Jusqu'ici, alors que la plupart des gouvernements européens ont dû resserrer leur ceinture de plusieurs crans, la petite entreprise bruxelloise semblait ne pas connaître la crise. Le commissaire européen en charge du Budget, Janusz Lewandowski, vient d'écrire aux dirigeants de toutes les institutions et agences de l'Union européenne (UE) pour leur demander "de faire tous les efforts nécessaires pour limiter les dépenses" dans le budget 2012.

Dans la lettre obtenue par La Tribune, le Polonais indique que "les Institutions européennes ne peuvent pas ignorer le contexte économique et budgétaire général". Il appelle donc à "agir de manière responsable" afin "d'envoyer un message positif à l'opinion publique européenne". La Commission compte proposer de "limiter l'augmentation nominale [des dépenses de fonctionnement de l'UE] à un pourcentage inférieur à 1%". Cette mesure d'austérité ne concerne que les coûts administratifs qui représentent à peine 5,7% du budget européen total, soit 8,3 milliards d'euros. "C'est avant tout une mesure symbolique, reconnaît Patrizio Fiorilli, porte-parole de Janusz Lewandowski, car nous ne pouvons pas toucher aux fonds de cohésion ou aux aides agricoles".

Mais il s'agit pour Bruxelles "de ne pas donner l'impression d'être dans une tour d'ivoire". Les manifestations et mouvements de grève des fonctionnaires européens l'an dernier, lorsque les Etats membres ont tenté de réduire l'indexation de salaire de 3,7% à laquelle ils avaient droit, n'ont pas été du meilleur effet médiatique. D'autant que les juges de la Cour européenne de justice, saisis alors qu'ils étaient eux-mêmes concernés par cette hausse, ont donné raison aux plaignants.

Le doublement en 2009 des frais de représentation de José Manuel Barroso, qui a dépensé 697.000 euros pour voyager, ont également adressé un mauvais signal en période de crise. Pourtant, le président de la Commission voyage le plus souvent à bord d'avions de ligne alors que Nicolas Sarkozy a, quant à lui, mobilisé deux avions vendredi dernier pour se rendre au sommet de Bruxelles.

Parmi les mesures envisagées pour limiter la hausse du budget 2012, Janusz Lewandowski ne demandera pas de poste supplémentaire pour renforcer le personnel de la Commission et cherchera plutôt à favoriser le redéploiement interne. En tous cas, la révélation de cette lettre interne tombait à point nommé pour le commissaire au Budget qui était mardi en visite à Londres. Le premier ministre conservateur, David Cameron, est un farouche adversaire de toute augmentation du budget de l'Union européenne et une bataille ardue s'annonce dès cette année autour des futures perspectives budgétaires européennes 2014-2020.