L'Europe repousse aux calendes grecques la solution à sa crise de la dette

Portugal, Espagne, Irlande, Grèce: l'UE ne parvient pas à éteindre le feu de la crise de la dette dans ces pays. Alors que les 27 ont entériné vendredi une gouvernance économique renforcée, la crise politique et financière à Lisbonne laisse l'Europe en plein désarroi.
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Face à la crise politique au Portugal, aux incertitudes sur l'état de santé des banques irlandaises et à ses propres difficultés à finaliser les instruments de soutien à l'euro, l'UE s'est donnée vendredi jusqu'à fin juin pour éteindre la crise de la monnaie unique.

Lors d'un sommet consacré de longue date à la réponse "globale" à la crise, les Européens ont certes présenté une vaste réforme de la gouvernance économique et des instruments de soutien à l'euro mais ces annonces risquent de ne pas suffire pour calmer les inquiétudes des marchés à court terme.

"Les avancées enregistrées lors du sommet européen sont, comme attendu, relativement maigres et apparaissent neutres en terme de valorisation des marchés, avec une certaine déception concernant l'Irlande", expliquent des économistes de Goldman Sachs dans une note publiée vendredi.

La perspective d'un plan d'aide au Portugal, où le Premier ministre n'a pas pu faire adopter au Parlement le dernier train de mesures d'économies annoncé le 11 mars et a présenté sa démission quelques heures avant de rejoindre Bruxelle s , a largement parasitée le sommet.

Le Portugal se refuse à demander une aide

Comme attendu, malgré la pression de ses pairs, José Socrates n'a pas formulé de demande d'aide et sa démission repousse désormais la perspective d'un appel à l'aide à dans deux mois au moins, le délai minimum requis pour organiser des élections.

Le Portugal doit affronter d'ici là une conjoncture difficile, avec neuf milliards d'euros environ d'échéances de refinancement de sa dette d'ici le mois de juin, le tout alors que le pays a dit lundi anticiper une nouvelle récession en 2011 et que deux agences de notation ont abaissé sa note souveraine de deux crans.

Suite à ces annonces, le taux de rendement de l'emprunt portugais à 10 ans a bondi à plus de 8% et touché un nouveau record depuis la création de l'euro.

Vendredi, les responsables portugais ont cherché à rassurer les investisseurs en s'engageant à tenir les objectifs de contrôle budgétaire annoncés début mars, un point sur lequel ont également insisté Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Les dirigeants européens ont également rappelé que l'Union européenne était prête et disposait des instruments nécessaires pour aider le pays en cas de besoin.

L'Espagne dans l'oeil du cyclone

Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) dispose largement de la capacité de prêt suffisante pour porter au pays une aide estimée à environ 75 milliards d'euros mais la situation pourrait se tendre si les marchés venaient à tourner à nouveau leur attention vers l'Espagne.

Madrid semble pour le moment à l'abri d'une telle perspective après avoir mis en oeuvre au cours des denriers mois un ambitieux programme de réformes structurelles.
Le président du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a assuré vendredi qu'un accord serait trouvé rapidement sur la révision du cadre national de négociations collectives, dernière pièce du puzzle des réformes structurelles.

La situation irlandaise en revanche est plus préoccupante et l'inquiétude grandit à Bruxelle s sur la bonne santé des banques, actuellement soumises des "stress tests".
Le Premier ministre Enda Kenny a déclaré que les résultats de ces tests de résistance, attendus pour jeudi 31 mars, conditionneraient toute décision sur le plan d'aide, ce qu'a confirmé Herman Van Rompuy. Dublin souhaite par ailleurs renégocier à la baisse les termes de son plan d'aide mais n'a pu encore s'entendre avec ses partenaires européens, qui lui demandent en échange de faire un "geste" pour faire converger son avantageuse fiscalité des entreprises avec le reste de l'UE.

Les situations portugaise et irlandaise sont une ombre importante au tableau de la réponse "globale" à la crise mais la réforme du fonds temporaire de soutien à l'euro, conditionnée au résultat des élections en Finlande, tiendra aussi les marchés en haleine dans les prochaines semaines. Plusieurs partis finlandais s'opposent à un relèvement des garanties apportées au mécanisme pour lui garantir une note maximale AAA et souhaitent renégocier l'accord trouvé en mai dernier une fois le nouveau gouvernement installé après le scrutin du 17 avril.

Il va falloir convaincre le Parlement

S'ils se sont entendus sur une réforme ambitieuse du Pacte de stabilité et de croissance, les Vingt-Sept devront désormais accorder leurs violons avec le Parlement européen, qui co-décide sur ce dossier et dont la position sera arrêtée mi-avril. Ils espèrent valider un accord final lors d'un nouveau sommet européen fin juin.
Enfin, les résultats de la troisième série de "stress tests" bancaires lancés au début du mois afin de rassurer les investisseurs après la crise irlandaise ne seront pas non plus connus avant la fin juin et ouvriront une période de recapitalisation du secteur dans plusieurs pays.

La crise actuelle de l'euro est vue par beaucoup d'analystes et économistes comme avant tout une crise bancaire mais ces derniers estiment également que l'UE ne s'en sortira pas avant d'avoir réglé le problème de la soutenabilité de la dette grecque qui avait, fin 2009, lancé la séquence actuelle.

Commentaires 25
à écrit le 28/03/2011 à 7:31
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Quand on constate que chacun doit regler ses problèmes alors qu'a l'origine il était convenue de faire "pot commun", bravo l'équipe! Il a suffit que les loups hurlent à l'exterieur pour que cela soit chacun pour soi et Dieu pour tous! Comment voulez ...

à écrit le 27/03/2011 à 22:59
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La dette publique : l?urgent et l?important par guillaumesarlat le 25/03/2011 La situation de la dette des Etats européens est très tendue : le Portugal, la Grèce, l?Irlande mais également l?Espagne et l?Italie doivent émettre dans les prochains mois...

à écrit le 27/03/2011 à 7:50
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C'est quand la dissolution de l'Europe et de son Euro ?.

à écrit le 26/03/2011 à 20:43
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Ils doivent le regretter les Grecques de n'avoir pas crée leur "calende "dans le passé .

à écrit le 26/03/2011 à 19:17
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L´Espagne ? Ça ira .

à écrit le 26/03/2011 à 18:49
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Bref, on continue de vouloir soigner la dette par la dette, et à maintenir l'illusion de solvabilité des états les plus faibles de la zone Euro. Pour payer les intérêts de la dette portugaise, on demande à l'Allemagne et à quelques autres d'augmenter...

le 27/03/2011 à 3:56
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Je m'imagine Sarkozy et Merkel derrière les barreaux et dans la même cellule. Rien que d'y penser ........

à écrit le 26/03/2011 à 16:56
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Bof, une fois de plus, j'avais raison ici même ces derniers mois en donnant pays par pays ceux qui allaient faire défaut. Néanmoins, je me suis trompé sur un point en pensant que l'Espagne serait attaquée en premier et qu'elle ferait mécaniquement ch...

à écrit le 26/03/2011 à 15:40
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Ils ont bien raison, rien ne presse. Tout va bien et c'est la fête tous les jours dans l'ile aux enfants...

à écrit le 26/03/2011 à 15:13
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C'est on ne peut plus simple, le FESF reprend toute la dette souveraine de l'Irlande et de la Grèce, se retrouvant seul bailleur le temps que ces pays puissent de nouveau revenir sur le marché, mais la solution pour eux c' est une nationalisation de ...

le 26/03/2011 à 17:03
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C'est beau le pays des bisounours ! Moi aussi, j'aurais dû faire arts plastiques en études supérieures... Bon, alors, sachez que la dette globale des pays européens est 16 fois supérieure au FESF, FESF qui n'est abondé qu'en cas de "faillite" d'un pa...

à écrit le 26/03/2011 à 13:19
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Le passage du Franc à l'Euro est un acte IRREVERSIBLE. La dette restera libellé en Euro, les placements financiers aussi. Selon le cas de figure, l'un ou l'autre perdra tout et in fine tout le monde perdra pour venir au secours des épargnants qui aur...

le 26/03/2011 à 17:01
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"irréversible"...comme feue l'Union Latine ? Comme le reichmark ? Comme le franc Poincarré ? Comme l'étalon or ? Comme le système de Bretton Woods ? Et si c'est tellement irréversible, pourquoi en avoir peur ?

le 27/03/2011 à 7:06
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Excellent Britannicus. Il est bon de rappeler quelques évidences aux dogmatismes creux. Je connais deux bateaux, l'Insubmersible et le Titanic, qui ne devaient jamais couler...

à écrit le 26/03/2011 à 9:16
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Le choix est simple : amplifier la régression sociale comme le montre bien le « Pacte pour l'Euro » (le bien nommé) ou sortir de la monnaie unique (avec de la rigueur également, mais avec la lumière au bout car on retrouverait notre compétitivité).

le 26/03/2011 à 10:26
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Il y aura regression sociale avec ou SANS euro ! C'est pourquoi la question sortir ou reste n'a pas de sens ! De plus la question de la dette n'est pas réglee par la sortie ou le maintient dans l'euro ! Il faudra rembourser des euros pendant 50 an...

le 26/03/2011 à 10:40
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C'est ce que j'ai dit : il y aura régression sociale avec ou sans euro. Mais la grosse différence est qu'en restant dans l'euro monnaie unique, il n'y a aucun espoir d'amélioration après quelques années car la machine économique ne peut pas repartir ...

le 26/03/2011 à 13:20
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apres avoir sauvé les banques qui aujourdhui font des bénéfices extraordinaires pourquoi ne pas simplement taxer les banques de façon unilatéral mais cela ne semble pas convenir à nos dirigeants donc si je comprend bien ( choix et eco) nous...

le 26/03/2011 à 14:07
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les banques n'ont pas été sauvé ni aidé gratuitement, l'état a prêté à certaines banques et a été remboursé avec les intérêts ce qui lui a rapporté plusieurs milliards, donc aucun cadeau n'a été fait aux banques; c'est une légende de plus inventée pa...

le 26/03/2011 à 17:04
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En fait, la question ne se pose même plus, l'euro est mort.

à écrit le 26/03/2011 à 9:05
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Bien vu, le titre.

à écrit le 26/03/2011 à 8:39
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La crise ne se résoudra que d'une seule façon: casser de la dépense, et notamment au niveau des prestations sociales désormais insoutenables, car la croissance sera atone en Europe encore pendant des années.. tous ces fonds de soutien ne font que fai...

à écrit le 26/03/2011 à 7:07
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Ils lui ont dit civile, oh petite guerre civile, ils lui ont dit civile nous n'attendons que toi....

à écrit le 26/03/2011 à 0:54
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On voit mal comment l'Europe pourrait s'en sortir en cumulant une crise politique globale avec une crise de l'euro sur un fond de fondamentaux plus que mauvais !

le 26/03/2011 à 11:37
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C est a croire que l?Europe est victime d?un mauvais ?il, le sommet du 11 mars a vu les 17 accepté l?idée de pacte pour l?Euro( il y aun an mme Merkel laissait entendrequ?il était envisageable de laisser un pays sortir de la Zone Euro pour régler ses...

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