Les cinq Sages critiquent vertement le programme d'Angela Merkel

Les Cinq Sages, groupe d'économistes influents qui conseillent le gouvernement allemand, ont tiré à boulets rouges ce vendredi sur le programme de la nouvelle équipe au pouvoir, alors que le pays affiche pour le troisième trimestre une croissance de 0,7%.

Dans leur rapport annuel publié ce vendredi, les Sages fustigent une équipe "pas consciente de l'ampleur des défis" auxquels fait face le pays et son programme "vague et décevant à tous points de vue". Ils reprochent au gouvernement de centre-droit au pouvoir depuis le mois dernier à Berlin de s'être cantonné à "des généralités" qui "ne peuvent en aucun cas convaincre" sur la question de la consolidation des finances publiques.

Le nouveau gouvernement d'Angela Merkel ne livre non seulement "aucune indication concrète" sur ses projets pour réduire les déficits, gonflés par les aides publiques apportées à l'économie ces derniers mois, mais "pire encore" veut même réduire davantage les impôts, déplorent les économistes. Au lieu de baisser les impôts, il faut au contraire "des coupes sévères dans les dépenses publiques", plaident-ils.

Sous la pression de ses nouveaux alliés libéraux, la chancelière conservatrice s'est engagée sur des baisses d'impôts d'un volume total de 24 milliards par an à partir de 2011, à la faveur d'une grande réforme fiscale. Mais ce chiffre a disparu du débat public ces derniers jours, tant le pari du gouvernement, qui mise sur un retour à la croissance pour créer un cercle vertueux qui rétablira l'équilibre budgétaire, est critiqué de toutes parts.

Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, le premier, n'a eu de cesse de mettre en doute la promesse de sa chancelière. Il a en outre promis à Bruxelles de ramener le déficit public allemand dans les clous du Pacte de stabilité d'ici 2013, objectif peu compatible avec des allègements fiscaux massifs.

Les Cinq Sages tablent certes sur une reprise de la croissance l'an prochain, avec un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 1,6% sur l'année, après une contraction de 5% cette année, mais ne pensent pas que le seul retour à la croissance pourra renflouer les caisses publiques. Pour ce faire, il faudrait que la croissance s'établisse à 4% par an en moyenne dans les prochaines années.

Les Sages projettent ainsi un rapport du déficit au PIB de 3% en 2009 et de 5,1% en 2010. Dans leur rapport de l'an passé, ils prévoyaient un rapport du déficit au PIB de 0,2%. Ils projettent aussi un taux de chômage de 8,2% cette année (7,9% dans le précédent rapport) et de 9,4% en 2010.

Ils prennent pour hypothèse, pour ces projections, que la BCE maintiendra son taux de refinancement à 1% en moyenne et que le taux de change euro/dollar sera de 1,50. Les autres hypothèses sont une hausse de 1,7% du revenu horaire en 2010 et d'une stabilisation du cours de baril de brut autour de 75 dollars. Ces prévisions se fondent enfin sur les textes de lois et réformes adoptés à fin octobre.

Le PIB allemand a affiché au troisième trimestre une hausse de 0,7% du PIB, la deuxième consécutive après quatre trimestres de chute. Cela n'empêchera pas une contraction aux alentours de 5% cette année de l'économie qui est toujours "au fond du gouffre", selon les Sages .

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