Christine Lagarde à Berlin pour rassurer sur l'entente franco-allemande

La ministre de l'Economie participe ce mercredi au conseil des ministres allemand. Une initiative sur une taxe bancaire devrait être prise pour faire oublier les tensions de ces dernières semaines.

Deux semaines après ses vives critiques contre le "modèle exportateur allemand", Christine Lagarde participera ce mercredi à Berlin au conseil des ministres du gouvernement fédéral. Une présence prévue lors du conseil des ministres franco-allemand du 4 février dernier qui ne se sera pas que symbolique. Non seulement la ministre française pourra prendre part aux débats, mais Paris et Berlin devraient proposer, dans la foulée, une initiative commune pour l'établissement dans l'Union européenne d'une taxe sur les banques (lire ci-dessous).

Le couple franco-allemand se réconcilie donc sur le thème de la régulation financière. Ce n'est pas un hasard. "Les deux pays ont un intérêt commun à promouvoir un capitalisme plus régulé, plus producteur et moins financier, c'est un terrain sur lequel il doivent jouer un rôle", explique Henrik Uterwedde, directeur adjoint de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg. C'est aussi un moyen de faire oublier les tensions de ces dernières semaines.

Car les appels au renforcement de la demande intérieure de la ministre de l'Economie française ont été mal perçus outre-Rhin. A commencer par plusieurs de ses voisins au Conseil des ministres de ce mercredi. "Le modèle économique résulte de milliers de choix individuels, ce n'est pas négociable au niveau des gouvernements, c'est le fruit d'une histoire et d'une culture et c'est pour cela que les Allemands ont très mal accepté les critiques venues de Paris", explique Henrik Uterwedde. Le soutien de la ministre française à la baisse des impôts, devenue très impopulaire outre-Rhin et abandonnée, momentanément, ce week-end par leurs plus chauds partisans, les Libéraux, n'a fait qu'accroître la crispation. D'autant que jusqu'en milieu de semaine dernière, Paris et Berlin n'étaient pas d'accord sur la nature de l'aide à la Grèce et que les divergences ne manquaient pas non plus autour de la notion assez floue de "gouvernement économique européen".

Des gages

A présent, il s'agit de montrer que le moteur franco-allemand est sorti indemne de ces embûches. Mais devant la démonstration de puissance et de force de la chancelière à l'occasion de la crise grecque et après la sortie malheureuse de Christine Lagarde, le couple franco allemand est-il encore équilibré ? La capitale française ne donne-t-elle pas des gages à Berlin pour faire oublier la sortie de Christine Lagarde ? Après avoir accepté un accord sur la Grèce avec la participation du FMI, la France va reprendre une proposition allemande sur la taxe bancaire... "C'est peut-être le cas, mais, malgré certaines tentations dans l'opinion, le gouvernement allemand sait qu'il n'y a pas d'alternative à l'Europe et que celle-ci ne pourra pas se faire sans compromis", répond Henrik Uterwedde. D'ailleurs, le ministre fédéral des Finances Wolfgang Schäuble a insisté samedi sur le "très bon fonctionnement de l'axe franco-allemand", alors que, dès jeudi, Angela Merkel saluait le travail en commun des deux pays sur le dossier grec. Après avoir sauvé l'essentiel par son attitude, Berlin ne se laissera donc pas aller à l'isolationnisme. Les discussions sur la taxe bancaire, où des différences d'approches existent encore, devront le prouver.

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Commentaires 4
à écrit le 31/03/2010 à 7:32
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@malappris: Je ne pense pas que vous ayez bien compris le fond de mon intervention.

à écrit le 31/03/2010 à 7:04
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@Osalteccino. Monsieur Uterwedde n'est pas "mal au courant de la réalité allemande". Allemand, il vit en Allemagne. Il défend ce choix comme nombre de ses compatriotes aujourd'hui et prétend en faire une part de son "identité nationale". Dans ce cas,...

à écrit le 31/03/2010 à 5:41
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Monsieur Ulterwede est bien mal au courant de la réalité allemande. Son couplet sur les milliers de choix individuels est particulièrement hilarant. Il est vrai que chaque entreprise décide de son destin. Mais il existe des instances patronales en Al...

à écrit le 31/03/2010 à 4:33
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Il faut faire attention. Les banques ne sont pas une vache à lait qu´ on peut taxer à volonté. L´argent des banques qui rentre dans les caisses de l´ Etat ne sert pas comme crédit pour alimenter l´ économie. Il faut donc savoir ce qu´on veut: des ban...

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