Séoul impose à son tour des taxes sur les investissements étrangers

Comme attendu, la Corée du Sud a indiqué jeudi vouloir imposer une taxe sur les achats d'obligations de l'Etat coréen. Séoul veut freiner l'appréciation de sa devise qui nuit à la compétitivité de ses exportations et éviter la formation de bulles financières.
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 Elle l'avait annoncé lundi au lendemain de la tenue du Sommet du G20 à Séoul, la Corée du Sud a annoncé ce jeudi, sous la forme d'un communiqué publié par le ministère des Finances, qu'elle allait imposer une taxe sur les achats d'obligations d'Etat par les investisseurs étrangers. Si le montant n'est pas encore connu, une récente proposition parlementaire faite par le Grand National Party (GNP), le parti qui gouverne, suggérait de réactiver une fiscalité appliquée par le passé et dont le taux s'élevait à 14%.

Le Brésil et la Thaïlande ont déjà opté pour cette solution afin de ralentir l'afflux des capitaux qui viennent s'investir dans les économies émergents dont les actifs sont plus rémunérateurs que dans les économies développées, mais provoquent l'appréciation de leurs devises, rendant moins compétitives leurs exportations sur le circuit commercial international.

Depuis mars 2009, le won, la devise sud-coréenne, s'est appréciée de presque 30% face au dollar, et de 8 % depuis juin, soutenue par l'entrée de 11 milliards de dollars d'investissements internationaux en Bourse de Séoul. Sur le marché obligataire coréen, la part des investissements étrangers s'affichait à 18,6 milliards de dollars à la fin d'octobre.

La semaine dernière, la Banque centrale avait annoncé une hausse de taux pour parer au risque croissant d'inflation d'une économie qui affiche sur un an une croissance de 5,3% au troisième trimestre, selon un rapport de l'OCDE publié jeudi.

"Aujourd'hui, les économies émergentes ne peuvent maintenir simultanément une mobilité des capitaux, un taux de change stable et une politique monétaire autonome. Si ces pays résistent à l'appréciation de leur devise, ils perdent alors le contrôle sur leur politique monétaire ce qui se traduit par des pressions inflationnistes et un risque de bulle sur leurs actifs financiers. Les autres solutions sont également pénalisantes : renoncer à la mobilité des capitaux après plusieurs décennies de développement dans ce sens, ou laisser sa devise s'apprécier et en subir les effets négatifs sur les exportations.", explique Jacques Tebeka, directeur de la multigestion diversifiée chez Edmond de Rotshchild Investment.

Le choix de la Corée du Sud s'inscrit dans le sillage de la décision de la Réserve fédérale américaine d'injecter 600 milliards de dollars supplémentaires dans son économie dont une large part devrait se déverser dans les économies émergentes. 

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