Dés pipés pour les premières élections en Birmanie depuis 20 ans

Les bureaux de vote ont fermé ce dimanche soir en Birmanie au terme des premières élections organisée par la dictature militaire depuis 20 ans. Favorables au pouvoir en place, "ni libres ni pluralistes" selon Bernard Kouchner, les résultats devraient faire ressortir un très faible taux de participation.

"On s'endort", a confié un assesseur dans un bureau de vote de Rangoun avant la clôture du scrutin marquant les premières élections Birmanes en 20 ans organisées par la dictature militaire sous haute sécurité. Mais la presse étrangère, ainsi que les observateurs extérieurs n'ont pas été autorisés à suivre le déroulement du vote.

Dénoncées par l'Occident comme une mascarade en raison de l'absence de véritable opposition et particulièrement sa figure de proue, Aung San Suu Kyi, prix nobel de la Paix, assignée à résidence, ces élections législatives et régionales ont évidemment été présentées par la junte militaire comme une étape historique vers la démocratie. Deux partis soutenus par les militaires se présentaient.

Après les élections de dimanche, "la Birmanie sera encore une dictature militaire", estime David Williams, directeur du Centre pour la démocratie constitutionnelle à l'université de droit de l'Indiana. Le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP), paravent au pouvoir militaire, présente 27 ministres en exercice et a largement dominé la campagne électorale. Il brigue la totalité des 1.158 sièges mis aux voix. Son seul véritable rival est le Parti de l'unité nationale (NUP), autre émanation politique de l'armée, qui se présente dans 980 circonscriptions. Vingt-cinq pour cent des sièges étaient réservés à des généraux en activité.

Ces élections n'ont été ni libres ni pluralistes", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner qui dénonce la mise à l'écart de "la Ligue nationale pour la démocratie (LND) et plusieurs partis représentant des minorités", a ajouté le ministre. Dans un communiqué, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton regrette au nom de l'union européenne que "les autorités n'aient pas pris les mesures nécessaires pour assurer un processus électoral libre, juste et pluraliste". Mais pour certains experts, ce scrutin est toutefois considéré comme une étape-clé vers une évolution du paysage politique en Birmanie d'ici quelques années. 

Les dernières élections pluralistes remontent à 1990. L'opposition démocratique l'avait alors très largement emporté, mais le résultat avait été ignoré par les militaires, au pouvoir depuis 1962. Les atteintes à la liberté et aux droits de l'homme sont légion et plus de 2.000 prisonniers politiques seraient enfermés dans les geôles birmanes.

Si la morosité semblaient accompagner ces élections, la tension est toutefois montée d'un cran dimanche dans l'est de la Birmanie entre l'armée et des centaines de rebelles qui protestaient dans une ville proche de la frontière avec la Thaïlande, selon des militants et de responsables de groupes ethniques.

 

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