Le Congrès américain remet en cause l'aide financière au Pakistan

La situation géographique de la cachette de Ben Laden pose l'embarrassante question de l'inefficacité de l'armée et du renseignement pakistanais, voire de leur éventuel manque de volonté à appréhender le chef d'Al Qaïda.
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Le Pakistan joue-t-il un double jeu ? La question se pose quand on sait que Ben Laden vivait depuis plusieurs années dans un complexe résidentiel, non loin de la capitale pakistanaise. Situation diplomatique embarrassante donc.

Au lendemain de la mort d'Oussama ben Laden, tué dans la nuit de dimanche à lundi au Pakistan lors d'une opération militaire menée par les Etats-Unis, le président Asif Ali Zardari a rompu lundi un silence gêné en rédigeant une tribune pour le Washington Post dans laquelle il reconnaît que ses services ont été volontairement oubliés dans la préparation de l'opération.

Mais à la question de savoir comment le chef d'Al Qaïda a pu vivre tranquillement à proximité de la capitale, le président est peu prolixe. "Bien que l'opération de dimanche n'ait pas été une action conjointe, une décennie de coopération et de partenariat entre les Etats-Unis et le Pakistan a conduit à l'élimination d'Oussama ben Laden comme menace persistante contre le monde civilisé".

Le Congrès américain s'interroge

Certains membres du Congrès estiment qu'il est temps de revoir l'aide financière et militaire fournie au Pakistan. Celle-ci, de 20 20 milliards de dollars depuis les attentats du 11 septembre 2001, consiste à aider l'armée pakistanaise dans sa lutte contre les activistes réfugiés au Pakistan, dont ils se servent comme base arrière à leurs actions en Afghanistan.

Cet effort en faveur d'une sécurité qui est apparue défaillante est d'autant plus difficile à admettre pour les élus américains que l'heure est aux réductions des déficits budgétaires. "Notre gouvernement est dans une situation financière difficile. Apporter des contributions à un pays qui ne nous soutient pas totalement pose un problème à beaucoup", a estimé Dianne Feinstein, présidente de la commission du renseignement du Sénat.

La Maison blanche a admis que le mécontentement des parlementaires était fondé alors qu'exstaient déjà des doutes sur la volonté de coopération d'Islamabad dans la lutte contre Al Qaïda. "Il est certain que l'endroit où il (Ben Laden) se trouvait près de la capitale pose des questions. Nous discutons de ce sujet avec les Pakistanais", a dit John Brennan.

Pour le conseiller présidentiel, il est "inconcevable que Ben Laden n'ait pas disposé d'un système de soutien dans le pays où il a pu vivre pendant une période de temps prolongée".

Paris dénonce le "manque de clarté" du Pakistan

"La position du Pakistan manque à nos yeux de clarté, j'espère que nous pourrons obtenir plus de clarté", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé devant la presse. Et d'ajouter : "j'ai un peu de mal à imaginer quand même que la présence d'une personne comme Ben Laden dans un compound ("complexe") important dans une ville relativement petite, même si elle est à 50 km du coeur d'Islamabad, ait pu passer complètement inaperçue. C'est un sujet d'interrogation".

Un dîner de travail est prévu ce soir avec Alain Juppé et le Premier ministre pakistanais, Yousuf Raza Gilani. Ce dernier doit s'entretenir mercredi avec son homologue français François Fillon et le président Nicolas Sarkozy.

"Souvent nous avons tendance à parler du Pakistan en général ou des autorités pakistanaises en général, peut-être leur cohésion n'est-elle pas aussi grande que nous pouvons le penser vu de Paris", a souligné Alain Juppé.

Relations ambigues avec les militants islamistes

Le Pakistan possède une longue histoire de relations ambigues avec les militants islamistes qu'il a abrités pour des raisons stratégiques dans le contentieux persistant qui l'oppose à son voisin indien. Cette crainte envers l'Inde explique le soutien qui fut apporté aux talibans afghans ainsi qu'aux séparatistes du Cachemire.

Malgré cet accroc dans la collaboration entre l'Occident et le Pakistan, Américains et Britanniques disent vouloir continuer à oeuvrer avec leurs partenaires pakistanais pour combattre l'insurrection. "La bonne décision est discuter avec le Pakistan et de s'attaquer aux extrémistes plutôt que de lever les yeux au ciel et de tourner les talons, ce qui serait catastrophique", a dit le Premier ministre britannique, David Cameron, à la BBC.

Les Occidentaux ont affiché leur satisfaction à l'annonce de la mort de Ben Laden, mais ils l'ont immédiatement tempérée par un appel à la prudence et à la vigilance. Le directeur de la CIA, Leon Panetta, a affirmé qu'Al Qaïda allait "très certainement" tenter de venger la disparition de son dirigeant et les Etats-Unis ont adressé une alerte de sécurité au niveau mondial.

Les talibans pakistanais alliés à Al-Qaïda, qui multiplient les attentats dans le pays depuis plus de trois ans, ont juré de venger Ben Laden (voire phote), et la sécurité a été considérablement renforcée dès lundi notamment à Islamabad.

Commentaires 4
à écrit le 08/05/2011 à 0:51
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Ne pas confondre un pays pauvre et un pays riche qui maintient son peuple dans la pauvreté par corruption ou/et par incompétence majeure !

à écrit le 08/05/2011 à 0:49
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Oui qu'ils coupent leurs "aides" à ce pays gouverné par des barbouzes qui contrôlent de moins en moins leur situation intérieure, chaque jour des attentats, les talibans pas loin de la capitale, les auteurs des attentats de Mumbai pas inquiétés, leu...

à écrit le 04/05/2011 à 13:05
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Ben voilà le but de tout ce bazar: avoir une excuse pour ne plus aider les pays pauvres.

le 04/05/2011 à 16:28
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S'il suffisait d'être pauvre pour être un brave type, tout serait simple.

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