Elections cruciales pour l'avenir de la Belgique

Les sondages l'avaient anticipé, les indépendantistes flamands se profilent comme les grands vainqueurs des élections législatives en Belgique de ce dimanche. Le pays reste menacé d'implosion.

La Belgique est-elle au bord de l'implosion ? Comme les sondages l'avaient anticipé, les indépendantistes flamands sont en tête des élections législatives de ce dimanche, selon les premiers résultats officiels. Les bulletins dépouillés dans une poignée de bureaux de vote donnent la N-VA (Nouvelle alliance flamande) largement en tête en Flandre avec entre 23 et 32% des voix, loin devant les démocrates-chrétiens du CD&V et le Parti socialiste flamand SP-A, selon les premiers résultats rendus publics par les chaînes de télévision nationales.

En Wallonie, selon un sondage de sortie des urnes, le Parti socialiste arriverait en tête avec près de 34% des voix, devant les libéraux du Mouvement réformateur avec 21%. Suivraient les centristes du CDH (Centre démocrate humaniste) et le parti écologiste Ecolo au coude à coude avec entre 14 et 15% des voix. A l'issue d'une campagne une nouvelle fois dominée par le dossier communautaire, 7,7 millions d'électeurs belges se sont rendus aux urnes entre 8h00 et 15h00 (06h00 et 13h00 GMT).

Ces élections sont décisives pour l'avenir du pays. Après une campagne une nouvelle fois dominée par le dossier communautaire, la victoire annoncée de la Nouvelle alliance flamande (N-VA) promet de longues négociations en vue de former une coalition gouvernementale, en dépit de la crise économique et de la présidence belge de l'UE qui s'ouvre le 1er juillet.

Si cette victoire se transformait en raz-de-marée, elle inaugurerait sans nul doute une nouvelle étape dans le démembrement du pays alors que le leader de la NV-A, Bart de Wever, très populaire en Flandre, prône le confédéralisme comme étape vers une indépendance pleine et entière. "Nous voulons y aller étape par étape, pas avec une révolution - nous ne souhaitons pas de grand soir de la séparation", a-t-il dit à Reuters en mai. Les instituts de sondage créditent depuis plusieurs semaines la N-VA de 26% des intentions de vote en Flandre, ce qui en ferait vraisemblablement le premier parti du pays, loin devant les partis de gouvernement traditionnels en Flandre.

En rupture avec la pratique qui veut que le poste de Premier ministre revienne à un Flamand - pour refléter le fait qu'ils représentent 60% de la population belge - Bart de Wever se dit prêt à soutenir un Premier ministre francophone. Celui-ci pourrait être Elio di Rupo (photo), le chef du Parti socialiste wallon, qui devrait remporter haut la main les élections dans la moitié sud du pays.

LONGUES NÉGOCIATIONS EN VUE

Le gouvernement actuel a démissionné le 22 avril à la suite de blocages sur le dossier de "BHV", l'arrondissement électoral et judiciaire qui comprend Bruxelles et une partie de sa périphérie, que les Flamands souhaitent scinder pour en rattacher une partie à la Flandre. Cinq partis y participent: les libéraux et les chrétiens-démocrates pour le nord du pays et, côté francophone, les socialistes, les libéraux et les chrétiens-démocrates.

Mais les équilibres trouvés en décembre 2008 par Herman Van Rompuy puis maintenus par Yves Leterme lors de son retour au poste de Premier ministre ne résisteront pas aux urnes. Les analystes prédisent de longues négociations entre Flamands et francophones mais également au sein de chaque camp sur la formation d'une nouvelle coalition, dont la première tâche sera de s'attaquer au dossier communautaire. Pourtant, la Belgique peut difficilement prolonger la période de trois ans d''immobilisme ouverte avec le triomphe d'Yves Leterme aux législatives de juin 2007.

La répétition du scénario qui avait vu le pays vivre sans gouvernement entre juin et décembre 2007 pourrait cette fois avoir de sérieuses conséquences politiques et économiques. A court terme, les économistes estiment que la Belgique dispose de nombreux atouts pour faire face à la situation mais, disent-ils, les investisseurs pourraient commencer à devenir plus nerveux à partir de septembre si aucun gouvernement n'est en place. Sur un plan plus politique, la Belgique prend la tête de l'Union européenne à partir du 1er juillet et si aucun dysfonctionnement pour la bonne marche des institutions communautaires n'est attendu, l'image d'instabilité renvoyée au monde pourrait avoir elle aussi des conséquences négatives.

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