La France, nouvelle locomotive de la zone euro ?

Par Fabien Piliu  |   |  637  mots
La menace de récession s'éloigne en zone euro, pour l'instant
Le PIB tricolore a progressé de 0,3% au troisième trimestre ? De son côté, l'activité n'a augmenté que de 0,1% en Allemagne et a reculé de 0,1% en Italie.

C'est une heureuse nouvelle que l'Insee a annoncé ce vendredi. Au troisième trimestre, le PIB tricolore a progressé de 0,3%, dépassant les estimations de l'Institut mais également de la Banque de France, ce qui permet, au passage, de rappeler l'extrême précaution avec laquelle il faut appréhender les projections des statisticiens. Que ce soit à court terme, on le voit, mais davantage encore à long terme.

L'économie française est-elle sur le chemin de la reprise, puissante et durable ? Malheureusement, tout enthousiasme excessif doit être tempéré. Cette augmentation de l'activité ne s'explique que par une variation des stocks et par une accélération de la dépense publique. La consommation, l'investissement et le commerce extérieur n'étant pas assez puissants pour accélérer la sortie de crise.

Par ailleurs, l'Insee a révisé à la baisse la croissance observée au deuxième trimestre. L'activité ne fut pas stable entre avril et juin, comme l'Institut l'avait annoncé en août, mais a reculé de 0,1%.
Quant au prolongement de l'embellie statistique, il reste très hypothétique, compte tenu du passage dans le rouge de la plupart des indicateurs macroéconomiques. Le niveau de confiance des ménages et des entrepreneurs, toutes tailles d'entreprises confondues, incite à la prudence.

L'Allemagne fera bien mieux que la France cette année

Néanmoins, pour une fois, la performance de la France dépasse la moyenne de celle de ses voisins. Selon les premières estimations réalisées par Eurostat, l'office européenne des statistiques, le PIB de la zone euro n'a augmenté que de 0,2% au troisième trimestre.

L'économie française s'offre même le luxe de faire mieux que l'Allemagne. Mais cette supériorité n'est que statistique. Certes, au troisième trimestre, le PIB allemand n'a augmenté que de 0,1% mais, comme le précisent les économistes de Barclays, la consommation reste solide et le niveau des exportations est largement supérieur à celui des importations. Malgré le repli actuel de l'investissement et les difficultés du secteur de la construction, Barclays relève de 0,2 point sa prévision de croissance annuelle pour l'économie allemande dont le PIB devrait augmenter de 1,5% cette année. A titre de comparaison, le gouvernement de Manuel Valls vise une hausse de 0,4% du PIB cette année.

L'économie italienne continue de souffrir

De leur côté, sur le plan statistique, l'Espagne, la Grèce le Portugal sortent progressivement la tête de l'eau, affichant des augmentations de leur PIB de 0,5%, 0,7% et de 0,2% sur la période, essentiellement stimulées par une reprise de la consommation des ménages.

En revanche, le cas de l'Italie est plus préoccupant. Au troisième trimestre, le PIB de la Péninsule a reculé de 0,1%, marqué surtout par les difficultés de l'industrie et du secteur agricole et agroalimentaire. En 2014, le PIB devrait reculer de 0,3%.

Les initiatives de Bruxelles et de Francfort sont bienvenues

Que retenir de l'ensemble de ces statistiques ? Chris Williamson, économiste à la société Markit reste très mesuré. " Le risque d'une nouvelle récession dans la zone euro semble un peu s'éloigner. Mais tant que le courant des affaires ne repartira pas durablement à la hausse, tant que le niveau de chômage restera élevé, notamment en France, les dépenses d'investissement se maintiendront à un niveau très faible, reculant de ce fait la perspective d'une issue définitivement favorable pour la zone euro ", estime-t-il. Selon l'Insee, l'économie française a recommencé à détruire des emplois au troisième trimestre. Selon ses calculs, 34.100 postes ont disparu dans le secteur marchand.

La politique monétaire très accommodante de la Banque centrale européenne et le plan de relance européen, dont les détails ne seront pas connus avant cet hiver, ne sont pas des gadgets superflus.