Les forces de Kadhafi se retirent de Misrata

L'Otan a bombardé samedi les environs du quartier général de Mouammar Kadhafi à Tripoli. Misrata assiégée depuis près de deux mois par les troupes de Mouammar Kadhafi, a été libérée.
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C'est peut-être un tournant dans la guerre menée en Libye par la coalition internationale, menée par la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, afin de soutenir les insurgés contre le régime de Muammar Khadafi et de ses forces militaires. L'Otan a bombardé samedi les environs du quartier général de Mouammar Kadhafi à Tripoli et ses frappes à Misrata ont poussé l'armée régulière hors de la ville assiégée, selon un porte-parole des rebelles libyens.

Des soldats loyalistes capturés par les insurgés ont indiqué samedi matin qu'ils avaient reçu l'ordre de se retirer de la troisième ville de Libye. "Misrata est libre, les rebelles ont gagné. Certains soldats des forces de Kadhafi ont été tués et les autres sont en fuite", a dit Gemal Salem joint au téléphone par Reuters dans la ville. Il a ajouté que les forces fidèles au Guide libyen restaient aux abords de Misrata d'où elles pourraient reprendre leurs bombardements. 

Salem a indiqué que l'objectif des insurgés de Misrata était désormais de se porter au secours des autres foyers de rébellion en Tripolitaine. Les rebelles, a-t-il précisé, passent actuellement au peigne fin Misrata et débarrassent les rues de leurs débris. Avant de partir, les forces du n°1 libyen, dit-il, ont dissimulé des charges explosives dans des corps, des véhicules et des habitations.

Le gouvernement libyen avait annoncé vendredi soir qu'il réfléchissait à quitter Misrata, un tournant majeur dans cette bataille pour libérer cette ville dévastée par les bombardements de l'armée de Khadafi et les fusillades entre rebelles et forces loyalistes. Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères a affirmé que l'armée s'entretenait avec des tribus de la région qui pourraient tenter de dialoguer avec les rebelles. Si les négociations échouaient, les tribus prendraient les armes contre les insurgés, a dit Khaled Kaïm.

Selon lui, les tribus auraient dit à l'armée : "Si vous n'y arrivez pas, nous le ferons." "Il y a maintenant un ultimatum posé à l'armée libyenne. Si elle ne peut résoudre le problème à Misrata alors les gens de la région (...) y pénétreront", a dit le vice-ministre à la presse. "Vous verrez qu'ils seront efficaces, rapides, expéditifs et l'armée libyenne sortira de cette situation à Misrata car le peuple libyen autour de Misrata ne peut plus continuer comme ça", a-t-il déclaré. "La tactique de l'armée est de trouver une solution chirurgicale mais avec les frappes aériennes, cela ne marche pas", a ajouté le diplomate.

Misrata, la dernière grande ville tenue par l'insurrection à l'Ouest, est assiégée depuis près de deux mois et la situation humanitaire y est catastrophique. Des milliers de travailleurs immigrés sont coincés dans ce port et les snipers du gouvernement disputent aux rebelles la principale rue de la ville. Ces derniers jours, les rebelles ont semblé enregistrer quelques succès à Misrata. Ils ont pris le contrôle d'un immeuble de bureaux qui servait de base aux tireurs d'élite de Kadhafi.

BUNKER

À Tripoli, capitale fermement tenue par Kadhafi, les avions de la coalition internationale ont touché une cible proche du centre de commandement de Kadhafi, situé dans le quartier de Bab al Azizia. Le gouvernement libyen affirme que les frappes ont fait trois morts et que l'Otan a touché un parking. Des journalistes de Reuters sur place ont déclaré que l'endroit ressemblait davantage à un bunker. Des voitures y sont certes garées mais l'endroit est entouré de murs et de tours de guet occupées par des soldats.

Les deux bombes de l'Otan ont traversé le sol puis une couche de béton renforcé, atteignant ce qui semblait être un abri souterrain. De la fumée émanait encore de l'un des cratères, avec des caisses de munitions à proximité. Le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim, a affirmé que l'endroit n'était plus utilisé et que les caisses de munitions étaient vides.

En visite vendredi à Benghazi, le sénateur américain John McCain, adversaire républicain de Barack Obama à l'élection présidentielle de 2008, a appelé Washington a se lancer plus franchement dans la bataille et à se servir d'avions de basse altitude, conçus pour attaquer des troupes au sol. L'amiral Mike Mullen, chef d'état-major de l'armée américaine, a reconnu de son côté que le conflit se dirigeait vers une impasse.

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