Un business qui attire des entrepreneurs pas très "nets"

Des cow-boys des métaux, peu sensibles aux règles de la profession, tentent de prendre une part d'un gâteau qui ne cesse de grossir.
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Il y a moins de deux ans de cela, l'échoppe proposait retouches et ourlets. Désormais, la minuscule boutique située dans le deuxième arrondissement de Paris a trouvé un marché plus rentable : acheter et revendre or, pièces, bijoux et métaux précieux. Elle n'est pas la seule à profiter du boom. À leur grande surprise, et après des années de survie difficile, les « anciens » numismates ont vu de nouveaux intermédiaires racheter des boutiques. Concurrents qu'ils considèrent, forcément, comme des cow-boys des métaux. « C'est à la limite de l'arnaque, ce qu'ils font ! » assure un vétéran des pièces et lingots. « Nous, on avait tous les mêmes règles : des commissions de 1,5 % par rapport aux prix de l'or physique, et des primes limitées sur les pièces », affirme un autre négociant. Devant l'envol de la demande, certains n'hésitent pas à imposer des frais d'intermédiation de 3 % à 4 %. Sur les pièces, les primes s'envolent. Le fractionnement des lingots, sous forme de lingotins allant de 1 gramme à 100 grammes, incite là encore à saler la facture : les frais d'intermédiation sur ces mini-produits sont parfois supérieurs à 5 %.

attirés par l'argent

Aux Douanes, on s'interroge sur la floraison de ces nouvelles boutiques un peu partout en France. Elles pourraient en effet faciliter des opérations de fraude à la TVA sur les métaux précieux. « Ce ne sont pas eux qui escroquent le fisc, mais ils pourraient servir d'intermédiaires pour des sociétés qui jouent la TVA en achetant hors taxe à l'étranger et en vendant taxe comprise en France », estime un expert de la fraude. La France est particulièrement vigilante sur ce type de pratiques, après avoir perdu près de 2 milliards d'euros sur le marché du CO2, en 2009. Comme le notait Europol en avril dernier, les échanges intracommunautaires de métaux précieux ont augmenté de 20 % en deux ans. Si l'or n'est pas soumis au régime de la TVA, et n'est donc pas susceptible de fraude de cette nature, les autres métaux seraient désormais la cible des commerçants indélicats. « Tout le monde fait du platine maintenant », déclare un ancien fraudeur à la TVA sur le marché du CO2. L'argent, dont le cours qui a bondi de 127 % en un an à 41 dollars, pourrait aussi attirer les aigrefins. Même si faire « tourner » de l'argent est moins rentable. À 1.786 dollars l'once, le platine, deuxième métal le plus cher du monde juste derrière le rhodium, est beaucoup plus « intéressant ».

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