A la veille du G20, l'OCDE et la Banque mondiale prévoient une récession forte et une reprise lente

En vue du sommet du G20 jeudi à Londres, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Banque mondiale annoncent que le PIB mondial sera en 2009 en recul de 1,7% à 2,5%. La France ne sera pas épargnée avec une chute de 3,3% de son PIB en 2009. L'OCDE estime également que l'inflation devrait s'approcher de zéro au sein de sa zone, ce que semble confirmer la dernière estimation d'Eurostat qui établit l'inflation de la zone euro en mars à 0,6%, soit son plus bas niveau jamais enregistré,

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui rassemble trente pays parmi les plus développés, a annoncé ce mardi qu'elle prévoyait une contraction de 4,3% de l'économie dans sa zone en 2009 et une stabilisation à -0,1% en 2010. Le monde est en proie à une "hémorragie économique", avertit l'organisation, qui publie ce mardi un rapport en vue du sommet des pays avancés et émergents du G20, jeudi à Londres.

"La croissance du PIB mondial en termes réels [hors inflation, Ndlr] devrait se ralentir de 2,75% cette année avant de regagner 1,25% en 2010", précise l'organisation qui souligne que "l'économie de l'OCDE est au milieu de la récession la plus grave et la plus généralisée depuis plus de 50 ans".

Le PIB (produit intérieur brut) de la France devrait quant à lui chuter de 3,3% en 2009 et diminuer de 0,1% en 2010, tandis que le déficit public exploserait pour atteindre 6,6% du PIB cette année puis 8,3% du PIB l'an prochain, selon l'OCDE.

Mêmes prévisions sombres du côté de la Banque mondiale (BM) qui publie, également ce mardi, ses "Perspectives économiques mondiales". La banque prévoit un PIB mondial en recul - pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale - de 1,7% en 2009, en raison d'une chute de 2,9% de l'activité dans les pays développés. C'est la première fois que la banque chiffre l'intensité de la récession.  La croissance des pays en développement devrait quant à elle s'établir en 2009 à 2,1%, contre 5,8% en 2008. Pis, "si l'on enlève la Chine et l'Inde, la croissance est nulle" pour ces pays, a déclaré à la presse Justin Lin, économiste en chef et premier vice-président de la BM.

Pour 2009, la banque prédit par ailleurs une chute historique du volume du commerce mondial de biens et services, de 6,1% par rapport à 2008. Le président de la BM Robert Zoellick a annoncé que la banque alllait créer un fonds de 50 milliards de dollars (environ 38 milliards d'euros) pour soutenir le commerce international et et espère le soutien du G20 à cette initiative.

Si l'économie des pays en développement devrait croître en 2009, la banque table sur une récession pour la région Europe orientale et Asie centrale, dont le PIB baisserait de 2%, entraîné par la Russie (-4,5%) et la Turquie (-2%), ainsi que pour la région Amérique latine et Antilles, dont le PIB reculerait de 0,6%. Dans cette zone, le PIB du Mexique reculerait de 2%, celui de l'Argentine de 1,8%, tandis que celui du Brésil progresserait de 0,5%. 

"Dans tous les pays en développement, nous constatons les effets de la récession sur les plus pauvres", observe plus globalement Justin Lin. Selon lui, "il s'agit tout simplement d'une crise de développement, qui pourrait réduire à néant des années de progrès". A l'approche du G20 de Londres, l'institution en profite ainsi pour promouvoir l'idée d'un fonds pour les plus vulnérables lancée en février par Robert Zoellick, qui demande aux pays développés de consacrer 0,7% du montant de leurs plans de relance pour soutenir les plus démunis.

Enfin, pour 2010, la Banque mondiale s'attend à une reprise de l'économie mondiale de 2,3%. Mais ce pronostic est "très incertain".  Pour Hans Timmer, de la BM,  "même si la croissance redevient positive en 2010, la production restera faible, les tensions budgétaires iront croissant, et les niveaux de chômage continueront d'augmenter dans la quasi totalité des pays pendant une bonne partie de 2011".

L'OCDE table également sur une reprise timide et progressive en 2010 grâce aux politiques de relance engagées, mais elle juge nécessaire pour la reprise "que les tensions sur les marchés des capitaux s'atténuent vers la fin 2009". "Le danger le plus grave est qu'avec l'affaiblissement de l'économie réelle, la santé des institutions financières se dégrade davantage, les obligeant à réduire leurs prêts" encore davantage.

Concernant la nécessité d'une nouvelle relance budgétaire, prônée par Washington et Londres, mais écartée par Paris et Berlin, l'OCDE se montre prudente au vu des niveaux actuels de dépense publique et d'endettement. L'OCDE se félicite que le protectionnisme ait été globalement évité : "On reste loin d'une nouvelle "Grande Dépression" comme celle des années 30, grâce à la qualité et à l'intensité des mesures que les gouvernements prennent actuellement", affirme l'organisation basée à Paris.

 

Un chômage au-delà des 10% et une inflation proche de zéro
Pour l'OCDE, le chômage augmentera "fortement" dans tous les pays de sa zone, "avec une pointe en 2010 ou au début de 2011". Et dans la majorité des pays, il dépassera les 10% pour la première fois depuis le début des années 90. "Il doublera quasiment par rapport à son niveau de 2007 dans les pays du G7" (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume Uni, France, Italie, Canada), selon l'OCDE.

L'OCDE estime également que les taux d'inflation s'apprêtent à approcher le zéro dans plusieurs pays et que certains expérimenteront même une chute des prix.

Selon l'office de statistiques européen Eurostat ce mardi, l'inflation a ralenti en mars dans la zone euro à 0,6% sur un an, du fait de la crise économique. Il s'agit d'une première estimation. Ce chiffre est inédit depuis la création de la zone euro en 1999. C'est aussi le plus bas niveau jamais enregistré depuis la création de cette statistique en 1996. C'est également un net ralentissement par rapport à février, où les prix à la consommation avaient augmenté de 1,2%, après 1,1% en janvier.

Le taux d'inflation s'éloigne désormais de plus en plus de l'objectif fixé par la Banque centrale européenne (BCE), qui vise sur le moyen terme une inflation légèrement inférieure à 2%.  Ce niveau très bas renforce les arguments des défenseurs d'une nouvelle baisse de taux d'intérêt par la BCE, alors que la banque centrale devrait selon toute attente décider jeudi de baisser son principal taux d'intérêt directeur d'un demi-point de pourcentage à 1%, un niveau inédit depuis sa naissance il y a dix ans et après l'avoir abaissé il y a un mois seulement. Il s'agirait de la sixième baisse depuis octobre, quand le taux était encore à 4,25%.

Commentaires 7
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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la Banque Mondiale et le FMI prévoient aussi le dollar contre l'Euro à 10 ans beaucoup de bureaucrates avec de gros salaires et pas de crise pour dire et prévoir des conneries

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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C'est encore Mme Lagarde qui va être surprise!! elle qui est si confiante!! pff

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Quoiqu'on en dise s'il y a doublement du chômage, la crise de 2009 est bien une répétition de celle de 1929. Certes on essaie de trouver d'autres parades mais le fond du problème est différent. Avec la mondialisation, il y a eu une trop forte sollici...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Non mais ! Christine Lagarde n'a qu'un CAP de couture et se débrouille pas trop mal

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Voilà donc le scénario à la japonaise pour la France et ses voisins: à mêmes causes, mêmes effets. Les excès des crédits accordés et l'éclatement de la bulle immobilière nous mènent vers une déflation et une récession. Les ménages sont endettés et l...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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FL : Je suis persuadé que Mmr Largarde puisse très bien se débrouiller en couture. Pour ce qui est de l'économie, nous avons mieux en France. Dommage qu'ils ne veuillent pas de ce poste. Et puis Laggard... en anglais signie " en retard"... :)

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Cette crise sera longue (trois à quatre ans) et dure. Après les frasques des banquiers, nous allons assister à la récession des salaires. Il ne s'agira pas de travailler plus pour le même salaire, mais de travailler plus pour moins de salaire. La n...

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