octroi de mer n'est t'il pas lui aussi une situation de rente pour les élus des dom tom? N'est t'il pas temps de s'en débarrasser!

à écrit le 11/07/2014 à 11:37
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Tout à fait d'accord mais entièrement en désaccord pour « encadrer ces changements » qui menacent de balayer « ceux qui ont préféré la rente au risque de l'innovation. » La compétitivité d'un pays passe par sa capacité en se remettre en question id...

à écrit le 11/07/2014 à 10:31
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Le saint homme. Il dit se préoccuper des dépenses contraintes, et affirme y porter remède grâce à la concurrence, pour le bien du pouvoir d'achat des malheureux français. Mais dans l'électricité c'est l'inverse, le dit-il ? Non, bien sûr...

à écrit le 11/07/2014 à 10:02
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la nuit du 4 août c'est bientôt dans le calendrier, alors messieurs les député abolissez les privilèges, en commençant par les vôtres; Malheureusement les manants que nous sommes savent bien que c'est pas demain la veille!

à écrit le 11/07/2014 à 8:42
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bonjour, concernant la pharmacie d'officine, en quoi l'ouverture a la GMS est une innovation, ont ils un maillage territorial suffisant? auront ils des prix moins chers? j'en doute car les prix moyens en france sur le non remboursé sont bien plus bas...

à écrit le 11/07/2014 à 8:07
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la France est en tel declin. Allez voir les pays émergents qui utilisent les nouvelles technologies pour la santé, le transports, le paiement, le sport etc...En France on vit au 19e sciecle parce que rien ne doit changer. Ce pays est mort et ne s'en ...

à écrit le 10/07/2014 à 23:27
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Libérons l'assurance santé au même titre que pour sa voiture, sur 160 000 français travaillant en Suisse, 90% ont opté pour une assurance privé moins chère et des remboursements médicaux supérieures à la Sécurité Sociale Française ! Une chance la Fra...

à écrit le 10/07/2014 à 19:21
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On pourrait aussi supprimer la rente des anciens élus et ministres qui continuent de percevoir une pension à vie.

le 04/08/2014 à 11:20
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Et les salaires et avantages délirants des fonctionnaires des assemblées nationales !

à écrit le 10/07/2014 à 18:51
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La rente des fonctionnaires territoriaux qui sont payés autant qu ils bossent ou non? Exemple : vu la baisse des permis de construire, et ce qu il n aurait pas mieux valu degresser les services concernes dans les mairies. Ce sont eux les premiers ...

à écrit le 10/07/2014 à 18:18
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Les Français dépensent en moyenne 40€ par an en médicaments non remboursés. Si les vendre en grande surface permet une baisse de 20% (et rien ne le prouve), c'est une économie de 8€ ... Ce n'est pas ça qui rendra du pouvoir d'achat aux Français. Par ...

le 11/07/2014 à 8:22
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Que vous n'acceptiez pas ces changements, c'est une chose : je peux comprendre la peur du lendemain, la crainte des dérives, le refus d'adaptation... Mais ne vous faites pas d'illusion : la petite pharmacie de quartier qui vend ses médocs 20% plus ch...

à écrit le 10/07/2014 à 17:29
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et si on s'attaquait aussi et d'abord à la rente de ce monsieur.

à écrit le 10/07/2014 à 14:25
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S'il est une entité en retard technologique et qui continue à augmenter ses ressources sans réduire ses coûts, c'est bien l'Etat !

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