Le cri d'alarme de Mario Monti pour le marché unique

Mario Monti, ancien commissaire européen, critique la rhétorique politique anti-européenne. Il souhaite aussi le retour d'une directive Bolkestein sur les services et une meilleure harmonisation fiscale.
Copyright Union Européenne

Mario Monti s?inquiète pour le marché unique européen. "La dynamique électorale, avec l?émergence de nombreux petits partis qui s?éloignent du centre-gauche ou du centre-droit, risque de le mettre en danger", expliquait-il ce lundi, lors d?une conférence à Londres.

Lui-même ancien commissaire européen en charge du marché unique, et auteur d?un rapport remis à la commission européenne en mai 2010 sur la façon d?approfondir ce projet, il reconnaît que le danger n?est pas immédiat. Mais il s?inquiète de l?émergence d?une rhétorique anti-européenne comme celle de Marine Le Pen, même s?il ne la cite pas directement. Il estime aussi que les leaders politiques européens ont oublié ce sujet essentiel à croissance économique. "Le marché unique est plus nécessaire que jamais, pour l?économie Internet, le marché des services, l?énergie?", affirme-t-il.

Malcolm Harbour, député européen conservateur, également présent à cette conférence organisée par Business for New Europe, lobby pro-entreprises en Europe, va dans le même sens. "Actuellement, de nombreux "e-commerces" refusent de vendre dans d?autres pays européens que celui où ils sont implantées. C?est pour des raisons fiscales, mais aussi administratives, qui rendent trop compliqué la vente à travers l?Europe."

Leon Brittan, ancien commissaire européen à la concurrence, également présent à cette conférence, ne cache pas non plus un certain agacement. "4.600 professions sont encore régulées en Europe : l?encadrement des prix des architectes en Allemagne ou en Grèce, mais aussi la distance entre le logement et l?école des professeurs de danse en Grèce?"

Pour accélérer la mise en place complète du marché unique, Mario Monti estime qu?un front Londres-Berlin-Varsovie pourrait être créé. Les trois capitales plaident toutes pour une plus grande dérégulation et pourraient créer une dynamique commune. "Pour avancer, il faudra accepter de faire des concessions, estime Mario Monti. Cela peut être des concessions mineures, par exemple sur les aides d?Etat aux intérêts économiques stratégiques." La France, qui aime à défendre ses champions industriels, est clairement visée?

Un parachèvement du marché unique suppose cependant d?aborder deux sujets très délicats. Le premier est une harmonisation des services, sur le modèle de la fameuse directive Bolkestein, qui avait provoqué une vaste polémique en France. Celle-ci prévoyait que les Européens pourraient travailler partout en Europe aux conditions prévues dans leur pays d?origine, d?où une crainte d?un déferlement des désormais légendaires "plombiers polonais". "C?était un concept excellent mais politiquement trop ambitieux", estime Malcolm Harbour. Avec Mario Monti et Leon Brittan, il souhaite la réintroduction d?une directive allant dans ce sens.

Le deuxième sujet délicat est l?harmonisation fiscale européenne, dont le Royaume-Uni ou l?Irlande ne veulent pas entendre parler. Mario Monti préconise pour cela une stratégie masquée : "il faut laisser aux Etats l?impression qu?ils conservent la souveraineté fiscale, tout en apportant progressivement une convergence." Il est par exemple favorable à une série d?accords bilatéraux, qui éviteraient les grandes déclarations européennes sur le sujet. Une telle stratégie risquerait cependant de renforcer un peu plus la rhétorique anti-européenne des petits partis dénoncée par Mario Monti?

Commentaires 10
à écrit le 15/11/2011 à 15:23
Signaler
L'Italie doit quitter la Zone Euro. Il n'y a pas de salut pour elle tant que l'axe franco-allemand fera loi dans la Zone Euro. Il faut donc qu'elle essaye de rejoindre la Grand-Bretagne pour essayer de stopper la domination de l'Europe par l'Allemagn...

le 16/11/2011 à 17:18
Signaler
Quitter la Zone Euro ne signifie pas quitter l'UE. La Grande Bretagne s'en sort très bien et elle n'est pas dans la Zone Euro. Pour l'Italie il est impossible d'accepter le diktat allemand puisque elle n'a pas les avantages naturels qu'a l'Allemagne....

à écrit le 25/01/2011 à 18:25
Signaler
et dire que l'Irlande à besoin de 85 Milliards pour ne pas être mise en faillite et que les préteurs (l'Europe et le FSEF) n'ont pas oser lui demander d'effort de convergence sur la fiscalité ! on voit que le dumping social et fiscal ne les a pas pré...

à écrit le 25/01/2011 à 13:33
Signaler
M. Monti, Bravo ! Un discours pro-européen enfin ! Il faut effectivement renforcer le marché unique qui est bénéfique pour tous. Néanmoins, la directive Bolkestein doit effectivement être remis au goût du jour. Ceux qui craignent la concurrence du pl...

à écrit le 25/01/2011 à 12:14
Signaler
Au moment où l'Amérique s'interroge sur le tout libéral heureusement qu'il y a de vieux dinosaures comme Monsieur MONTI pour nous rappeler le dogme libéral de la libre concurrence et de la suprématie du marché! On se rend de plus en plus compte à to...

à écrit le 25/01/2011 à 12:06
Signaler
C'est quoi le but de l'Europe ? En quoi le marché unique contribue t'il aux buts de l'Europe? En quoi la proposition de M. Monti est aligné sur les buts de l'Europe? Quels sont les objectifs de M. Monti? C'est parce que ces questions n'ont pas de ré...

à écrit le 24/01/2011 à 16:14
Signaler
Au niveau des professions régulées, la France n'est pas en retard avec les pharmaciens, notaires et combien d'autres. Le clientélisme est le maitre mot de tous les partis politiques.

le 25/01/2011 à 1:11
Signaler
Quand il n'y aura plus de caisse de caution mutuelle des notaires on verra ce qu'en penseront les vendeurs ou les acheteurs face à des membres de la profession qui seront partis avec les fonds de l'étude.

à écrit le 24/01/2011 à 16:13
Signaler
Mais Monsieur Monti si on parlait d'abord des problemes immédiats Comment va t on faire pour couvrir les dettes souveraines de l'Europe en 2011?

à écrit le 24/01/2011 à 16:00
Signaler
Mias Monsieur Monti si on parlait d'abord du probleme le plus urgent Comment fait on en 2011 pour traiter les dettes souveraines?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.